Un diamant libéré de sa gangue
77 m²
Marseille, France
110 000 €
Minimalisme radical
4 pièces
Olivia Fauvelle Architecture
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Le Camas, quartier de Marseille populaire, dense, très urbain, offre toutefois une vie de village portée par ses nombreux petits commerces, bars et restaurants. C'est ici, au sein d'un îlot monumental, lui-même enserré dans le tissu urbain traditionnel du
"3 fenêtres marseillais"*, qu'Olivia Fauvelle, architecte, et sa petite famille ont trouvé leur bonheur.
Leur appartement est situé au 3e étage d'un immeuble en R+8 d'apparence assez banale, datant du début des années 1960.
"Une typologie considérée à tort comme peu qualitative pour qui s'arrête à l'esthétique prosaïque des façades, estime Olivia.
Pourtant, malgré leur aspect assez simpliste et imposant, ces bâtiments abritent des appartements dotés d'une extrême modularité de par leur système structurel poteaux-poutres. Celui-ci permettant, après démolition des cloisons, d'obtenir de grands plateaux libres révélant des qualités spatiales initialement inapparentes : lumière traversante, perspectives et vues transversales, volumes généreux et poteaux béton, sortes de ready-mades."
Ce sont précisément ces qualités que le projet souhaite remettre à l'honneur. Le plan d'origine, surcloisonné, est libéré en ne conservant que les éléments porteurs. L'espace restructuré met en valeur les éléments constructifs : deux poteaux porteurs, et un mur nord-sud s'étendant le long de la limite parcellaire biaise, qui anime l’intérieur et fait sa singularité. Olivia pense alors les espaces pour accueillir une famille de 4 personnes, guidée par une forte volonté de vivre-ensemble. Ainsi, les chambres, réduites à une surface minimum, s'effacent au profit des espaces partagés : l'espace central à la fonction mouvante, indéfinie, et la vaste salle de bain éclairée naturellement.
Deux éléments, en complément des deux poteaux béton, génèrent l'espace central et permettent une lisibilité claire du parti pris :
- un rideau continu, dispositif emprunté à la scénographie et au théâtre, opère en toile de fond, témoin de la vie de famille. Il permet de souligner la fonction traversante de cet espace et de l'organiser différemment en fonction des besoins et des moments de la journée.
- une table centrale, coulée en place, réalisée en béton fibré, répond à la brutalité des formes géométriques du cœur d'îlot. Sa configuration articule plusieurs usages rendus possibles et évidents grâce à la présence du poteau : tour à tour ou simultanément table à manger, bureau, plan de travail, vide-poches, elle fédère la vie de famille.
Si la portion sud de l'espace commun est de fait volontairement assez
"rigide", sa partie nord, aujourd'hui salon de musique, offre une liberté d'usage, d'adaptation et d'interprétation.
"Ceci a été pensé dans l'espoir que l'appartement ait une capacité d'évolution qui dépassera notre temps d'occupation de ce logement", conclut Olivia.
* Un immeuble caractéristique du centre-ville dont la construction était très commune du XVIIe au début du XXe siècle, présentant des appartements traversants ouverts par trois fenêtres sur rue et sur cour.
