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« Tomettes surprises », un espace de 70 m² réinventé par l’architecte Camille Hermand

Un espace biscornu devient un bel endroit atypique. 70 m² Paris, France Contemporain classique Rétro-contemporain Camille Hermand Architectures

Des parquets défoncés, une cabine de douche bon marché, des peintures écaillées et, au milieu de la pièce principale, une estrade servant de lieu de répétitions à une troupe amateur. Cherchez l’erreur !

En pénétrant dans le futur appartement de sa cliente, l’architecte Camille Hermand a applaudi des deux mains. Voilà un chantier comme elle les aime, un espace à totalement réinventer, un appartement qui méritait bien de retrouver toute sa noblesse.

Lever de rideau !
escalier paris

À l’image de la cage d’escalier, cet appartement de 70 m² en plein quartier du Marais était resté dans son jus. Authentique et plein de charme, il nécessitait néanmoins un sacré relooking express et radical.

paris salon sloft

À l’origine, le lieu était dépourvu d’entrée et l’on pénétrait de plein pied dans la pièce principale. Le besoin de créer un sas afin de distribuer les différents univers s’est imposé rapidement. Mais quelle solution adopter pour ne pas nuire à la luminosité du salon et préserver la belle clarté de tout l’espace ? Si elle avait suivi la tendance actuelle, l’architecte aurait pu opter pour la verrière d’atelier en acier noir.

Mais non. Elle a plutôt misé sur l’intemporel et dessiné ces cloisons vitrées en chêne massif laissé brut, sans aplat de couleur, afin de lui préserver son aspect chaleureux. Un patchwork de cadres en bois naturel en reprennent la signature. Le canapé est orné de teintes douces et d’un look arty grâce à ce duo de coussins bicolores !

La bibliothèque sur-mesure reprend la grande hauteur sous plafond de l’appartement, ce qui a permis de concevoir des placards de rangements en bas et plusieurs rangées d’étagères au-dessus. Habillée de la teinte Vardo de Farrow & Ball qui la magnifie, elle libère une touche de peps dans cet intérieur sobre. La porte qui mène à la chambre a été peinte dans le même ton afin qu’elle s’efface dans le décor avec la plus grande discrétion.

En ville, l’optimisation est le maître mot de tout espace. Comment caser sans surcharger ? Comment cacher avec subtilité ? Ce banc, dans lequel se sont nichés astucieusement radiateur et coffres de rangements donne un petit style British à la pièce. Quelques coussins posés dessus, un bon livre, a cup of tea et nous voilà -presque– installés au creux d’un bow-window Londonien.

La bonne surprise fut de découvrir sous un affreux parquet flottant mal posé, ces tomettes d’origine. Pour permettre le ragréage du sol défoncé, elles ont dû toutefois être démontées délicatement puis remontées avec autant de précision. Le souhait de la propriétaire était de conserver ce charme désuet d’hier afin de laisser flotter un petit air campagnard au cœur même de la capitale.

Comme le palier extérieur, l’appartement possède un demi-niveau, ce qui lui confère une certaine originalité volumétrique. Les trois petites marches de chêne ouvrent sur l’espace cuisine sans qu’aucune porte -hier une cloison occultante- n’y fasse obstacle. La circulation est dorénavant fluide et évidente. Avant de passer aux fourneaux, un dernier coup d’œil dans le miroir ? L’éclairage est assuré par une applique Game de chez House Doctor.

Que ce soit au salon ou dans la cuisine suffisamment spacieuse, on accueille les convives autour de jolies tables en bois chinées. Pot au feu, blanquette, œufs à la neige… On imagine déjà les invités partageant de délicieux plats du terroir encore fumants, tomettes obligent !

Bizarre, vous avez dit bizarre. Pour accéder à la cuisine, il fallait passer par une porte qui donnait… dans la chambre ! Autant dire qu’il était urgent de totalement repenser les trajectoires. Des éléments en bois EKESTAD de chez Ikea ont été montés pour habiller les murs bas. Pratiques et jolis, on leur a toutefois adjoint un plan de travail en granit noir et des poignées assorties pour un supplément d’élégance. La hotte façon verrière indus’ en reprend les codes à la perfection.

Pas très grande, la chambre a tout d’un petit cocon joyeux. En prolongement d’un mur de dressing, la tête de lit se la joue table de chevet et niches-bibliothèque dans un même élan, tandis que l’atmosphère des lieux se construit autour du fameux papier peint Brazilia de chez Nobilis. Parfait exemple de Nesting, cette nouvelle tendance du moment qui consiste à ralentir le temps pour plus de sérénité, cette chambre invite à la rêverie… bien au chaud sous une courtepointe de chez Caravane. Ou si le sommeil ne vient pas, à la lecture… éclairé par des appliques bleues de chez Super Living.

La célèbre suspension Petite Friture règne majestueuse en ciel de lit alors qu’une astucieuse paroi d’angle vitrée apporte la lumière nécessaire dans la petite salle-de-bain attenante. Une astuce d’architecte dont chacun pourra s’inspirer au besoin. La propriétaire vit seule, elle n’a donc pas besoin de se cacher des regards indiscrets… Les grands placards répondent au papier peint qui leur fait face grâce à l’élégante teinte Stiffkey Blue de chez Farrow & Ball.

Axe de communication, ce couloir rectiligne dessine avec légèreté la marelle virtuelle de l’appartement. En haut, l’entrée et le salon, en bas la chambre, à droite la salle de bain, à gauche les toilettes. S’y retrouver devient un jeu d’enfant !

Bibliothèque Bois Carrelage Dressing Miroir Mur coloré Papier peint Puit de lumière Tomette

Photographies : Astrid Templier
Texte : Veronick Dokan

Réalisation : Camille Hermand Architectures