Quand j’arrive dans la petite rue calme du 14e arrondissement où Clément et sa copine Alix habitent, je suis, comme d’habitude, en retard. Heureusement, Fabienne, notre photographe en cheffe, est là depuis un bout de temps déjà pour tirer le portrait de ce jeune couple moderne et photographier ce qui m’intéresse particulièrement, le bureau d’un écrivain.
C’est-à-dire l’espace de travail d’un artiste, le laboratoire intime d’où surgissent des histoires souvent très éloignées du lieu précis où il les élabore. Et comprendre comment un créateur, s’affranchissant nécessairement des contraintes purement productives, réussit à se faire une place dans une grande ville comme Paris qui, entrée de plain-pied dans la mondialisation, ne cesse de s’étendre, d’accélérer et de se renchérir. Je ne connais pas bien Clément. Nous nous sommes croisés quelques fois chez des amis communs. La dernière fois, c’était chez Saint-Germain (-des-Prés). À l’enterrement de Dominique Noguez, grand écrivain que nous avions la chance de connaître tous les deux. Après la cérémonie, un peu déboussolés, nous sommes allés boire un verre ensemble dans un café à l’écart. Nous avons parlé de tout et rien. Mais je me souviens que sa malice et la délicatesse de son jugement m’avaient plu. Une délicatesse que je retrouve quand, aussitôt arrivé chez lui, il me propose de généreux croissants achetés exprès et un grand café. Dans son appartement de 45 mètres carrés baigné de lumière faisant face au jardin luxuriant d’un vieil hôtel particulier, le temps de la conversation coule agréablement. Un temps où Clément nous parle tout à trac de son travail, du confinement, de ses projets, de son apprentissage de Paris, de son rapport complexe à cette ville inépuisable dont l’avenir le préoccupe parfois, de la mythologie littéraire qui parcourt ses rues. On y croise Modiano, Léo Malet, Matisse ou Brassens.
L’écrivain Clément Bénech chez lui, à Paris.
Tu fais partie de cette espèce assez rare, celle des vrais Parisiens, avec quelques allers-retours.
Effectivement, je suis né à Paris, dans le 14e arrondissement, à Notre-Dame de Bon Secours, j’ai grandi à Paris, j’ai eu mon bac à Paris, j’ai fait des études germaniques et de lettres modernes à la Sorbonne. Puis je suis parti à Berlin en Erasmus. En revenant, je suis reparti deux ans à Bordeaux faire un master de recherche en littérature française. Mon mémoire était consacré au photographe et écrivain Édouard Levé, qui m’intéressait pour sa double approche qui m’inspire dans mon travail. J’ai eu mon master là-bas. Je suis revenu à Paris pour un deuxième master professionnalisant en édition à la Sorbonne et fait mon stage de fin d’études chez un éditeur de livres pour enfants à New York. Rentré à Paris, pendant quelques mois j’ai terminé un roman et puis j’ai été embauché comme éditeur de livres jeunesse, en tant qu’assistant, chez Albin Michel. J’y suis resté trois ans. Ensuite, j’ai pris une année sabbatique pour un nouveau livre et finalement, j’ai décidé de quitter mon métier d’éditeur en tant que salarié et de m’installer en freelance en vivant de piges à droite à gauche, en continuant celles que je faisais chez Libé et Marianne où j’ai une chronique sur les livres pour enfants. J’écris aussi pour un magazine suisse qui s’appelle Artpassions. Et je retravaille comme éditeur freelance en jeunesse.
Tu peux nous parler de tes livres ?
J’ai publié mon premier roman à 21 ans, L’Été slovène, ensuite Lève-toi et charme deux ans plus tard, puis Un Amour d’espion en 2017 et en 2019 un premier essai, Une essentielle fragilité, chez Plein Jour. J’ai eu mon premier prix littéraire pour cet essai.
J’imagine que tu as un nouveau projet ?
Oui, comme toi, j’ai un nouveau manuscrit de roman, peut-être pour 2022. J’en suis à ma V3. J’ai fait une V1 toute l’année 2020 pendant laquelle j’étais en partie en résidence dans le sud de la France, à la Fondation des Treilles, l’un des plus beaux endroits sur Terre que j’aie jamais vus. Comme dans les films de Sofia Coppola, je me trouvais sur ce domaine de 300 hectares, recouvert d’oliviers, de lavandes et traversé par les biches, les chevreuils, les sangliers, avec plein de gens, une bibliothèque, une cuisine, des gardiens, des ouvriers agricoles… et du jour au lendemain, le 16 mars 2020, on me dit « c’est le confinement, nous, on ferme, mais toi tu fais ce que tu veux ». J’ai dit « je reste ». Ils m’ont laissé une petite bagnole et sont partis. Il se trouve qu’Alix m’avait rendu visite ce weekend précisément, par pur hasard. Ils m’ont dit qu’elle pouvait rester. On est donc restés trois semaines tous les deux à courir sur le domaine, à profiter de cet endroit incroyable. On allait faire les courses à 10 kilomètres, c’est tout.
Vous êtes devenus les gardiens de la fondation ?
Un petit peu ! Bon, il y avait quand même encore un type à l’entrée, car il y a de magnifiques sculptures disséminées dans le domaine, des Max Ernst, des trucs antiques. Tu ne peux pas les laisser totalement sans surveillance. Donc j’écrivais là-bas. J’y suis retourné en septembre. Alix est partie au bout d’un moment. J’ai passé trois semaines seul. Bref, j’ai écrit une V1 de 300 pages, 500 000 signes, que j’ai rendue fin 2020. Un truc un peu « bourrin », plus que ce que j’avais fait jusqu’à maintenant. Mon éditrice était, je cite, « un peu perplexe ». Mon agent aussi. Je me suis dit « j’ai merdé ». Donc j’ai repris à zéro. Tu vas sur Word et tu fais Nouveau document. Alors évidemment, j’ai copié un ou deux paragraphes, j’ai repris des phrases mais je suis reparti de zéro. J’ai pondu 80 pages en un mois. Je les ai rendues à mon éditrice en lui demandant si je partais dans le bon sens. Elle m’a dit « toujours pas ». Donc ma V2, niet. Je suis reparti de zéro. Mais là, j’ai laissé passer deux mois. Je me suis dit faut que je… (soupir), faut que je retrouve ce truc que j’avais quand j’ai fait mon premier roman. Sans calcul. Parce que quand j’ai fait la V1, j’étais déjà dans des calculs de « vieux darons » : « Si je sors à tel moment est-ce que ça va plaire à… »
« Comme dans les films de Sofia Coppola, d’un coup je me retrouve sur ce domaine de 300 hectares, recouvert d’oliviers, de lavandes… »
« Il faut revenir au plaisir de raconter et pas être dans le calcul de ce que ça veut dire au 1 000e degré. »
Tu faisais de la stratégie.
Oui, tu deviens stratège. Alors je me suis dit « cessons la stratégie. Revenons à cette chose basique, le plaisir de raconter quelque chose. » J’ai commencé une V3, j’ai fait 40 pages. J’ai renvoyé à mon éditrice qui m’a dit « ça y est, je te retrouve ». Donc j’en suis là. Je vais être à fond dedans. À la rentrée, pendant qu’Alix commencera sa chronique dans 28 minutes sur Arte, je vais faire ça.
Donc tu as compris où il fallait que tu sois.
C’est ça. Le livre va être un peu plus parcimonieux. On veut toujours en faire trop. Faire un roman avec plein d’implications, de résonances. Il faut revenir au plaisir de raconter et pas être dans le calcul de ce que ça veut dire au 1 000e degré. Du coup, j’ai rendu le livre plus modeste dans sa trame avec un propos plus limpide, plus simple. Et je pense que c’est bien pour moi, pour l’écrivain que j’essaie d’être.
Il y a les spécialistes de la complexité narrative et il y a aussi des lignes plus claires.
La ligne franco-belge comme on dit ! Il y a une distinction qui m’est assez chère : les écrivains de la partie et les écrivains du tout. C’est deux approches. Est-ce que tu pars du fait que tu aimes bien faire une phrase, faire un dialogue, faire une scène et après tu construis autour ou bien le contraire, tu as une idée générale et tu remplis. Je suis plutôt du premier clan. Pour moi c’est un peu l’équipe Hitchcock et l’équipe Hugo. Hitchcock, dans La Mort aux Trousses, il a cette vision d’un type poursuivi par un avion d’épandage et, ensuite, il construit son film autour. D’ailleurs, c’est extrêmement bien fait car on ne voit pas que tout est construit pour arriver à cette scène. Et Hugo c’est « je vais faire Les Misérables ». Et ensuite, touk touk touk, il rajoute.
Avec mille écueils et la probabilité de se perdre et d’être insatisfait, car c’est impossible, je crois, d’être holistique, de tout raconter. Tu ne racontes jamais tout.
C’est ça.
Est-ce que le sujet de ton prochain roman tournera autour de l’amour ?
Non. C’est l’histoire d’un jeune prof bordelais, assez bourgeois, qui vient d’une très bonne famille et qui étouffe de cet entre-soi bordelais. Il aspire à l’ailleurs, à rencontrer l’autre. Donc il demande à être affecté en Guyane. Il est très bien classé au CAPES, donc il a un boulevard. Mais il y a un bogue sur le site de l’Éducation nationale, un bogue irréversible, et on l’expédie dans un petit village d’Auvergne… Ça commence comme ça. C’est un peu un livre sur l’exotisme, sur l’altérité, sur la façon dont on veut parfois fétichiser l’autre. C’est censé être burlesque. C’est assez contemporain. Ça parle de sujets qui occupent notre espace médiatique, sur l’identité, l’assignation à ce qu’on est… c’est censé être drôle.
Tu as travaillé en résidence pendant quelques mois, mais ta pratique d’écrivain tu la centres où ?
Paris c’est vraiment mon centre de gravité. Même si la pandémie a fait que j’ai passé plus de temps en Auvergne dans le Puy-de-Dôme, où mes parents ont une maison. Et aussi parce que mon livre s’y déroule. Donc j’avais un pied dans chaque département.
Effectivement avec la pandémie, on découvre que le travail à distance est possible, et que pour l’écrivain, c’est sans doute un mode de travail qui lui convient particulièrement.
Oui, bien sûr. Et il y a aussi des détails qui changent quand même la vie. Il se trouve que pendant que j’écrivais, il y avait des travaux dans ma rue. Les derniers mois, qui pour certains ont été très chauds, ça tapait pas mal à l’appartement, c’était invivable. J’ai eu besoin de me mettre un peu plus loin. Mais mon centre de gravité reste ici. Mon dernier essai, qui est un petit essai sous forme fragmentaire — là encore on est dans la partie —, c’est une suite de morceaux, une mosaïque. Je l’ai écrit en quasi-totalité dans un café du quartier Gaîté qui s’appelle l’Hexagone. Parce qu’à cette époque, j’étais salarié et donc deux fois par semaine, je prenais une pause déjeuner d’une heure, c’est-à-dire que je mangeais un sandwich à toute vitesse et j’allais dans ce café, je me mettais en mode avion et j’écrivais une heure. Je suis un peu psychorigide sur les conditions d’écriture. Je suis assez grand, je n’aime pas être penché sur mon bureau et j’écris à la main. Et dans ce café, il y avait une sorte de table assez surélevée collée à une baie vitrée. Je suis très préoccupé par le feng shui. Il y avait beaucoup de lumière qui tombait sur ce que j’étais en train de faire, une musique douce, pas trop de monde, c’était bien. Pour moi il y avait une dynamique dans la répétition de ces pauses déjeuners et dans l’énergie du lieu.
C’est une énergie liée à ce café, une énergie urbaine, une énergie qui te correspond. Que puises-tu dans une grande ville comme Paris ?
En fait, ce qui est difficile, c’est de juger de façon absolue de quelque chose dans lequel tu as toujours baigné. Moi je suis né ici, j’ai grandi ici et ça été dur de m’extraire de cette eau. C’est seulement à 17-18 ans, par la littérature, que j’ai réussi à me placer un peu au-dessus de ce dans quoi j’avais vécu pour le découvrir pour de vrai. Et pour ça il y a eu les livres de Patrick Modiano. À 17 ans, j’ai découvert ma ville par la littérature. C’est cliché mais c’est vrai. C’était un lieu pas comme un autre parce que j’ai grandi dans le 8e, près des Champs-Élysées. J’allais faire du vélo le dimanche, on traversait la place de la Concorde et on pédalait sur les quais avec mon père. Ce n’était évidemment pas n’importe où mais je ne voyais pas ce lieu comme quiconque le verrait. Donc j’ai dû passer par le détour de la littérature pour extérioriser mon regard et finir par aimer cette ville et vouloir la découvrir. Entre mes 17 et 21 ans, j’ai énormément marché dans la ville, j’étais en Lettres, j’avais du temps. J’ai voulu découvrir chaque arrondissement et je les ai arpentés pendant des heures et des heures.
Tu t’es réapproprié Paris.
C’est ça. J’ai essayé de changer mon regard pour adopter un regard extérieur, un œil neuf, quasiment être le touriste de ma propre ville pour voir sa beauté, sa grandeur, son génie, tout en conservant quelque chose d’assez intime avec elle. Pourtant, j’ai grandi dans un arrondissement qui est très moqué pour son ennui. Plus tant pour sa richesse, parce que l’arrondissement qui synthétise cette richesse, c’est plutôt le 16e. Mais le 8e est vu, je crois à raison, comme un quartier de bureaux et de vieux. La phrase que j’ai la plus entendue dans mon enfance c’est « ne touchez pas ». Ce qui d’un point de vue freudien est assez marrant. Disons que tu grandis entre le musée Nissim de Camondo, le musée Jacquemart André et le parc Monceau. On n’est pas dans L’Usage du monde[NDLR, en référence à l’ouvrage de Nicolas Bouvier]. On est comme dans un magasin de porcelaine. Tu vis un peu en rasant les murs, tu surveilles tout ce que tu touches. J’ai eu une très belle enfance mais du coup, il m’est arrivé de fantasmer des enfances plus libres, avec plus d’ampleur, où on courrait dans les champs. Ce qui imprègne mon enfance, c’est ce côté 8e conservateur.
Effectivement, tu retrouves cette ambiance dans les livres de Modiano.
Oui, quand Modiano parle du 8e, il adopte ce point de vue. Notamment dans Quartier perdu qui tourne autour de la Pagode de la rue de Courcelles. Mais il m’a aussi donné envie de franchir la Seine. D’aller voir d’un peu plus près ces fameux cafés. Alors évidemment à 17 ans, on est plus perméable à ce lyrisme, celui de Dans le café de la jeunesse perdue. On se dit que Paris, c’est aussi cette bohème-là. Lui, ça se passe dans les années 50-60. Peut-être qu’il me fallait ce recul. Avec cette distance, je voyais avec plus d’acuité ce que j’avais sous les yeux. Jusqu’à mes 18 ans, Saint-Germain-des-Prés, ça restait juste un nom. La rive gauche, il m’était arrivé d’y aller, mais sans l’identifier comme la Rive Gauche. J’ai reconstruit une géographie sensible. Et en m’installant ici il y a un an, je me sens un peu plus chez moi. Il se trouve que l’on est, par hasard, à 100 mètres de l’endroit où je suis né, puisque la maternité Notre-Dame de Bon Secours est au bout de la rue. Dans ce quartier, je me sens beaucoup plus capable d’investir quelque chose d’émotionnel que dans le 8e, avec ses grands immeubles et ses rues où on ne croise personne pendant une heure le dimanche.
Ta présence à Paris est donc choisie. Au début elle allait de soi mais tu as redécouvert où tu étais et décidé d’y rester. Tu me parlais de ton travail qui n’est plus salarié. Est-ce que Paris, avec tout l’attachement que tu lui portes, c’est une ville contraignante pour la création, ou tu arrives à t’y ménager un espace ?
J’éprouve une difficulté à juger dans l’absolu une ville qui a pour moi quelque chose d’intime. J’aimerais parfois la voir comme pour la première fois pour être capable de la saisir de façon objective. J’ai beaucoup aimé Bordeaux quand j’y ai vécu, j’aime beaucoup Lyon. Parfois me prennent des envies, quand je vois les prix de l’immobilier, de changer de mode de vie, d’avoir plus de souplesse financière. Mais en même temps, mon métier d’éditeur se passe à Paris. Je suis en couple avec Alix qui travaille à la télé et ça se passe aussi à Paris. Donc on n’a pas tellement le choix. Et je suis né à Paris. Il y a une continuité qui se fait naturellement. J’ai été ailleurs et je reviens toujours, sans lassitude. Je me sens chez moi dans cette ville. Mais il y a aussi des questions qui deviennent de plus en plus pressantes.
Tu es donc sensible à ces questions.
Oui, ça me parle évidemment. Pourtant, dans mon rapport à l’écriture, j’ai toujours eu ce truc de fuir Paris. Mais peut-être que ça tient à ce qu’est cette ville, parce que c’est une ville saturée de littérature : Balzac, Modiano… Moi qui ai tant aimé Modiano, il y a quelque chose en moi qui n’ose pas se mesurer à ces géants. D’où la volonté d’aller chercher des territoires plus neutres comme la Slovénie où se déroule mon premier livre. Parce que j’ai senti qu’il y avait quelque chose d’un peu frais, d’un peu neuf dans ce pays qui est aussi vieux que moi. Après il y a eu l’Allemagne, New York qui sont des territoires plus parcourus littérairement et pourtant je les ai écrits à Paris.
Pour toi, c’est une ville qui transpire la littérature. Malgré une certaine appréhension, ça te stimule certainement de t’y confronter.
De ce point de vue-là, c’est vrai. Mais ce serait encore comme une reconstruction. Le désir est là. Après je peux essayer de mettre des mots dessus. J’ai un attachement à cette ville et je me dis que je devrais avoir le droit de vivre dans la ville où je suis né. Et pourtant la question se pose chaque jour. Les prix de l’immobilier font qu’en ce moment on peut, on n’a pas d’enfants. Mais je ne sais pas pour combien de temps. Je ne sais pas si j’aurai toujours envie de mettre une telle portion de ce que je gagne dans mon loyer. Moi j’ai peur d’un Paris qui dans 20 ans, serait réservé aux banquiers, aux Saoudiens et aux avocats.
Est-ce que tu perçois cette mutation ?
Ce que j’observe à mon échelle, c’est que les jeunes gens qui ne sont pas dans des métiers d’argent, d’affaires, sont de plus en plus cantonnés au quart nord-est de Paris, voire poussés dans les banlieues lointaines. Et je me demande si, dans quelques années, quelqu’un qui est né à Paris mais qui n’est pas banquier pourra encore y vivre.
Est-ce que ça veut dire qu’une partie de l’âme créative qui fabrique la mythologie de cette ville se déporterait ailleurs ?
Oui c’est sûr, j’y crois totalement. Je crois qu’en littérature, c’est en train d’arriver. Il y a un centre de gravité qui se déplace vers Bordeaux, avec le TGV en deux heures. Il y a des maisons d’édition qui sont en train d’y éclore. Moi je crois sérieusement que dans quelques années, il faut qu’il y ait une concertation collective du secteur de l’édition — qui est quand même un marché minuscule — pour décider de quitter Paris. Comme l’a dit Hervé Le Tellier, tout le marché de l’édition en France représente 10 % du CA de Renault. C’est une puissance symbolique énorme mais économiquement, ce n’est pas grand-chose. Bien sûr, il y a un dilemme du prisonnier : une maison ne peut pas partir si toutes les autres restent. Est-ce qu’il ne faudrait pas se dire, comme avec les grands accords du XXe siècle entre les États-Unis et les Soviétiques « on part tous à Bordeaux, on fait une ville des livres » ? On choisit une ville, Angers, Angoulême… bon pas Angoulême, c’est déjà pris, mais on part tous ensemble et on refait la littérature ailleurs. Cela dit, les éditeurs s’exportent au-delà du périph, La Martinière, Bayard, Anne Carrière…
Comme pas mal de groupes de presse déjà…
J’ai constaté dans l’édition jeunesse, notamment dans l’illustré, que ce qu’il y a de plus bouillonnant ne se passe pas à Paris. Ce sont les écoles de Strasbourg, de Lyon… À Paris, je ne suis pas sûr de retrouver ce bouillonnement. Il faut de l’oxygène, de l’espace…
Si tu es de plus en plus soumis à des contraintes financières pour simplement maintenir ton style de vie, c’est autant de temps en moins pour la création.
Chose qui, forcément, me préoccupe un peu. Après, je n’ai pas une attitude qui consisterait à dire « le monde me doit de pouvoir vivre dans la ville où je suis né ». Je sais que c’est un privilège et qu’il faut peut-être bosser deux fois plus dur qu’ailleurs pour s’y maintenir. Mais du point de vue de la création, c’est une question que je me pose souvent. Celle du temps que j’investis dans le fait de maintenir ce mode de vie. Je sais qu’il y a des gens qui écrivent beaucoup plus que moi en quantité. Parce que moi, je fais des petites choses à droite à gauche pour tenir…
Au risque de devenir une sorte d’écrivain professionnel, qui « pond de la ligne »…
Je n’en suis pas là mais c’est toujours un spectre qui te guette. Mon désir du moment, c’est de trouver quelque chose d’un peu stable en parallèle qui ne soit pas forcément dans le livre. Je n’aime pas dormir là où je mange. Ben là, c’est un peu pareil. J’aime bien l’idée de séparer. Je suis un peu en réinvention de ce point de vue. Est-ce que ça passera par prendre un petit boulot deux jours par semaine dans le quartier ? Parce que je suis très curieux de la vie du quartier, du 14e. Je me suis offert quand je suis arrivé ici le Dictionnaire historique des rues de Paris de Jacques Hillairet. Je suis très curieux de ce qu’a été le quartier de Plaisance qui était un quartier de buvettes, de guinguettes, de joie comme son nom l’indique. Je suis devenu curieux de tous les artistes qui y ont vécu, notamment dans les petites villas. Par exemple la Villa Duthy, en face tu as un immeuble où ont vécu Prévert et Léo Malet. Si tu remontes à Plaisance, tu as la fameuse impasse Florimont où Brassens a vécu vingt-deux ans. Si tu vas plus du côté d’Alésia, tu as la Villa d’Alésia où Matisse avait un atelier pendant quelque temps… Donc il y a pas mal de choses que j’ai notamment redécouvertes par un livre publié chez Parigramme, Paris dans les pas de Patrick Modiano. Il évoque des souvenirs du 14e comme ça… Il passe par le parc Montsouris, par la porte d’Orléans… J’ai aussi lu un livre de Léo Malet qui s’appelle Les Rats de Montsouris et pour parodier Bachelard, ça augmente les valeurs de la réalité. On n’est plus dans le fonctionnel des rues. Il y a quelque chose qui émane du sol et tu vis dans la littérature. Même si je suis quelqu’un d’assez visuel, fondamentalement, c’est par le mot et la littérature que la réalité gagne en intensité, c’est quelque chose de presque hallucinatoire.
Cette vibration est importante pour toi ?
C’est très excitant de vivre dans une ville qui a une histoire, une ville où en regardant un coin d’immeuble tu vois les siècles défiler. Moins dans ce quartier qui, quand même, jusqu’à la fin du XIXe siècle, n’était pas un bidonville mais presque. C’était complètement insalubre. Léo Malet te raconte bien que du côté de la rue Vercingétorix, les maisons étaient des espèces de baraquements invivables. Notre immeuble date des années 30, mais il n’est pas impossible qu’avant, ce ne fût que des maisons insalubres. Haussmann n’est pas trop intervenu dans le 14e, il semblerait que ce soit un des quartiers les plus divers en matière d’architecture. Il se passe des choses étonnantes ici.
« Moi j’ai peur d’un Paris qui dans 20 ans, serait réservé aux banquiers, aux Saoudiens et aux avocats. »
Tu es sensible à la beauté de Paris, tu la perçois d’un point de vue esthétique, plastique.
Aujourd’hui, il y a de nombreux débats sur le réaménagement de la ville alors que pas mal de grands projets, de modernisations, d’implantations de nouveaux équipements sont en cours. Je suis préoccupé par ce qui se passe à Paris. J’ai l’impression d’avoir à la fois un esprit moderne, je suis très curieux de littérature contemporaine, de toutes les expérimentations dans le domaine de l’image, et en même temps avec ce qui se passe ici, j’ai du mal à voir une forme de cohérence ou d’unité. On pourrait objecter que l’incohérence peut aussi être un principe esthétique, mais je me demande si on est encore capable de faire des choses comme l’opéra Garnier. Autant j’aime beaucoup le Centre Pompidou, je ne suis pas de ceux qui pensent que c’est un furoncle sur la ville, autant, toutes ces espèces de nouveaux bancs en bois flotté qui se retrouvent tagués en moins de 48 heures et qui ressemblent plus à des objets entreposés qu’à quelque chose de pérenne, ça me déplaît. Et peut-être même au-delà de la forme des objets, c’est le fait de ne pas les projeter dans une vie future. Dans un de ses bouquins, W. G. Sebald parle de ces bâtiments qui ont été conçus en ayant en tête leur état futur, quand ils seront devenus des ruines. De futures ruines. J’ai l’impression qu’on ne pense pas le devenir de ce qu’on… « entrepose ». C’est le terme qui me vient à l’esprit quand je vois le nouvel équipement urbain, le remplacement des bancs Davioud par des rondins. J’ai du mal à comprendre. Et pourtant je ne suis pas dans l’esprit de ceux qui s’agenouillent devant l’ancien par principe. Qu’est-ce qu’on décide de faire de pérenne ? C’est ça qui me préoccupe.
Tout le monde n’est pas urbaniste. Il y a eu de grands urbanistes qui ont fait la cohérence de Paris, qui je crois, fait intimement partie de sa beauté. Pour d’autres villes c’est autre chose. Mais pour Paris, c’est ça. Ce qui perturbe, c’est peut-être le côté fragmentaire des interventions…
Esthétiquement, je suis guidé par un principe qui est celui de l’unité. Pour le coup c’est peut-être très classique. Par exemple, l’autre soir, on a vu le film L’Inconnu du lac d’Alain Guiraudie avec Alix. J’ai trouvé qu’il avait plein de qualités et, à la fois, il y a ce flic qui sort de nulle part, qui a cette longue chemise en soie, qui n’a pas de badge, rien. Je me suis dit que c’est un personnage qui aurait été très bien dans un film des frères Coen. Mais là, dans un film très réaliste, tu te poses la question de sa présence. Ça casse la force cinétique du film. La cohérence donne une force cinétique. C’est le cas dans une œuvre qui se déroule dans le temps comme un film. Dans une ville qui est un objet spatial, ça a aussi sa justesse. Comment on acquiert une identité visuelle ? Est-ce en ajoutant des choses un peu partout comme à Dubaï ? Ça touche à mes questionnements esthétiques personnels, je me rends compte qu’ils ne sont pas universels. Mais ce qui se passe à Paris me préoccupe, c’est sûr. Et pour être un peu politique, j’ai trouvé que les personnes qui se plaignaient de l’état de la ville étaient assez vite cataloguées à l’extrême droite. Ça facilite un peu les choses. On doit pouvoir accepter que les gens se posent des questions sur leur cadre de vie, le fonctionnement de leurs infrastructures. Un truc très bête. J’aime beaucoup prendre le bus. On nous a changé les abribus il y a 4 ans. Et un écran sur deux ne fonctionne pas. Je me pose la question. Est-ce que c’est du mauvais matériel ? Il y a un effet d’amateurisme qui s’en dégage. C’est un peu la sensation que j’ai eue avec Vélib. Je ne suis pas dans le truc de dire « y’a trop de travaux ». Il faut bien qu’il y ait des travaux pour que ça soit mieux un jour. À l’époque d’Haussmann, il y a eu des grands travaux et ça a dû ennuyer aussi. Mais quand de nouvelles choses sont installées, parfois je doute. Je suis un opposant total de l’œuvre de Koons installée derrière le Petit Palais. Je trouve que les ronds de jambe, le grand habit de mots qu’on lui a fait pour essayer de légitimer ce truc étaient moliéresques, du domaine du comique total.
On peut parfois penser à un empilement d’interventions gadgets, un peu tout en même temps.
Ce qui m’inquiète, c’est qu’on ne pense plus pour les siècles mais pour l’instant présent. Je reviens de Toscane, je suis passé par Florence, par Sienne, par San Gimignano. Je me suis dit « voilà des villes qui ont pris un parti ». On est comme au XVe siècle. Ce ne sont pas des villes modernes. Elles perdent sans doute en compétitivité, mais au moins il y a un parti pris. Et elles en tirent leur force. Florence c’est un endroit magnifique, mais c’est un parti pris. Ce n’est pas une ville ancrée dans son époque. Sienne non plus. À Paris est-ce qu’on a décidé ? Il y a des gens qui trouvent que c’est une ville musée, moi je ne trouve pas. Il y a un flottement.
Une grande ville qui concentre autant de choses que Paris peut rester multidimensionnelle sans forcément renier sa beauté. Il y a évidemment des interventions qu’on pourrait juger gratuites, qui ne participent ni à sa modernité ni à ses activités.
Oui, et puis il y a des choses purement idéologiques qui ne passent pas par la case « esthétisme », qui est une notion qu’on a encore une fois reléguée aux confins du spectre politique. Les uritrottoirs… tout ça.
C’est un paradoxe. Il y a plein d’études qui stigmatisent l’accaparement de l’espace public par les hommes, qui démontrent qu’il est fait pour eux, et maintenant on leur permet carrément de pisser en public. On l’institutionnalise.
Tu sens que ça a existé parce que ça a été porté par un halo verbal, porté par le vent. Quand le truc est là, c’est peut-être joli 48 heures, mais une fois que c’est tagué, laissé à l’abandon, et que t’as un flot de pisse qui s’en écoule, c’est sûr, on n’est pas dans la ville musée. On n’est plus dans le figé. On glisse dans le tiers-monde. Mais ce sont des questions qui, aujourd’hui, sont vite taboues. Et puis ça touche à la question de l’art contemporain qui est assez passionnante, qui mobilise très vite des affects qui n’ont rien à voir avec ce que devrait être un débat dépassionné sur l’avenir d’une ville que tout le monde aime. Je n’aime pas cette rhétorique du « ils détestent Paris, ils veulent détruire Paris ». Non, je pense que les gens globalement sont de bonne foi. Raison de plus pour avoir des débats constructifs sur notre avenir.
Peut-être subit-on cette mise en cause des experts dans cette dérive populiste où la voix de chacun est équivalente, à l’encontre de la représentativité et du pacte social. Donc chacun est expert, chacun est paysagiste, chacun peut décider du pied d’arbre de sa rue en intervenant dessus. Et on se retrouve avec des choses souvent variables et assez vite abandonnées.
Je suis assez d’accord avec Gaspard Proust. On veut faire des pistes cyclables, des jardins partagés, et lui dit : « Vous voulez de la campagne ? Mais allez repeupler la Creuse, y’a une place de dingue, allez-y ! » Je comprends assez. Mais j’aime bien passer devant un petit potager pas loin. Ça m’amuse mais quand ça reste raisonnable, quand on n’essaie pas de mettre la campagne à la ville. C’est une question d’essence, de ce que l’on est.
« Je suis très curieux de ce qu’a été le quartier de Plaisance qui était un quartier de buvettes, de guinguettes, de joie comme son nom l’indique. »
Tes premiers romans se passent dans des villes et dépeignent des histoires d’amour. Est-ce que, pour toi, la ville est le lieu de l’amour ?
Je pense que ce qui m’a intéressé dans l’amour et qui m’a semblé digne d’en faire des romans et qui était consubstantiel à la ville, c’était l’anonymat, la disparition. Quelque chose qui est quand même moins facile dans un village. Les gens se connaissent quand même plus. Là, pour moi, dans cette déambulation urbaine, l’amour a pu servir de prétexte pour créer un moteur qui faisait que le personnage se promenait dans la ville, en découvrait certains aspects, était prétexte à la description de lieux que moi j’aime bien. Mais il y avait quelque chose de l’anonymat, de l’inconnu qui évidemment suscite une quête et donc potentiellement un roman. J’ai toujours eu du mal à parler de l’essence d’une ville. Je pense que ce ressenti d’une essence est très corrélé à des expériences individuelles. Pourtant j’ai essayé de parler de Berlin ou de New York en tant qu’elles ne se confondaient pas avec d’autres villes. Mais pour moi ça passe plus par le récit que par le discours, par le « il était une fois » que par l’affirmative : « Berlin est comme ça ». Ces affirmations sont des morceaux de bravoure qui peuvent impressionner chez les autres mais dont je suis incapable et qui peuvent me sembler ridicules quand elles essentialisent un lieu
C’est donc plutôt une sorte de forme qui va typer l’histoire que tu y projettes.
C’est ça. Ce qui est intéressant avec des grandes villes comme Berlin ou New York, c’est que le personnage débarque sur scène avec un héritage. Il n’arrive pas tout seul, tout nu. Il arrive avec un souvenir. Il y a un livre pour enfants que j’adore qui est écrit par un Allemand qui s’appelle Erich Kästner, c’est Émile et les détectives. Ça se passe dans le quartier de Schöneberg au sud-ouest de Berlin, je l’avais lu avant d’arriver à Berlin et quand j’ai écrit mon livre berlinois, je l’avais en tête. J’y fais d’ailleurs une allusion très minime. Mais voilà, on arrive avec un héritage. Et pour revenir au début de la conversation, l’héritage parisien, pour l’instant, m’effraie. Je ne me sens pas légitime. On pourrait me dire que pour New York, il y a un héritage littéraire de dingue, mais quelque part mon ignorance m’allège ! Je ne ressens pas ce poids. Peut-être que je me dis que, si je dois faire un livre sur Paris, ça doit être génial. Et du coup ça m’inhibe.
Est-ce que tu peux nous décrire ton bureau ?
C’est un bureau en bois foncé qui possède un tiroir dont j’ai perdu la clé. Tiroir dans lequel je conserve du matériel pour écrire des lettres avec des timbres Jacqueline de Romilly et des cartes de correspondance nominatives.
Tu as le souci de l’épistolaire.
Oui, j’écris beaucoup, notamment quand j’ai fini le livre d’un auteur vivant. Quand j’ai bien aimé, souvent je lui écris un petit mot. C’est un bureau qui a appartenu à mon grand-père. Il était commercial dans le papier. Il faisait beaucoup de voyages en Europe pour trouver de nouveaux papiers, de nouveaux marchés. Il écrivait aussi un peu. Il avait publié une ou deux nouvelles dans des revues et aussi des illustrations. C’est un bureau qui est face à une baie vitrée.
Tu me disais que tu étais assez feng shui, donc j’imagine que l’orientation du bureau n’est pas anodine.
Elle n’est pas anodine car je suis assoiffé de lumière. J’en ai besoin de beaucoup, dans tout ce que je fais, même quand je cuisine. Je n’aime pas les petites lumières douces. J’aime les gros spots de bloc opératoire. C’est pour ça que j’aimais bien écrire dans un café devant une baie vitrée, car j’ai besoin de voir extrêmement bien ce que je suis en train de faire. Ce qui rappelle peut-être un désir ancien de dessin. Que je réalise encore de temps en temps, je fais des petits dessins à droite à gauche.
« J’ai toujours eu du mal à parler de l’essence d’une ville. Je pense que ce ressenti d’une essence est très corrélé à des expériences individuelles. »
Tu me disais que tu t’y installais souvent en peignoir, tu y restes longtemps ?
C’était à moitié pour rire. Mais c’est quand même assez vrai. Je peux y rester assez longtemps en effet. Je me fais souvent un petit café. À l’époque où Alix allait travailler le matin, je traînais un peu et puis je m’y mettais. Ou alors je me fais un thé en rechargeant indéfiniment la théière. Voilà pour les jours où je peux écrire. Je ne suis pas quelqu’un capable de travailler beaucoup d’un coup. Quand je travaille bien, je peux écrire 2-3 heures vraiment max. Après, dans une journée d’écriture, je ferai autre chose. Je vais lire, m’aérer, en plus comme j’écris à la main, je ne sais pas s’il y a un rapport, mais il y a un côté qui demande plus d’énergie que de taper à l’ordinateur.
C’est un choix ?
C’est une habitude qui s’est transformée en choix ou le contraire. J’écris sur des carnets, un peu toujours les mêmes. En fait, j’ai des carnets où je fais un peu tout, roman, réflexions, je prends des notes sur ce qui passe. Et puis j’ai des carnets disons, « beaucoup mieux tenus », qui sont mes journaux. En ce moment je suis branché oiseaux donc je dessine beaucoup d’oiseaux. Mais ça, ce sont mes carnets vraiment perso. Je n’aime pas raturer, c’est mon côté psychorigide. Souvent j’écris à la ligne d’après en disant « oups… ».
Je ne sais pas si c’est anachronique comme pratique, mais tu livres à ton éditrice des carnets.
Non non, je saisis tout ensuite. Mais pas pour mon journal. C’est quelque chose qui va rester non publié je pense, mais j’ai besoin de ce rapport à l’écriture manuscrite parce qu’il y a le dessin aussi. Il y a une sorte de continuité. En revanche pour le roman, d’ailleurs pour moi c’est un moment très chouette, si j’ai écrit 8 pages manuscrites, eh bien le soir, je vais prendre une heure, mettre de la musique un peu fort dans un casque et taper à toute vitesse ce que j’ai écrit dans la journée.
Tu t’offres à chaque publication de livre, une belle reliure.
Oui, pour marquer le coup et pour avoir mon exemplaire d’auteur, qui ne ressemblera pas à ceux qui sont dispersés dans le monde. J’ai choisi des couleurs de reliures qui se mangent : prune, olive et melon. Et pour mon essai, je l’ai fait chez un petit relieur à côté de la maison, j’ai choisi framboise.
Et ce n’était pas trop cher ?
Non, je suis allé les trouver, je leur ai dit « bon ben vous me faites combien ? » Ils avaient l’air totalement perdus et du coup j’ai dit un prix « ben quoi 150 ? » Et ils m’ont dit « oui, oui, 150… » J’ai trouvé le prix qui m’allait sinon je ne pouvais plus le faire à Paris…
« L’héritage parisien, pour l’instant, m’effraie. Je ne me sens pas légitime. »
Pour découvrir Berlin avec Clément Bénech : Lève-toi et charme
Flammarion, 2015, 176 pages
Trop distrait par sa vie parisienne et sa petite amie Annabelle, un étudiant s’exile à Berlin pour finir sa thèse. Très vite, il se montre réceptif à tout ce qui peut différer le moment de s’adonner à la tâche.
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