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Deux nombres comme des talismans marquent cet
achat : 19, comme l’arrondissement parisien cher à Romain, quadragénaire et directeur de l’ingénierie d’un fonds d’investissement ; 10, comme l’étage d’où il surplombe tout « mais où le bruit de la ville parvient pourtant assourdi ».
« J’habitais dans cette résidence depuis plus de quinze ans, débute Romain. Je cherchais un appartement avec vue sur le canal de l’Ourcq – c’est l’un des principaux attraits du quartier. Par le plus grand des hasards, j’ai fini par acheter un bien situé dans le même immeuble, au même étage, en tout point semblable à celui dans lequel je vivais, si ce n’est que son plan en était le calque inversé. » À l’en croire, Romain n’avait pas d’attrait particulier pour le style seventies. Plus que la typologie du lieu, c’est sa position dominante qui l’attirait : « Vivre à cette hauteur, c’est l’assurance d’une luminosité constante, d’un ensoleillement maximal, d’une absence totale de vis-vis, et surtout d’une vue splendide – le balcon fait toute la différence ici… » Un idéal, en peu de mots.
Thomas Housinger, co-fondateur de l’agence Apogée Architecture, va se charger de redonner vie à l’endroit. « J’avais repéré son travail sur le site de Sloft Magazine, une rénovation effectuée à la même adresse que la mienne, explique Romain. J’avais aimé sa mise en valeur des espaces, j’ai donc tout naturellement choisi de lui confier le projet. Je tenais à ce que le caractère architectural soit préservé, à ce qu’il reste simple et qu’on ne le travestisse pas. »
En s’appuyant sur un habile travail de droites et de courbes, Thomas transforme le plan typiquement cloisonné de ce type de constructions en un ensemble harmonieux et structuré. Lignes de fuite, dialogues des matières, murs arrondis et perspectives repensées fluidifient les circulations et donnent un fort caractère à l’espace… tout en révélant à Romain une sensibilité esthétique insoupçonnée. « Je m’intéressais de loin au design, analyse-t-il encore. En investissant ce lieu, j’en suis venu à me pencher de près sur le sujet. J’ai fait des choix de mobilier sur lesquels je suis revenu, je suis allé jusqu’à changer trois fois de table basse pour trouver celle qui convienne parfaitement à l’endroit… » Quand l’architecture agit comme un révélateur, en plus d’optimiser le cadre de vie : « Je ne me considère pas comme un collectionneur, conclut-il, la taille de mon habitat ne me le permet pas et il serait prétentieux de le penser. Mais avec cet appartement, j’ai développé le goût d’un certain “beau”. »
