Séoul respire la modernité, mais un changement soudain s’opère en entrant dans Seochon, le « village de l’Ouest », nommé ainsi en raison de sa situation à l’ouest du palais de Gyeongbok. Les ruelles labyrinthiques, à peine assez larges pour une personne, mènent à un cul-de-sac où un Hanok – une maison traditionnelle coréenne – est isolée. Lorsque le portail en bois s’ouvre, l’invité est respectueusement invité à retirer ses chaussures et à monter sur une plate-forme surélevée, délimitant subtilement l’intérieur de l’extérieur, et se retrouve ainsi dans un sanctuaire paisible…
Vous êtes immédiatement attiré par la « Full Moon Room », un espace polyvalent qui intègre un bureau, un espace de rangement et une retraite sereine. Une fenêtre circulaire d’un mètre de diamètre évoque l’image d’une pleine lune. Ce choix délibéré de la part de la propiétaire Grace Choi souligne l’affection et la nature attentive de son mari, Sang-hyun Lee. Cet architecte aux multiples talents – architecte, concepteur de meubles et brand designer – a remodelé avec brio cet Hanok des années 1970. Dans une ville où la vie en appartement prédomine, qu’est-ce qui a inspiré ce choix non conventionnel du jeune couple ?
« Les raisons de chérir la vie dans un Hanok ne manquent pas. Cette attirance profonde est ancrée dans l’appréciation de l’existence tranquille cultivée par nos ancêtres, une vie imprégnée de l’esthétique du vide et de l’intégration transparente de la nature. Prenez par exemple les fenêtres délicatement tapissées de hanji, papier coréen typique : elles diffusent la lumière, créant une atmosphère douce et ambiante, tout en préservant discrètement l’intimité. Il s’agit d’un geste réfléchi. » Sang-hyun Lee poursuit : « Il y a la joie de respirer en harmonie avec les saisons dans une maison faite de matériaux naturels. La structure, imaginée avec des bois précieux originaires de la région du Sud réputée pour ses vénérables forêts de pins, s’adapte en douceur à la dilatation et à la contraction du matériau. Cette relation harmonieuse avec la nature se retrouve dans la conception même de la maison. Les avant-toits sont ingénieusement conçus pour réguler la lumière du soleil, en l’accueillant en hiver et en la bloquant en été. Cela suffit à éliminer le besoin de chauffage, même pendant les mois les plus froids. »
À l’instar de son mari, Grace déclare également : « J’admire l’adaptabilité et la flexibilité remarquables de cette maison. Si nous mettons une télévision dans la pièce principale, celle-ci devient une salle de cinéma, et si nous y mettons une petite table, elle devient un salon de thé. Le mobilier, y compris plusieurs sobans – tables à manger portables pouvant accueillir une seule personne – adaptés à notre mode de vie traditionnel assis, a entièrement été conçu par Sang-hyun Lee. Même la structure en pignon améliore la résonance du son », révèle cette sonothérapeute, qui s’intéresse de près à la psychologie, à la méditation et à la conscience. Fidèle à ses propos, l’espace évolue constamment avec le mode de vie des résidents, au-delà du passage tangible du temps dont on est témoin dans la cour. « Je me suis retrouvée à cuisiner moins que je ne l’avais prévu, remarque-t-elle. La cuisine s’est donc progressivement rétrécie. Et avec l’arrivée de nos chiens, Namu et Dal, la table à manger a été retirée pour leur donner plus d’espace. »
L’expérience de ce Hanok s’étend au-delà de ses intérieurs. Un escalier discret dans la cour permet d’accéder à un petit toit qui offre un panorama époustouflant sur les monts Inwang et Bugak, tous deux situés à plus de 330 mètres d’altitude et formant une toile de fond majestueuse. C’est un moment extraordinaire que l’on trouve rarement dans une métropole aussi animée…