Pour votre série d’objets “ready-made”, comment sélectionnez-vous les produits MUJI à détourner, et quel détournement vous a-t-il le plus surpris en atelier ?
JEAN-SÉBASTIEN BLANC : On ne travaille pas en atelier, figure-toi.
CLAIRE RENARD : Mais surtout pour les objets !
JEAN-SÉBASTIEN BLANC : On travaille en magasin.
CLAIRE RENARD : On est allé dans le magasin des Halles, on a créé directement en magasin. Non, mais vraiment, je te promets. Les vendeurs nous ont pris pour des tarés. Ils rangeaient derrière nous parce qu’ils voyaient qu’on touchait plein de trucs.
JEAN-SÉBASTIEN BLANC : En fait, on a tout à disposition : on transforme le magasin en atelier. Au début, on se présente et ils disent : “Ne vous inquiétez pas, ce sont des designers, ils réfléchissent”. Du coup, on a tout sur place et on combine : “Alors, on sait qu’on a besoin de ça, on a besoin de ci.”
CLAIRE RENARD : Par exemple, pour l’entrée, on a besoin d’un meuble à chaussures, parce que forcément on enlève nos chaussures. Muji propose plein de boîtes aux profondeurs, dimensions et hauteurs variées, qui s’emboîtent et restent parfaitement fonctionnelles. Il ne restait plus qu’à choisir les bonnes boîtes et à trouver le coussin adapté pour le dessus. Mais vraiment, ça s’est fait en boutique. Je vois la patère, la cabane à oiseaux. On avait identifié des objets sur le site, mais après, il y a peut‑être eu quatre propositions de cabane à oiseaux pour Milan. Et, au final, on en a retenu une qui me paraissait la synthèse même de ce module pour oiseaux, parce qu’elle reprenait vraiment cette idée de tranche, comme la maison, avec ce trou qu’on ouvre, et tout était calibré.
JEAN-SÉBASTIEN BLANC : À la base, on part d’un besoin quand même, c’est-à-dire, on ne fait pas des objets pour faire des objets. On voulait faire une sonnette pour la maison parce que comme il n’y a pas de sas, il y a une proximité, c’est bizarre de voir des gens arriver chez toi comme ça. Tu vas chez Leroy Merlin, ils te vendent un bouton avec une pile, il faut acheter le boîtier, tu mets une domotique à l’intérieur. Pour moi, une sonnette dans mon imaginaire, c’est ding-dong, je suis là. Et donc c’est tout mignon, donc on prend un bol en acier, on prend une cuillère, on commence à se demander comment peut-on faire du bruit, comment créer la petite sonnette ? C’est un objet hyper marrant, mais qui est assez symbolique de notre approche. À Milan, tous les gens qui rentraient dans cette maison utilisaient la petite cuillère sur la cloche et ding-dong, je suis là. Et ça fait vraiment le petit ding-dong qui est charmant, qui est simple, et le petit bruit qui fait du bien.