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70 m² judicieusement valorisés à Paris 10e

L'harmonie dans les moindres détails "Nous vivons dans le quartier depuis une dizaine d’années et avons déménagé plusieurs fois. Comme nous partageons désormais notre temps entre Paris et notre maison au Tréport, nous souhaitions réduire un peu la surface de notre lieu de vie tout en restant dans le même quartier." Thomas, architecte d'intérieur, et Benoît, directeur des opérations dans un grand groupe industriel, s'attaquent donc vaillamment à la rénovation complète de cet appartement, situé au 3e étage d’un immeuble de faubourg. "Il bénéficiait d’une belle luminosité grâce à son côté traversant nord/sud mais manquait de cachet. L’organisation des espaces était également à revoir."

En effet, à l’avant de l’appartement, l’entrée donnait sur une cuisine étriquée et la salle de bains trônait en plein milieu. À l’arrière, on trouvait deux très grandes chambres et un dressing. La rénovation a donc consisté à créer dès l'entrée une grande pièce de vie ouverte faisant le lien entre la cuisine, la salle à manger et le salon. Les poutres en bois d’origine du mur porteur ont été mises à jour et retravaillées pour ouvrir la perspective et permettre à la lumière de traverser tout cet espace. La partie nuit prend place à l’arrière de l’appartement avec, côté cour, une chambre redimensionnée communiquant avec la salle de bains et, côté rue, un espace bureau/chambre d’amis accessible depuis une porte dissimulée dans le salon.

Pour fluidifier la circulation et cadrer les espaces, l’ensemble du mobilier a été dessiné comme s’il sortait des murs, en suivant des angles doux. De nombreux miroirs ont également été installés afin de créer des perspectives et augmenter la sensation d’espace.

Côté matériaux et couleurs : du béton ciré pour sa douceur, du bois pour son cachet, des carrelages aux calepinages graphiques, des teintes douces et naturelles contrastant avec du noir profond.

"Nous sommes très satisfaits du résultat, hyperfonctionnel et chaleureux, la surface est parfaite pour notre vie à trois mais aussi pour recevoir nos amis." S'il pouvait parler, Philibert, qui adore se lover dans les canapés et éparpiller ses jouets en courant dans l’appartement, approuverait sûrement !

L’appartement est situé à côté de la mairie du 10e arrondissement, au pied du métro Château d’Eau. Un quartier central, multiculturel et très animé.

Thomas (à gauche), fondateur d’Atelier Philibert, vit ici avec Benoît et… Philibert, teckel nain de 4 ans, la mascotte du cabinet d’architecture intérieure !

La configuration ne permettait pas de créer une entrée séparée. “Pour la délimiter, nous avons pris le parti de la traiter comme une boîte noire (noir de vigne, Argile Peinture). L’entrée donne ainsi le ton de l’ensemble de l’appartement, avec sa ligne en biais au plafond qui dessine les espaces tout en épousant les circulations naturelles.” À droite, un ensemble de rangements (penderie et chaussures) également en biais mène vers le salon. Pour créer de la profondeur, un miroir mural XXL a été posé.

Face à l’entrée, vue directe sur la cuisine, délimitée elle aussi par le sol et le plafond en biais. Deux colonnes en chêne accueillent du rangement et le réfrigérateur congélateur. Les autres façades (Fropt), en laque mate, arborent un beau bordeaux profond, souligné par le béton ciré rose Pompadour (Mercadier) du sol et du plan de travail.

Les meubles ont été disposés en U afin de maximiser les rangements et optimiser la fonctionnalité en offrant une surface de plan de travail maximale. La verrière à cadre en chêne cloisonne tout en laissant passer la lumière.

La hotte, dissimulée dans un coffrage peint en blanc, a été posée sur un mur recouvert de miroirs et semble flotter au milieu de la pièce aux dimensions faussement multipliées.

Tous les recoins ont été exploités ! Dans cette ancienne niche, des étagères sortant des murs accueillent bibelots et grille-pain.

En tournant le dos à la cuisine, nous voici face à la salle à manger. Celle-ci s’appuie sur le mur porteur, ouvert et remaçonné afin de profiter de la lumière traversante. La seconde ouverture a été récupérée pour permettre de circuler autour des poutres… grand jeu de Philibert ! Comme l’ensemble du mobilier, la banquette a été créée sur mesure, ainsi que le coussin d’assise en velours Paddington (Casamance). Pour parfaire l’harmonie, les tabourets ont été recouverts du même tissu.

La main en plâtre posée entre les poutres semble prête à nous pointer du doigt !

La table au pied tulipe se déplie et permet d’accueillir confortablement 6 à 8 convives. Dans le fond, le placard d’entrée et son miroir géant, habillé d’une lampe Bourgie (Kartell) diaphane.

L’ouverture récupérée entre les poutres porteuses offre un second accès au salon. En miroir de la banquette de salle à manger, un canapé Togo en velours bleu nuit s’adosse contre la partie maçonnée. Les éléments de décoration sont un mix de vieux meubles de famille, d’objet chinés et de photos collectées au fil des ans.

L’ancien parquet a été entièrement remplacé par un parquet de récupération posé en bâtons rompus. Ses variations de teintes naturelles se marient parfaitement avec les poutres récupérées dans le mur et laissées volontairement brutes. On profite ici pleinement de la lumière traversante de l’appartement.

Perspective vers la cuisine. La circulation est guidée par le meuble buffet du salon, dessiné sur mesure en reprenant lui aussi des angles doux. La TV murale se fait passer pour un tableau grâce à ses fils dissimulés dans les murs.

Le meuble bas accueille la vaisselle et les box TV et internet. Comme l’ensemble des meubles de l’appartement, il est dessiné pour donner l’impression de sortir des murs : cadre maçonné, portes en chêne, ses plinthes noires font le lien avec le reste de l’appartement.

Le ton chaleureux des portes en chêne se marie à celui du parquet de récupération.

“Un buste qui nous suit depuis longtemps, un peu tordu mais on l’aime bien !”

Retournons-nous pour découvrir l’étagère à cadres, elle aussi sortie du mur. Les photos et objets y sont juste posés pour pouvoir faire évoluer l’exposition au gré des envies.

La lumière est mise en valeur par l’encadrement noir des renfoncements de fenêtres. Deux petits fauteuils années 60 chinés complètent le salon, ainsi qu’un coffre hérité des grands-parents. Au mur, une photo de Sylvain Cazenave contraste avec la statuette angélique en dessous.

Petit coin lecture au soleil. “Nous adorons les lampes, notre appartement est rempli de lampes de designer (Pipistrello, Snoopy, Foscarini, Nessino, etc.).”

À gauche du meuble TV, le miroir se révèle être une porte dérobée qui mène au bureau. Il a le mérite de disparaître en reflétant les fenêtres quand il est fermé, créant une sensation d’enfilade telle qu’on les trouve dans les appartements haussmanniens traditionnels.

Depuis le bureau, coup d’œil vers le salon. Hasard ? L’abat-jour orange de la lampe Snoopy s’harmonise parfaitement avec le velours brique du divan.

“Le bureau est une pièce clé de l’appartement puisque j’y suis au quotidien, j’y reçois mes collaborateurs et mes clients. Il se devait d’être pratique et inspirant.” L’ensemble est conçu comme un cadre qui vient s’appuyer sur les conduits de cheminée. À gauche, un renfoncement plus profond permet d’accueillir imprimante, dossiers et fournitures dissimulés derrière deux portes coulissantes. Le cadre est traité en bleu burlington et les portes en vert céladon (les deux, Argile Peinture).

Le plafond, également traité en bleu burlington, met en valeur la suspension Vertigo (Petite Friture) au diamètre imposant (2 m). “Celle-ci était déjà présente dans la salle à manger de notre précédent appartement. Plutôt que de s’en séparer, nous avons décidé de lui donner une place de choix dans cette pièce plus petite qui met en valeur sa démesure !”

Le très grand plan de travail en chêne permet de s’installer aisément à 2 voire 3. Au-dessus de celui-ci, des étagères pour exposer les échantillons de matériaux.

Le bureau fait également office de chambre d’amis. “Plutôt qu’un traditionnel canapé convertible souvent peu élégant, nous avons opté pour ce daybed convertible en velours cordé couleur brique, séduits par son petit côté divan de psy.” Au mur, un tableau brésilien coloré qui représente les favelas de Rio.

Après avoir retraversé le séjour en sens inverse, retour de l’autre côté de l’appartement où un petit sas noir nous emmène vers la chambre. D’une blancheur éclatante sur ce mur sombre, le radiateur électrique réinterprète le design des radiateurs en fonte et surprend par son format très étroit et très allongé.

“Dans la chambre également, nous sommes partis de l’existant, à savoir la jolie alcôve arrondie, pour créer les aménagements en les intégrant dans l’architecture. Ici un coin bureau sur la droite pour Benoît, qui est régulièrement en télétravail, et une niche sur la gauche.” Comme dans le bureau, le plafond se pare de bleu burlington pour apporter de la douceur et rendre la pièce plus accueillante.

Un grand dressing a été créé en recloisonnant les espaces. Les poignées boutons en chêne donnent de la rondeur aux angles créés par les meubles.

Pour pallier la largeur réduite de la pièce, tout en ayant un maximum de confort, une tête de lit en tissu tendu a été montée, apportant du moelleux sans occuper trop d’espace.

On retrouve ici le même velours Paddington (Casamance) que dans la salle à manger, dans une déclinaison de teintes plus raccord avec la chambre. “Petit clin d’œil : le motif anguleux un peu seventies de ce tissu nous a séduits et faisait un subtil rappel aux angles doux créés un peu partout dans l’appartement.”

Perspective large sur la chambre et l’accès au sas qui dessert également la salle d’eau.

Créée en coupant l’ancienne grande chambre en deux, voici la seule pièce sans fenêtre de l’appartement. “Nous avons donc installé une imposte vitrée en partie haute pour bénéficier de la lumière naturelle en journée.”

Ambiance orientale ici avec le mobilier maçonné enduit de béton ciré couleur amande (Mercadier). Le carrelage Bristol bleu (Casalux) se marie avec le bleu burlington que l’on retrouve au plafond, et le calepinage mixant des formats carrés et rectangulaires donne du rythme à l’ensemble.

Des étagères en chêne en angle sont posées au-dessus de la machine à laver, elle aussi dissimulée dans un meuble maçonné avec une porte en chêne.

Au sol, un béton ciré couleur tajine (Mercadier) s’accorde avec la robinetterie et la paroi de douche en laiton. La bonne surprise : le carrelage légèrement incurvé qui recouvre l’ensemble des murs crée des reflets sur le sol et donne la sensation d’être dans une piscine !

“Nous avons choisi ce carrelage entre autres parce qu’il existait en baguettes de finition identiques pour les angles, détail trop souvent négligé…”

Retour dans l’entrée où la boîte noire dissimule également l’accès aux w.-c.

“Trop souvent délaissés, nous voulions un parti pris décoratif fort pour ceux-ci.” Ils sont donc traités tout en noir et rehaussés par le carrelage corail et le sol en béton ciré rose Pompadour.

Nous finissons cette visite par un gros plan sur le lave-mains en marbre, rappelant la table de salle à manger. L’attention au détail, toujours !

Les adresses « les yeux fermés » de Thomas :
 
Pour prendre un café en terrasse aux premiers rayons du soleil : La Petite Louise, un café/restaurant joliment rétro au coin de notre rue. 65 rue du Faubourg-Saint-Martin, 75010 Paris
 
Pour la bonne humeur du patron : Le Village, un traiteur italien haut en couleur. Le patron nous accueille comme si on faisait partie de la famille et propose de délicieuses spécialités faites maison. On peut également manger sur place le midi. 25 rue Bouchardon, 75010 Paris
 
Pour dénicher des perles de seconde main : En Second Lieu, une recyclerie située au pied de l’immeuble. 58 rue du Château d’Eau, 75010 Paris

Photographies : Juan Jerez
Texte : Edwige Nicot

Réalisation : Atelier Philibert