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À Bordeaux, Mauricette prend ses aises sur 70 m²

Déployer sans défigurer ! "Nous pensions rester ici peu de temps car la surface ne nous semblait pas énorme mais finalement, on ne veut plus partir. Mauricette (comme on appelle l'appartement) est un membre de notre famille. On y est super attachés !" Belle déclaration d'amour à leur nouveau lieu de vie que celle de Nina et Diego, heureux habitants de cet appartement dont la rénovation aura tout de même nécessité six mois de travaux !

Jusqu'alors locataires à deux rues de là - "ce qui a bien aidé pendant les travaux car nous en avons fait une grande partie nous-mêmes"-, ils adorent le quartier et craquent pour certains détails lors de leur première visite : la cheminée en pierre, le vieux parquet, les volets persiennes et leur petit air de vacances… Même si d'autres leur plaisent moins. Situé au premier de cet immeuble d’un seul étage, l'appartement donne sur la rue, au nord. "Au départ, nous étions réticents à cette exposition, mais finalement, la façade d'en face renvoie le soleil, il y a une belle luminosité toute la journée."

Vendu "en l'état" par un marchand de biens qui avait rénové tous les autres lots de l'immeuble, aucuns travaux n'y avaient été réalisés depuis un certain temps. Ce qui aurait pu être un frein pour certains s'est révélé le gros point fort pour Nina et Diego, tous deux architectes. "Une partie importante pouvait être surélevée, ce qui nous permettait de quasiment doubler la surface d'origine de 37 m². Nous avons tout de suite dessiné plusieurs projets. Le premier incluait une terrasse de type tropézienne qui a été refusée par les services de l’urbanisme. Nous avons donc changé d'idée et décidé d'aménager les combles, en plus de surélever l'appartement." Mais les travaux démarrent en période post-covid et les entreprises en charge de la surélévation, du gros œuvre, de la charpente, prennent beaucoup de retard…

Pas de quoi déprimer les nouveaux propriétaires, qui mettent la main à la pâte. "Nous avons réalisé tous les enduits intérieurs, avec l'aide précieuse de nos amis et d'un formateur. Nous y avons passé beaucoup de temps, mais aussi de super moments, et fait un bel apprentissage !" Tout ce qui concernait l'aspect technique de la surélévation intéressait particulièrement Diego, architecte, tandis que Nina, spécialisée en architecture d'intérieur, avait plutôt hâte de passer au second œuvre. Mais ils étaient raccord sur le fait de réaliser cette rénovation avec des matériaux biosourcés. "Nous avons enduit une importante partie de la pierre existante à la chaux. La surélévation est en ossature bois, avec un remplissage chaux/chanvre et une isolation en laine de bois. Les matériaux sont laissés bruts au maximum. C'est là que l'architecture et l'architecture d'intérieur se rencontrent."

Ils ouvrent au maximum les espaces, créent des cadrages, révèlent les plus grandes dimensions de l'habitation. “Après avoir passé le confinement dans un appartement sous les toits sans hauteur sous plafond, notre envie de beau volume était très forte !"

Les couleurs sont choisies dans des gammes "naturelles" chez Ressource, Argile, Farrow & Ball, pour venir contraster avec la chaux et apporter une identité à chaque pièce. L'éclairage est plutôt tamisé, les nombreux luminaires (une passion !) sont choisis avec soin. La lampe Nicole, dessinée par Nina pour Touton Studio, trouve sa place sur l'étagère du salon.

"Aujourd'hui, quand on regarde les photos de l'état initial, on a presque oublié à quoi ça ressemblait !"

La surélévation en ossature bois, avec son enduit à la chaux, s’intègre parfaitement dans l’alignement de façades classiques en pierre de cette tranquille rue bordelaise.

Nina Espinosa et Diego España ont pris plaisir à dessiner leur propre appartement et contribuer à sa réalisation. Diego est le fondateur d'[Aspaï] Architectes. Nina, associée chez Touton Architectes, une agence d’architecture bordelaise implantée depuis plusieurs années, a participé à la création de Touton Studio, spécialisé dans l’architecture d’intérieur.

Passée l’entrée, la cuisine est la première pièce qui s’offre à notre regard. Elle se déploie dans la partie d’origine de l’appartement. Le mobilier a été chiné ou récupéré dans la cave des grands-parents de Nina. La pièce préférée de Diego : la suspension PH5 de Louis Poulsen.

Le plafond, plus bas ici que dans le salon, correspond au plancher du bureau/atelier aménagé dans les combles. Immaculés et sobres, les placards sont soulignés par des touches de bois clair : plan de travail, étagères, marches d’escalier sur la droite… La touche vintage est apportée par le système électrique, avec ses câbles apparents et ses isolateurs en céramique.

L’effet de matière des enduits à la chaux apporte de la chaleur aux meubles de cuisine plutôt modernes. Un effet cocon accentué par les boutons de porte en céramique émaillée faits maison par Nina.

Les architectes ont choisi des teintes fortes par endroits pour révéler la douceur de l’enduit à la chaux. Ici, un jaune éclatant habille les portes du dressing de l’entrée. On note la belle luminosité malgré une exposition plein nord. Les menuiseries existantes ont été conservées.

Une poutre de la précédente charpente, déposée pour la surélévation, a été retaillée pour devenir le linteau de l’ouverture vers le salon. Avec sa hauteur tenue et l’importante présence du bois, la cuisine/salle à manger prend des allures de petite maison de vacances.

De la cuisine, vue sur les deux ouvertures vers la partie nouvellement créée de l’appartement, grâce à une surélévation en R +1. “Nous avons recherché une vieille pierre pour refaire le dessus de la cheminée. Celle-ci a été retaillée et adaptée.”

Nous voici dans le salon. Les restes de la poutre de l’ancienne charpente ont été transformés en piétement de table basse (“Merci à nos super menuisiers, l’Atelier Copo !”). Sur l’étagère, l’élégante lampe Nicole, dessinée par Nina.

Une étagère en hêtre XXL, dessinée sur mesure et réalisée par l’Atelier Copo, habille un des murs du salon. Dessous, Nina et Diego ont fabriqué une banquette et des meubles de rangement en habillant des caissons Ikea.

Profitant de la belle hauteur sous plafond (4,5 mètres), une composition de suspensions Coral d’Arturo Alvarez se déploie élégamment.

Murs enduits à la chaux, poutre en bois, vieux fauteuil et bouquet de fleurs champêtres… un petit air de campagne à la ville !

Notre œil est attiré par ce mini-couloir mis en valeur par une peinture à la chaude couleur de terre (nuancier Argile). Direction la chambre !

Dans cette surface, réduite au minimum pour laisser davantage d’espace aux pièces de vie, règne une ambiance paisible, avec des teintes douces et, toujours, la présence de bois clair. Sur la commode, la lampe Akari d’Isamu Noguchi (Vitra), tout en délicatesse, s’accorde parfaitement à l’esprit du lieu.

La salle d’eau se cache en partie derrière la cloison surlignée d’un bois exotique, l’okoumé. À droite, de grandes portes de placard sans poignées abritent le dressing.

Pureté des lignes et chaleur du bois : la salle d’eau ne déroge pas à la règle…

Le détail qui fait mouche : le choix d’interrupteurs blancs et ronds au look rétro.

Un espace de douche quasi monacal ! Même l’applique murale Zangra se fait l’apôtre du minimalisme.

Nous retraversons l’appartement en sens inverse pour revenir à l’entrée et emprunter l’escalier sur la droite, sous lequel sont logés des rangements pour la cuisine. Direction le bureau et l’atelier aménagés dans les combles.

Dans la partie atelier, où Nina peut s’installer pour faire de la poterie, de la couture, dessiner, un meuble bas en pin fabriqué sur mesure par Diego fait office de rangement mais aussi de balustrade devant la trémie de l’escalier.

Réalisée par l’atelier Copo, la cloison en chêne qui divise l’espace suit la pente du toit et contourne les poutres. La partie haute, vitrée, laisse circuler la lumière.

C’est ici, au calme et sous l’abondante lumière traversant la fenêtre de toit, que Diego a installé les bureaux de son agence, [Aspaï] Architectes. Voués à être bientôt remplacés par une deuxième chambre…

Les adresses « les yeux fermés » de Nina et Diego
 
Pour du pain délicieux : Panoche, notre boulangerie, ouverte tout récemment. Avec de bonnes farines sélectionnées et une équipe adorable. 66 cours Portal, 33300 Bordeaux
 
Pour pratiquer la poterie en toute liberté : Studio Primitif propose des cours, des workshops mais aussi la possibilité de pratiquer librement avec tous les outils à disposition. 25 rue du Couvent, 33000 Bordeaux
 
Pour satisfaire notre côté écolo : Coutume store, une petite droguerie dans laquelle on trouve de tout pour rendre notre quotidien un peu plus éco responsable. 79 rue Notre dame, 33000 Bordeaux
 
Pour déguster les meilleures pâtes fraîches maison du monde : Pastificio Marcellino, un restaurant traiteur italien que l’on adore par-dessus tout ! 11 rue Sicard, 33000 Bordeaux.


Photographies : Justine Lajus Pueyo
Texte : Edwige Nicot

Réalisation : Touton Studio et [ Aspaï ] architectes