Johnny Dos Pasos travaille seul dans son studio et, comme un couturier, doit rendre sa copie tous les six mois. Il se laisse inspirer par les nouveaux matériaux, les formes et les volumes en vogue, les innovations technologiques d’avenir.
Comment devient-on designer ?
Moi, je suis un peu le Guy Degrenne du meuble (rires) ! D’abord, parce que je suis autodidacte. En fait, j’ai commencé à gribouiller avant même de savoir écrire ! Et j’ai multiplié les expériences : j’ai fait une formation en électromécanique, j’ai travaillé dans un magasin d’HiFi, j’ai fait de la vidéo institutionnelle, j’ai été DJ… Mais, pendant tout ce temps, j’ai dessiné. Vers 17 ans, j’ai eu une première commande pour aménager une discothèque. C’est là que j’ai dessiné mon premier canapé, ma première table… Et en voyant mes dessins devenir réalité, je me suis dit : c’est ça que je veux faire ! Autre pas décisif : j’ai voulu changer de mobilier de chambre. Et je n’ai rien aimé de ce que j’ai vu… Du coup, j’ai dessiné en perspective l’espace que j’avais imaginé et suis retourné en magasin ; l’intérêt particulier des vendeurs qui n’avaient jamais vu ce genre de collection, m’a encouragé à continuer. C’est vrai qu’il n’y avait pas franchement de designers au Portugal à l’époque… J’ai alors appris à modeler mes premier modèle en 3D et pendant un an et demi, j’ai frappé aux portes des usines pour les proposer. Sans succès. Jusqu’à ce que l’un des industriels soit sensible à mon argument : « Vos meubles se ressemblent tous, vous copiez les espagnols qui copient eux-mêmes les italiens. Je vous propose une chose très simple : on va faire une collection ensemble, vous ne me payez pas en tant que designer, et si vous faites de meilleurs chiffres que l’année précédente, on rediscute ! » Résultat, ça a été la plus grosse vente de la foire et le directeur de l’usine s’est rendu à l’évidence : il avait réussi à dépasser ses prévisions parce qu’il avait présenté une collection que personne n’avait ! Ça a été le déclic !
Comment s’est initiée ta collaboration avec XXL Maison ?
Encore une histoire de rencontres ! C’était à l’occasion d’un salon du meuble au Portugal où j’avais réalisé un stand avec un jardin, une machine à neige (sourire)… Nacer Bekki et Thierry Teboul, les fondateurs de XXL Maison, sont venus le visiter. Alors qu’ils s’apprêtaient à repartir, je leur dis : « Ça ne vous a pas plu ? Pas grave, dites-moi ce que vous cherchez et dans un mois, je vous livre des prototypes ! » On est resté trois heures à discuter et à gribouiller, j’ai travaillé d’arrache-pied, et j’ai dessiné 5 collections. Quand Nacer est revenu, il m’a dit : « C’est ça que je cherche ! » Et c’est comme ça que tout a commencé ! Il y a une vraie relation de confiance entre nous. Nacer est un visionnaire, avec une grande connaissance du marché français. Et en plus, il a réussi à m’assagir (rires). XXL Maison est connu pour des collections un peu hors normes. C’est justifié. Pour moi, il n’y a rien de pire que l’indifférence. J’aime surprendre ! Du coup, on reconnait aisément mon empreinte derrière les créations éditées par XXL Maison. Les collections YZAA, VIAA ou encore MEDIAA ont bousculé les codes en jouant avec l’équilibre et le mouvement.
Quel est ton processus créatif ?
Le défi pour nous, les créatifs, c’est comment exprimer la vision que nous avons ″à l’intérieur″. Moi, d’abord, je gribouille, puis je mets ça sur mon mur des lamentations [un grand tableau dans son atelier où sont accrochés tous ses dessins, NDLR]. Ainsi, en repassant devant ce présentoir d’hypothèses, je suis le juge qui s’adjuge lui-même. Depuis mon plus jeune âge j’ai appris à taire et à soulager mon égo avec une bonne dose de lucidité et d’introspection. Et si ça ne me plait pas, j’arrache, je froisse et je jette sans regret. D’ailleurs, une des plus belles de mes collections est née comme ça : j’ai jeté ma boule de papier dans la corbeille, l’ai reprise, l’ai dépliée dans l’autre sens, et là, dans ma tête, ça a fait tilt ! Ce geste a pris trois secondes, mais le développement, lui, a pris trois ans (sourire). Il fallait des machines de traitement de données très puissantes, capables de supporter des fichiers très lourds pour manipuler les 700 000 polygones de notre fameux buffet PLIAA. En fait, je suis tout le temps en train de jouer avec des textures, des matières pour conjuguer la grammaire XXL Maison, associer du bois et du métal, jouer des contrastes entre le mat et le brillant, exploiter des associations entre le lisse et le granuleux, des jeux d’ombres et de lumières… Ensuite je redessine au propre, je passe en simulation 3D, et j’imprime sur une imprimante 3D, pour le présenter à Nacer en réunion de projets. On échange, on adapte à la philosophie de XXL Maison : on veut du design abordable ! Et c’est ça aussi qui me plaît, apporter du sens à mes créations
Comment tu nourris ton inspiration ?
J’ai une règle : ne jamais m’endormir sans avoir acquis une nouvelle connaissance. J’ai un diagnostic de TDAH tardif qui me booste depuis des années. Du coup, je dors mal, je suis souvent obligé de redescendre lire un bouquin (rires). Mon cerveau est toujours en action… Je sais que je dois faire un effort, mais je n’y arrive pas ! Même avec la méditation où il ne faudrait penser à rien. Mais pour moi, ce n’est pas possible (rires). L’homme a toujours été créatif : dès qu’il a pris deux cailloux, les a choqués l’un contre l’autre, il a vu des étincelles et il a créé le feu ! Mes amis me disent souvent : « Tu es tout le temps en train de critiquer, débranche ton complicomêtre ! ». C’est vrai, c’est ma malédiction (rires) ! J’ai tendance par exemple à remettre un tableau à niveau quand il ne l’est pas, ou de changer la position d’un objet 20 fois dans une pièce jusqu’à qu’il soit a la bonne place. Une sorte de de Feng shui impulsif H24 dans ma tête ! Sauf quelquefois. Par exemple, l’année dernière, j’ai visité la Sagrada Familia pour la première fois, en séminaire d’équipe avec les directeurs de magasins, pour les 15 ans de XXL Maison. Gaudi, c’est l’artiste le plus génial et fervent que je connaisse. Quand je suis rentré dans ce temple majestueux, j’ai été pris par un mélange d’émotions et d’éblouissement. La beauté de l’endroit m’a fasciné. Là, pour la première fois, fois j’ai été obligé d’arrêter mon sens critique. A cet endroit, la perfection est présente dans chaque détail, dans chaque angle. Ici je ne changerai rien car l’excellence est le centre d’un tout ! (sourire).
En conclusion, Johnny Dos Passos nous rappelle une citation dont il est l’auteur et qui résume très bien son travail : « Les objets ont 4 dimensions : La largeur, la hauteur, la profondeur et l’imagination »
Table à manger YZAA. Existe en plusieurs finitions et coloris.
Modèle présenté : Table de repas en MDF laqué mat et plateau céramique, piétement en fer coloré L.200 x H.76 x P.100 cm. Existe en 3 formats : L.180, L.160, L.140. Allonge 60 cm / 80 cm.
Autour de la table YZAA, une collection a été créée. Meuble haut 4 portes, L.105 x H.140 X P.50 cm en fer coloré, MDF laqué mat et céramique. Vitrine 2 portes, étagère en verre avec éclairage LED, L.105 x H.190 X P.50 cm. La façade existe en laqué mat, laqué brillant ou placage bois teinté.
Table basse : L.130 x H.33 x P.75 cm en fer coloré et verre fumé. Le piètement en fer coloré, existe en inox et inox brossé, le plateau en verre fumé, verre transparent, MDF placage bois teinté, laqué mat ou brillant, ou céramique. Prix selon options retenues.
Buffet PLIAA. Buffet avec 4 portes en MDF laqué mat, option finition perlée aspect froissé et céramique. L.210 x H.85 x P.50 cm. Option : tiroir intérieur, range-couverts. Existe aussi en buffet 3 portes L.180
Autour du buffet PLIAA, la collection complète comprend une table de repas, une table basse, un meuble haut.
