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L’hôtel des Académies et des Arts

INSPIRATION HÔTELIÈRE : Dormir dans l’atelier de Modigliani

Les lieux d'hébergements sont des mines d'inspiration de par les histoires qu'ils racontent et les talents qu'ils mobilisent pour les déployer. Et comme les chambres font rarement plus de 70 m², nous nous sommes dit que nous allions les décrypter pour vous : concepts, idées, innovations et atmosphères, ce soir, on dort à l'hôtel !

 

Voilà une adresse mythique, entre Saint-Germain-des-Prés et Montparnasse, où l’inventaire des grands noms se mêle à la petite histoire de la capitale, quand elle était alors aussi celle des arts.

Gauguin, Léger, Rodin, Zadkine, Foujita, Buffet, Munch, Claudel, Picasso… : tous arpentaient la rue de la Grande-Chaumière et ses deux fameuses institutions

– l’Académie Colarossi et l’Académie de la Grande-Chaumière –, ainsi que le célèbre restaurant-crémerie Chez Charlotte, qui se faisait alors plus souvent payer en toiles et en esquisses qu’en vieux francs…

Plus d’un siècle plus tard, l’insouciance et l’ébullition culturelle comme sociale de ces Années folles se sont quelque peu évaporées et la rue abrite la dernière Académie d’art et de peinture de Paris, ainsi que l’hôtel des Académies et des Arts, qui lui fait face.

Dans un immeuble du XIXe siècle, l’établissement, en harmonie avec l’âme créative et libertaire du quartier, veut fait revivre les maisons-ateliers dans lesquelles les artistes travaillaient ensemble, partageaient leurs savoirs, se recevaient entre amis.

De grandes fresques réalisées au pastel par Franck Lebraly ornent le plafond du hall d’entrée, au-dessus du desk de réception.

Les voyageurs sont invités à emprunter un livre dans la bibliothèque, tout comme à consigner leurs consommations…

Ils peuvent également profiter des pinceaux et des chevalets qui traînent ici et là pour laisser libre cours à leur inspiration, parfois accompagnés par des artistes ou des étudiants en beaux-arts de passage.

Membre du groupe Chapitre Six, l’hôtel, fidèle à son histoire, est aussi protecteur des arts : les voyageurs peuvent se porter acquéreurs d’œuvres de jeunes peintres, céramistes, dessinateurs ou sculpteurs, régulièrement exposées.

Des cours d’initiation et de perfectionnement aux arts appliqués sont aussi organisés conjointement avec l’Académie des arts.

Dans les étages, les plafonds de certaines chambres sont dessinés, « comme des fenêtres à ouvrir pour l’imagination ». Parmi elles aussi, l’ancien atelier de Modigliani, qui habitait la rue…

Les 20 chambres sont conçues comme autant d’ateliers personnels, dont les fenêtres s’ouvrent sur les toits de Paris pour trouver l’inspiration…

Chaque chambre possède sa propre identité, dépouillée, sans agencement ni décoration superflue.

C’est le duo formé par Stéphanie Lizée et Raphaël Hugot qui a composé cette ambiance exaltante d’un voyage dans le temps et dessiné l’ensemble du mobilier sur mesure : miroirs, tables, plafonniers, appliques, tables de chevet et lampes.

De longues tablettes hautes en bois courent aussi le long des murs sur lesquelles œuvres d’art et objets sont judicieusement exposés.

Quelques chambres sont ponctuées par des lits en alcôve, d’autres sont habillées de tentures murales en soie.

Murs à l’enduit taloché, salles de bains en terre cuite émaillée, mobilier en bois et inox, têtes de lit en chêne : la part belle est ici donnée à la brutalité des matières non transformées et à la main de l’artisan. Un siècle plus tard, rien n’a finalement vraiment changé…

Photographies : Benoit Linero
Texte : Jordi Patillon