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Design Miami.Paris 2025 : notre sélection des « hits » de cette édition

Un voyage en design moderne et contemporain

Pour sa troisième occurrence, Design Miami.Paris a repris ses quartiers à Saint-Germain-des-Prés, au cœur de l’Hôtel de Maisons, un écrin idéal pour accueillir certaines des galeries internationales les plus prestigieuses. Au programme : objets d’art, design de collection, propositions innovantes et pièces chargées d’histoire, dont certaines sont dignes d’une collection muséale. Dans cet article, on vous dévoile les créations qui ont retenu notre attention, celles qui ont éveillé nos sens, tant par leur pertinence d’usage et par l’imaginaire qu’elles convoquent que par leurs qualités esthétiques ou de fabrication. Suivez-nous pour une visite subjective à la rencontre de pièces qui racontent un design, à la croisée d’un passé proche et d’un présent résolument contemporain.

Maarten Baas : Children’s Clock

 

Carpenters Workshop Gallery a présenté une création haute en couleur signée Maarten Baas, designer néerlandais de renommée internationale. Trônant sur son socle, la Children’s Clock, parée d’un rouge vif, ne passe pas inaperçue. Éditée à seulement 101 exemplaires, chacune se distingue par sa propre nuance. Quant à sa forme irrégulière, elle évoque le geste maladroit d’un enfant, à l’image de celui qui indique l’heure. Pour concevoir cette horloge peu commune, Baas a demandé à 720 enfants de dessiner les aiguilles d’une horloge à une minute donnée. Assemblés, ces 720 dessins uniques reconstituent l’heure, minute après minute, au fil des 720 minutes d’une demi-journée.

Carpenters Workshop Gallery

© Benjamin Baccarani, avec l’aimable autorisation de Carpenters Workshop Gallery.

Arthur Hoffner : Fontaine à l’entonnoir

 

Les Manufactures nationales – Sèvres & Mobilier national ont proposé une sélection de créations célébrant le centenaire de l’Exposition internationale des arts décoratifs de Paris. Parmi elles figurait la Fontaine à l’entonnoir d’Arthur Hoffner, réalisée à la Manufacture de Sèvres lors de sa résidence en 2018. À mi-chemin entre design et objet d’art, cette fontaine évoque une véritable mythologie intrinsèque à sa fonction, et bien plus encore : Hoffner suggère le mouvement sans pour autant imiter la nature. Chaque élément prend la forme d’un objet du quotidien qui interagit avec l’eau, de l’éponge en grès jusqu’à l’entonnoir en porcelaine, rappelant ceux que l’on trouve dans nos foyers : un jeu d’illusionnisme savamment orchestré.

Les Manufactures nationales – Sèvres & Mobilier national

© Gérard Jonca / Sèvres – Manufacture et Musée nationaux

Christian Pellizzari : Le lustre Rye Ergot Floating

 

Chez Nilufar, l’éclectisme est roi : les fragments d’histoire se mêlent aux pièces contemporaines, et nous n’avons pas pu passer à côté de l’une d’elles, si monumentale qu’il était tout simplement impossible de la manquer. Voici le lustre Rye Ergot Floating, dont les courbes organiques évoquent celles du seigle, longtemps associé à un riche folklore. Le résultat : une création tentaculaire, empreinte d’onirisme, qui semble défier les lois de la physique.

Nilufar

© Stéphane Aboudaram

Vincent Dubourg : Stonehenge Armchair (Part B)

 

Du côté de Carpenters Workshop Gallery encore, nous retrouvons deux assises de Vincent Dubourg, dont la Stonehenge Armchair (Part B), à la fois sculpturale et fonctionnelle. Presque entièrement en bronze, cette pièce illustre la volonté du créateur de désacraliser l’objet d’art tout en sublimant le quotidien. Ce « beau fonctionnel » prend vie dans son laboratoire d’expérimentation creusois, où il « pousse les matériaux jusqu’à la rupture ». Polyvalent, l’artiste s’intéresse non seulement à la fonte des métaux, mais aussi à de nombreuses techniques artisanales traditionnelles telles que l’ébénisterie, le soufflage du verre ou le cintrage du bois.

Carpenters Workshop Gallery

©Nicky Roding, avec l’aimable autorisation de Carpenters Workshop Gallery.

François-Xavier Lalanne : Tortues Topiaires III

 

Dans les jardins de l’Hôtel de Maisons, les visiteurs se laissent aller à la détente autour d’une coupe de champagne, loin de l’effervescence intérieure. En prêtant attention à la végétation, on peut distinguer la présence de créatures surprenantes se fondant presque dans les brins d’herbe : deux tortues végétalisées, proposées par la galerie Mitterrand. Ces sculptures en cuivre patiné mêlent faune et flore, à l’image de l’esprit inventif de leur créateur, François-Xavier Lalanne, pour qui l’art et la fonction ne pouvaient faire qu’un.

Galerie Mitterrand

© Studio Shapiro, avec l’aimable autorisation de la galerie Mitterrand.

Jean Derval : Le cavalier au Bouclier

 

La galerie Thomas Fritsch – Artrium se démarque par une sélection de céramiques d’après-guerre, dont ce charmant cavalier muni d’un bouclier. Réalisée par Jean Derval, cette pièce unique en terre chamottée émaillée a pris vie à Vallauris, où l’artiste s’installe pour développer sa pratique et, aussi, tout simplement par goût du Sud. Ici, les influences sont méditerranéennes et les références renvoient à l’Antiquité, plus précisément aux Étrusques. L’œuvre a été vendue lors de la foire, et il est vrai que la cote de Jean Derval connaît une ascension certaine, portée par l’intérêt croissant des collectionneurs pour la céramique d’après-guerre.

Marie Cornil & Alexandre Willaume : CR Boxes System

 

Au cœur de la foire, nous découvrons un espace dédié à la scène émergente : « Designers of Tomorrow ». C’est dans ce cadre que nous faisons la connaissance de CR Boxes System, la réalisation tout en transparence de Marie Cornil et Alexandre Willaume. Issu de leur résidence de recherche à la Cité Radieuse – Le Corbusier, ce projet s’inscrit dans une démarche d’expérimentation autour du verre, notamment par le thermoformage. De ces nouvelles pratiques résulte toute une série de boîtes de rangement éditées par Glas Italia, à convertir en étagère ou en bureau, si l’envie vous en prend.

Designers of Tomorrow

© Elodie Croquet

Designers of Tomorrow est une initiative de Design Miami et Apple

Frida Escobedo : Creek Chair 02

 

Du côté de la galerie Friedman Benda, nous découvrons une œuvre surprenante de Frida Escobedo, la Creek Chair 02. Cette création en acier inoxydable, entièrement ornée d’une traînée de billes en nickel, évoque une sensation de flottement, comme si l’assise était emportée par le courant. Pour ce faire, l’artiste interroge l’usage et la matérialité de l’objet, et ce dès les prémices de sa conception : une démarche cohérente visant à magnifier l’ordinaire.

Friedman Benda

© Timothy Doyon, avec l’aimable autorisation de Friedman Benda et Frida Escobedo.

Edward Barber et Jay Osgerby : Signal F2 Polychromatic

 

Cette année, la Galerie Kreo a de nouveau conquis les visiteurs de la foire — nous compris. Quelle joie de tomber sur la Signal F2 Polychromatic d’Edward Barber et Jay Osgerby ! Ici, les courbes se font discrètes : une structure en aluminium laqué, deux grands abat-jour coniques pour seul ornement, ni plus ni moins (même si le verre soufflé à la bouche chez Venini, à Murano, ajoute une touche finale de raffinement à cette superbe pièce).

Galerie Kreo 

© Alexandra de Cossette, avec l’aimable autorisation de la Galerie Kreo.

YVES SALOMON EDITIONS et Pierre Marie : La collection Pastoral

 

À l’occasion de sa première participation à Design Miami Paris, la Maison YVES SALOMON ÉDITIONS investit une pièce habituellement fermée au public : l’ancienne salle de bain de Karl Lagerfeld, jadis maître des lieux. Dans ce décor néoclassique, les motifs bucoliques s’épanouissent sur les coussins, le tapis, un pouf, jusqu’à gagner la suspension. Il s’agit de la collection Pastoral, fruit d’une collaboration avec le designer Pierre Marie, qui y orchestre une rencontre poétique entre ciel et terre. « La Prairie » et « Le Firmament » s’érigent en une fresque enchantée, à la naïveté apparente mais à la maîtrise remarquable.

Yves Salomon

© Ivan Erofeev

Nipa Doshi et Jonathan Levien : Cabinet Doshi Levien

 

Au fil de notre déambulation, revenir vers l’exposition des Manufactures nationales – Sèvres & Mobilier national se révèle judicieux : nous y attend un meuble à l’architecture singulière, le Cabinet Doshi Levien, que nous aurions aisément pu manquer. Le regard est immédiatement happé par l’assortiment de couleurs qui habille sa façade : des plaques et formes en porcelaine s’y superposent, composant un subtil jeu de textures. Le résultat est à la hauteur des dessins de Nipa Doshi et Jonathan Levien, à la fois délicat et parfaitement équilibré.

Les Manufactures nationales – Sèvres & Mobilier national

© Gérard Jonca / Sèvres – Manufacture et Musée nationaux.

James de Wulf : Resonating Ping Pong Table, Song no. 1

 

Depuis l’intérieur de l’Hôtel de Maisons, nous percevons des sons graves provenant du jardin. Ils ne sont pas désagréables, mais leur rythme reste imprévisible. Intrigués, nous sortons côté jardins et constatons que tout un groupe a eu la même idée. Ébahis, nous découvrons que l’étrange mélodie provient… d’une partie de ping-pong ! Deux joueurs se lancent la balle, raquette en main, et chaque contact sur la surface de la table produit un nouveau son. Voilà l’œuvre du Californien James de Wulf : la Resonating Ping Pong Table, Song No. 1, composée de couches de plaques d’aluminium accordées sur une gamme dite « pentatonique » en La mineur, autrement dit une échelle sonore de cinq sons. Force de proposition, le designer a remporté le prix du « Best Design At Large Presentation » lors de l’événement.

Design Miami Paris

© Nicky Roding

Jaime Hayon : Organism Coffee Table

 

Sur notre liste figure une seconde création présentée par la Galerie Kreo : l’Organism Coffee Table du designer espagnol Jaime Hayon. Les formes pleinement arrondies, tout en courbes, sont résolument organiques, comme son nom le laisse présager. Un style très caractéristique de celui que l’on surnomme « l’Almodóvar du design ».

Galerie Kreo

© Alexandra de Cossette, avec l’aimable autorisation de la Galerie Kreo.

Léa Mestres : 4-6 Ciutat Vella 

 

Enfin, nous faisons une dernière visite à l’espace d’exposition de la Carpenters Workshop Gallery, là où nous apercevons un assortiment de luminaires démesurément grands : l’un d’entre eux, habillé d’un jaune franc, est aussi haut que nous ! Solaire, l’exécution de la plasticienne et designeuse Léa Mestres illumine l’Hôtel de Maisons et, surtout, amuse les visiteurs. Pour la créatrice, l’acte de création est vecteur d’une jovialité contagieuse, loin des standards esthétiques aseptisés. Cette inspiration lui vient d’un voyage au musée Dalí, à Figueras, en Espagne, où l’absurde semble se jouer des codes et des formes. Voilà une ultime note de légèreté pour quitter les lieux, avec l’espoir d’y découvrir, l’an prochain, d’autres pièces tout aussi remarquables.

Carpenters Workshop Gallery

©Nicky Roding, avec l’aimable autorisation de Carpenters Workshop Gallery.

© Ivan Erofeev


Texte : Yamina Benahmed