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On s'invite chez la créatrice de la jeune marque de maroquinerie Astré !
Situé à quelques enjambées du Canal de l’Ourcq, un duplex de 60 m² où tradition et modernité imposent un univers stylistique plein de fantaisie. Ses propriétaires, Astrée et Fabien s’amusent à y dessiner des codes nouveaux à l’image des artistes urbains qui ont fait de l’un des plus anciens quartiers de Paris, leur territoire.
Ce point de vue permet d’apprécier les lignes graphiques. À commencer par l’envolée de l’escalier qui mène à la chambre et à l’atelier de la créatrice. La forme longiligne du canapé -dont les pieds branlants ont été remplacés par de simples palettes de chantier- répond à cette table basse d’acier brossé et de verre fumé. Ainsi qu’au motif maillé du sol carrelé de la cuisine.
Plongée dans l’iconoclaste et la mixité avec le mariage de ce fauteuil années 60 tapissé de velours dévoré aux reflets dorés et de ces morceaux de plâtre tagués, récupérés par les propriétaires sur les murs d’un bar voisin en travaux. Le street-art se plaît au salon.
Comme l’annonce d’un amour prédestiné, Fabien a hérité de son grand-père cette longue-vue fabriquée en1920, devenue depuis, le symbole de son mariage avec…Astrée. Pas étonnant donc qu’elle ait trouvé place dans leur foyer. (Objets en porcelaine Astier de Villatte).
La déco de cet appartement fait fi des règles établies. Mieux ! Elle les brise pour s’en inventer d’autres, plus fun et bien moins…angéliques. Dans cette niche Granny Smith, on marie BD et livres reliés. Et, tout en audace, on fait se côtoyer le 78, département dans lequel se situe la ville de Mantes-la-Jolie et le 18, le siècle qui a vu naître ce chérubin joufflu.
Ambiance studieuse dans une humeur joyeuse. La seconde chambre de ce duplex s’est transformée en atelier pour Astrée. Ici, souvenirs de voyages, orgue de barbarie, selle et guidon de vélo réinventés en énigmatique animal de compagnie, veillent sur son inspiration. (Meuble métal Ikea repeint par les propriétaires).
La sobriété du mobilier et le miel doré du sol en chêne, donnent encore davantage d’éclat à ce tableau signé de l’artiste Brésilienne Isabelle Tuchband. Festival de couleurs et de fleurs comme à Rio, cette image pleine de vie et de vitalité lui a été inspirée par la maîtresse de maison.
Murs et rideaux blancs, comme une toile vierge prête à accueillir les rêves d’évasion. Un ventilateur pour l’exotisme. Des tableaux d’art contemporain Asiatiques et une commode pieds compas, dénichée lors d’une expédition jusque chez Emmaüs à Roubaix. Une chambre comme un voyage.
Le couple voulait insuffler un petit côté Barber-shop à leur chambre. Raté ! Tout le monde s’enthousiasme pour cet esprit cabane de plage avec ces lambris colorés et ce coussin sardine à croquer.
Pour « chiquiser » ses modèles de sacs, Astrée a choisi des bandoulières, fermoirs et mousquetons dorés en écho à cette petite chaise bambou de style Napoléon III.
Fabien travaille chez Apple. D’où l’idée de recycler d’anciennes tours d’ordinateurs en tables de nuit, vues nulle part ailleurs.
Dans la cuisine, séparée de la pièce à vivre par une verrière d’atelier, on a installé des modules Ikea en bois massif texturé, surmontés d’étagères sur équerres. La pièce, entièrement refaite comme tout le reste de l’appartement, a été carrelée selon un motif dessiné par la propriétaire. Afin de ne rien occulter de sa beauté, après des années de recherche, une table modulable en acier brossé et plateau transparent s’y est posée.
Ambiance tropico-métro avec les carreaux de faïence au mur et le sol à damier noir et blanc.
Un jaune curry Indien ouvre sur une cage à oiseaux Thaïlandaise. Le parfait cocktail exotique.
Tomettes, carreaux ciment, marches cirées. Ne vous fiez pas aux apparences, cet appartement n’a rien de traditionnel.
Et un, et deux, et trois théières pour cette collection d’objets métallisés.
Interview : Astrée de Mulder
Une première collection, c’est toujours une émotion !
Après avoir travaillé dans de prestigieuses maisons telles que Givenchy, Berluti ou encore Chloé, cette jeune Parisienne a décidé de créer « Astré »; sa propre ligne de sacs pour des femmes libres et multiples.
Sloft Magazine : Comment définiriez-vous votre collection ?
Astrée de Mulder : J’ai voulu concevoir des sacs élégants qui laissent libre de ses mouvements tout en nous affirmant un côté sécuritaire. Et, comme j’aime la fantaisie, je les ai pensés hybrides, modulaires afin de pouvoir multiplier les combinaisons.
Sloft Magazine : Sacré pari que de vouloir remettre au goût du jour le sac-banane !
Astrée de Mulder : Mes créations sont à mon image. Mon père est arrivé en France avec ses parents sans un sou en poche. Ma mère vient d’un milieu très bourgeois. Ce mélange se retrouve dans mon intérêt pour la street-culture ainsi que dans la tradition et le savoir-faire de qualité. Mes sacs sont un mélange des genres pour que se rejoignent un mélange de gens.
Sloft Magazine : Audace et singularité sont les maître-mots de vos créations. Et de votre décoration aussi semble-t-il.
Astrée de Mulder : C’est exact ! J’aime que des meubles, des objets fassent naître des émotions. Des sourires souvent. J’aime provoquer des chocs et constater que finalement tout va plutôt bien ensemble.
Pour accompagner Astrée dans sa création, rendez-vous sur la plateforme participative Kickstarter: >>> kickstarter.astreparis.com
Texte : Veronick Dokan