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Un atelier sorti de terre, le repère du collectif ganster
Un atelier au fond d'une cour investi par quatre céramistes, ça donne le collectif gangster !
Pour parfaire sa décoration, pour donner une vibration pleine d'humanité à une pièce, il faut faire appel à une "pièce unique", un objet d'art, une œuvre ou un ustensile. Aujourd'hui, nous poussons les portes de l'atelier de céramique parisien gangster. Un collectif pour multiplier les inspirations et les talents.
Hier le lieu était humide, brut, abandonné, presque hostile. Il a fallu tout refaire jusqu’à l’électricité afin de le transformer en un espace propice aux rêves et à l’imagination. Désormais, il fait bon y créer à la lumière du jour qui éclabousse l’endroit grâce à son immense devanture vitrée.
Ah, le charme parisien de ces cours pavées derrière lesquelles se cachent des trésors insoupçonnés ! Pour ses occupantes, comme pour les visiteurs qui s’y perdent, un passage dans l’atelier Gangster revêt toujours un air de fête inspirée et inspirante.
Des tables de travail en bois pelliculées et facilement lessivables ont été pensées pour réchauffer l’atmosphère de cet ancien garage. Le mur du fond, recouvert d’un vert tendre, met en valeur des étagères réalisées sur mesure et assemblées sans vissage par un ami menuisier d’Emmanuelle qui officie lui dans le collectif « Depuis 1920 ». Dessus, comme une exposition permanente sans cesse renouvelée, les quatre céramistes entreposent leurs travaux en cours. À chacune son espace dédié, sa « chambre » comme elles l’appellent. Un peu à la manière d’un frigo divisé par étages, comme dans toute bonne colocation !
Ici, c’est la chambre de Léa.
Et là, la chambre d’Emmanuelle.
L’idée était évidente et pourtant, il fallait la trouver : peindre le soubassement des murs couleur terre cuite, teinte Book Room Red de chez Farrow & Ball pour être précis. Puisque tout part de là, de cette matière organique, pas d’hésitation possible, c’est à l’unanimité qu’on lui a attribué une place de choix.
Biscuit, ébauchoir, cuisson, assiette et même fritte (mais avec deux T), autant de termes qui font référence à la cuisine. Pas étonnant que sur ce tableau perforé soit accroché à la façon d’une penderie de cuisine surréaliste, tous les instruments servant à la « tambouille » du parfait céramiste.
Quelle merveilleuse surprise que de découvrir derrière un vulgaire Placoplatre, un somptueux mur de pierres. Celui-ci vibre encore au souvenir des bonnes ondes laissées par les artisans venus exercer, hier, leur talent dans ce lieu chargé d’histoire.
Ces natures mortes ne vont pas le rester longtemps. La céramique est un art vivant, physique, rude et délicat à la fois, qui nécessite autant d’efforts du corps et de l’esprit.
Étape cruciale que celle de la cuisson au four. C’est là que tout se joue ou… se casse hélas. Un bleu comme le rêve, un bleu comme l’espoir de célébrer bientôt la naissance d’un objet réussi.
Un lieu comme un rendez-vous, un lieu pour écrire une histoire commune. C’est d’abord lui qui, comme une évidence, a réuni ces quatre passionnées de céramique. Toutes différentes et pourtant si proches, Judith, Emmanuelle, Léa et Lola, se la jouent perso quand il s’agit de leur propre production mais aussi collectif sous le nom de Gangster pour des inspirations à huit mains.
Sloft Magazine : Comment est née l’idée de Gangster ?
Gangster : En poussant une porte au hasard, Léa a découvert cet atelier dans lequel il y a dix ans le dernier occupant -un serrurier- entreposait son matériel. Depuis, il était laissé à l’abandon mais pourtant encore tellement « vivant ». Impossible de passer à côté. Léa et Emmanuelle l’ont visité et elles l’ont pris sans hésiter. Puis l’idée d’un collectif de céramistes est née et Lola et Judith les ont vite rejointes.
Sloft Magazine : Étiez-vous toutes des professionnelles ?
Gangster : Seule Judith vit de ses œuvres. Les trois autres, nous avons des activités en parallèle.
Les arts de la table par Judith.
Sloft Magazine : Quels sont les avantages à travailler ensemble ?
Gangster : Ils sont pluriels. Financiers évidement lorsqu’il s’agit de partager les frais mais surtout artistiques. Bien que nous ayons des inspirations très différentes et cela est frappant lorsque l’on regarde nos pièces, travailler ensemble est une émulation évidente. Sous l’influence de Judith et Emmanuelle, Léa et Lola ont, par exemple, quasiment abandonné le tour pour le modelage. Gangster c’est l’épicentre de belles énergies. Les nôtres bien sûr mais aussi celles de tous ceux qui nous ont aidé à réaliser ce projet, à relever ce challenge un peu fou.
Sloft Magazine : Pourquoi ce nom ?
Gangster : Parce qu’il nous a fallu nous battre pour avoir finalement ce lieu. Parce qu’il y a dans notre démarche, un caractère indépendant, entreprenant. Gangster c’est un peu cette fougue et cette détermination.
Le travail tout en finesse de Lola.
Les sculptures d’Emmanuelle.
Sloft Magazine : Parlez nous de votre travail commun…
Gangster : L’idée de travailler à huit mains et de nous effacer derrière des objets signés Gangster nous paraissait intéressante. C’est ainsi qu’est née cette collection d’assiettes et de plats : la production Gangster (des pièces uniques entre 10 et 40 €). Il y aura d’autres initiatives de ce genre, mais sans contrainte aucune. Ce seront nos envies et les occasions qui feront naître ces projets communs.
Un aperçu de la production Gangster !
Ce week-end, les 16 et 17 décembre, Gangster sera présent à deux événements :
À l’atelier situé 12 rue Saint-Sabin 75011 Paris, de 13h à 18h. Pour un vin chaud, des idées cadeaux en forme de céramiques made in Gangster, des créations personnelles des 4 membres du collectif, ainsi que des vêtements et de la papeterie.
À la Galerie Joseph située 66 rue Charlot 75003 Paris, de 10h à 20h lors d’un Pop-up store The Snow Shop by The Matter aux côtés d’autres créateurs.
Texte : Veronick Dokan