17 h : La Nuit des Cabanes s’éveille sous un soleil de plomb.
Le thermomètre affiche 36 dans les jardins de la Villa Medici. Quelques degrés de moins, heureusement, à l’ombre de la Cabane L7 signée MBL Architectes, l’une des cinq créations architecturales présentées cette année dans le cadre du Festival des Cabanes. Bien que son co-créateur, Sébastien Martinez-Barat, hésite encore à la nommer cabane. Pavillon, peut-être. Refuge ou temple sûrement. « On a commencé ce pavillon à la mort du Pape François et on l’a achevé le jour où le nouveau a été élu. Comme une boucle symbolique, presque sacrée. » La rencontre architecturale, qui prend la forme d’une conversation entre l’architecte et le philosophe Emanuele Coccia, est la première manifestation à laquelle nous assistons dans le cadre de la Nuit des Cabanes – Habiter Demain. Le programme dense du premier jour, marqué par les tables rondes hautement inspirantes de l’événement co-créé avec BNP Paribas (lire notre reportage sur Habiter Demain), déroule à toute vitesse et nous fait manquer, de peu, la performance théâtrale Planetaria. Hauts les cœurs, la manifestation ne fait que commencer et la nuit n’est pas encore tombée.
A l’abri de la Cabane L7 érigée à la façon d’une « toiture habitée » à la fois dépouillée et méditative, la conversation s’engage. Bercés par le chant continu des cigales, on écoute, activement, tant le dialogue nous pousse à la réflexion. Le festival invite les architectes à repenser leurs pratiques à l’heure de la crise climatique, en répondant à ces questions : comment proposer des formes architecturales non invasives ? Quelles solutions d’habitat durable pour demain ? Sébastien Martinez-Barat interroge les matériaux, leur impact, leur évolution et ce pavillon, qu’il imagine avant tout comme un espace de lecture, devient alors plus qu’un simple abri : un manifeste discret pour une architecture sensible et adaptable. « De notre point de vue le bois, dans l’architecture éphémère, n’avait pas vraiment sa place. Ce qui nous intéressait, c’était justement cette idée de réversibilité et de fragilité assumée. La brique romaine, à l’origine, a été pensée pour être montée, démontée et remontée sans fin. » poursuit le jeune l’architecte. Et d’ajouter : « Il y a quelque chose de magnifique dans la brique. Mais aujourd’hui, on l’a figée, on a oublié qu’elle pouvait être réversible. » Devant nous, les briques du pavillon ne sont pas scellées, elles sont attachées avec soin et précision, « comme on nouerait un paquet cadeau », glisse t-il. Ce geste de nouage devient ici une manière d’honorer le matériau, de le sécuriser sans l’enfermer. Alors, en levant les yeux, les 4600 briques suspendues par 1200 nœuds prennent soudain une autre dimension. Plus qu’un assemblage, une pensée : celle que rien, ici, ne doit être perdu.



















