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Paris est une grande blonde aux cheveux crépus

Une rencontre avec Vava Dudu  

Cette Entretien est issu de Sloft Édition 02.

 

Toujours entre deux taxis, entre deux trains dans lesquels elle n’est pas, entre deux expos ou deux livraisons de commandes. Il faut la suivre, Vava Dudu. La dame a la bougeotte. Depuis qu’elle est rentrée de Berlin en 2019, elle a déjà eu cinq domiciles parisiens différents. Et je suis pressé de découvrir le dernier en date ; en espérant qu’elle y sera encore quand je sonnerai.

En arrivant devant la grande pile de béton recouverte de graffs qui borde l’accès au long immeuble en bordure de voies ferrées dans lequel elle réside, j’essaye de me rappeler où je l’ai découverte. En regardant le clip « Bad Romance » de Lady Gaga, où la diva porte un trench signé Vava ? Lors d’un concert épique de son groupe La Chatte à La Station — Gare des Mines ? Ou, plus récemment, lors d’une soirée chez des amis qui l’ont adoptée après lui avoir confié une mission de décoration dans l’incroyable appartement vénitien que nous documentons dans ce numéro ? Il faut dire que l’artiste a de nombreuses cordes à son arc.

Aussi bien designeuse de mode que peintre, dessinatrice ou chanteuse. Impossible de la ranger dans une case, ce travers si français. D’ailleurs elle déteste ça, les cases. Renfermant chacune une catégorie de la population bien assignée. Comme si on n’avait pas le droit d’être multiple, de changer d’identité au gré de ses envies alors que le sujet n’a jamais autant été dans l’air du temps. D’ailleurs, pour elle, la personnalité qui fait rayonner Paris en ce moment, c’est Raya Martigny, mannequin transgenre rencontrée à Berlin. Vava, c’est plutôt « tu viens dans ma case », « je viens dans ta case », « on fait une fête dans la case ». Comme chez ses parents en Martinique. Alors bienvenue dans sa Kaz.
Peux-tu nous dire où nous sommes ?
Nous nous trouvons dans mon atelier où j’habite la plupart du temps avec Léontine, mon compagnon. Je suis arrivée ici cinq jours avant le premier confinement, ce qui a mis tout de suite une ambiance particulière dans cet espace qui se trouve à côté de la gare Montparnasse, en bordure des voies. Donc c’est aussi une ambiance très spéciale pour ça. Il y a des artistes qui n’ont pas voulu habiter ici. Moi, je trouve ça très poétique d’être autour du départ, de l’arrivée, des rails. C’est la première fois depuis longtemps que je ne suis pas aussi nomade que j’ai pu l’être. Ça faisait des années que je n’avais pas eu mon nom sur une boîte aux lettres. Ici, c’est le nid, mon nid d’amour, mon endroit pour travailler, pour me reposer. C’est mon endroit pour dormir aussi. Je n’étais pas quelqu’un qui dormait beaucoup avant ; je dors beaucoup plus aujourd’hui.
Tu as découvert que ça pouvait être sympa.
C’est sympa aussi ! [rires] Beauté news : le sommeil, ça rend belle ! [rires]
Depuis combien de temps vis-tu ici ?
Ça fait deux ans.
Et avant tu vivais où ?
J’ai habité dans le 10e chez des amis pendant une période, quelques mois à Saint-Ouen, trois mois à Ménilmontant. Avant, j’étais à Montmartre. Et avant ça, cinq ans à Berlin. Et puis voilà, ici c’est devenu mon endroit.
Entre le 18e et le 14e, quelle ambiance ?
Alors moi déjà, je ne connaissais pas du tout le 14e. Ce qui est marrant, c’est qu’ici, on est dans une barre HLM. Mais je n’avais pas vraiment calculé le côté populaire de ce quartier. Et très vite, tu es sur la carte postale de Paris. Parce que dès que tu sors d’ici, tu es très rapidement à Montparnasse, la rue de Rennes, les Invalides. Tu passes d’un quartier qui est très populaire, le 18e, Barbès et compagnie, à un quartier qui l’est moins. Même si on est dans un îlot populaire au cœur du 14e et du 15e, on est quand même dans les quartiers carte postale. On est très vite aux Beaux-Arts, sur les quais, la splendeur du Louvre. J’adore. Je me sens au cœur de Paris.
Pourquoi as-tu eu autant la bougeotte ?
Il y a deux choses qui m’ont fait bouger. Le fait de chercher un atelier, un espace de vie qui, rapport qualité prix, soit possible pour quelqu’un qui désire faire ce qu’il a envie de faire, toujours dans une perspective artistique. Et quand on est artiste et qu’on fait à peu près ce qu’on aime faire, ça veut dire qu’on ne peut pas forcément avoir des espaces parfaits ou alors pas pour une longue période. Donc il faut être souple, savoir rebondir sur des espaces, dans des endroits inspirants, saisir les opportunités qui se présentent.
C’est facile d’être artiste à Paris ?
C’est facile nulle part et c’est facile partout. C’est quand même une ville qui est hyper inspirante. Quand on ne connaît rien en art et qu’on a envie de découvrir, on n’est pas obligé d’aller dans les expos payantes, on peut rentrer dans les galeries, marcher dans la rue et être illuminé par beaucoup de belles choses. Après, si on a envie de devenir artiste, d’en faire un métier ou du moins de rentrer dans cette peau, d’être reconnu, d’être vu, ou d’exprimer ce qu’on est en tant qu’artiste, je dirais que oui, ça va. Mais c’est moins une question de facile ou pas facile que de savoir si on se sent bien ou pas. Il y a des jours où tout paraît formidable, beau, on est une page blanche que l’inspiration recouvre.
Tu es rentrée de Berlin à Paris et tu as fait en sorte de t’y installer.
Je suis née à Paris. Mais c’est vrai, à un moment j’en ai eu ras le bol de Paris. Je pensais ne jamais y revenir quand je suis partie à Berlin à la suite d’une rupture, à la suite de pas mal de choses. Une rupture générale on va dire… amour, travail… la ville ne me correspondait plus. J’avais envie de rentrer dans ce truc plus musique, plus clubbing, essayer des choses, essayer rien, rester des heures à regarder le plafond. Choses que Paris ne permet pas beaucoup. À Paris, les gens marchent beaucoup plus vite, il y a une cadence dans la marche. Dès que tu mets un pied dans le métro, tu te remets à marcher avec cette cadence. À Berlin les gens ne marchent pas comme ça. Je me suis surprise à repartir dans cette course en revenant à Paris. Je travaillais, et tout à coup, je me suis remise dans un speed en me mettant des montagnes de choses à faire en une seule journée. Mais c’est génial, car quand tu es dans une recherche personnelle, ça te remet dans une belle dynamique. Berlin, au contraire, c’est l’action dans la réflexion. C’est plus un endroit où on a le temps de réfléchir, de regarder le plafond. Je l’ai littéralement fait pendant des heures. On a le temps de capter ce qu’on veut faire ou pas de sa vie. Ne rien faire avant de se remettre à faire des choses.
Tu as été infidèle à Paris.
C’est ça. Il y avait un truc de deux maîtresses. Pour moi Paris, c’est une grande blonde mais métissée. Une Catherine Deneuve hybridée de plein de choses, une Catherine Deneuve crépue. Berlin, c’est Nina Hagen, la musique, le mythe Bowie, Christiane F. pour le côté fantasme, la nuit, la musique.
Berlin c’est la nuit et Paris le jour.
Oui, mais une brune peut être solaire, attention ! J’ai d’ailleurs eu une vie très très nocturne à Paris. Mais c’est tout de suite une ville qui te force à travailler parce qu’elle coûte plus cher. Surtout si, comme moi, tu te balades en taxi ! Bon alors on fait quoi, tu veux un atelier donc tatati tatata… Même si Berlin, c’est une grande ville, il y a un côté plus village, plus naturel, il y a plus de verdure, il y a des lacs. Ce sont deux villes complémentaires. Maintenant je vis ici. Quand, à Berlin, on me demandait d’où je venais, je disais : « Je suis parisienne. » Parisienne ça inclut qu’on peut être antillaise. La Parisienne c’est aussi une Algérienne, une Japonaise ou une Camerounaise d’origine, c’est une identité melting-pot, une ville-monde. C’est pour ça qu’à l’étranger, j’aime dire que je suis une Parisienne. J’ai très peu vécu en province, mais je commence à faire des résidences à Poitiers, à Bordeaux…
Le Grand Paris, ça te parle ?
Oui, il faut continuer à être dans cette dynamique. Plus de transports, plus de tramways, des bars sympas au-delà de Saint-Denis, au-delà de Montreuil. Il faut que les gens qui habitent plus loin aient envie de venir à Paris et vice-versa. Ça donne plus de pêche à une ville qui pourrait s’éteindre dans des vieux schémas bourgeois-bobos. Après tout, la vocation d’une ville, c’est d’accélérer les rencontres et les échanges. C’est ce qui fait son intérêt et sa force.
Le Grand Paris, c’est une bonbonne qui oxygène le centre-ville.
Voilà. Quand j’étais petite, je vivais à Sannois, et adolescente, je prenais le dernier train à la gare du Nord. Ce n’était pas la gare du Nord de maintenant ! À partir d’une certaine heure, c’était très compliqué de venir à Paris, de sortir en ville. Quand tu sortais le soir, tu restais chez les copains.
Tu habites dans un atelier ou tu travailles dans un appartement ?
[rires] J’habite dans un atelier. Je ne peux pas vivre sans avoir un atelier.
Il y a des artistes qui dissocient leur domicile de leur lieu de production.
Avoir un lieu de travail séparé, je fais ça quand je suis en résidence. Ça me permet d’avoir des espaces plus grands, différents ; j’aime bien que ce soient des espaces éphémères. Tu découvres un coin, tu es dans un climat différent. C’est ça que je trouve intéressant. Par contre, si j’avais un atelier et que je devais y aller de telle heure à telle heure gnagnagna… Nan ! Le bureau c’est pas mon truc. Moi j’adore pouvoir travailler en culotte, l’ambiance atelier intime.
Comment tu vis le faste des défilés, des vernissages avec tous ces gens qui se grisent de la présence des artistes autour d’eux, qui achètent de l’art et qui ensuite rentrent dans leurs grandes demeures ?
Bah moi aussi, je retourne dans mon atelier ! Quand je fais des collections ou une expo, de savoir qu’au bout il y a le défilé ou le vernissage, ça me met dans une énergie émouvante. Il y a un retour sur ce que tu as fait, ce sont des moments festifs, et le champagne, j’adore. Là, ça m’a fait du bien le retour de la Fashion Week. C’est un peu le carnaval de Paris. Quand j’étais ado, je faisais des photocopies des cartons pour rentrer aux défilés parce que je ne connaissais personne. J’y allais avec une copine, on s’invitait partout, Gaultier, Yohji Yamamoto… Dans le quotidien, il y a une routine même quand on est artiste. Donc ça fait des respirations, c’est important pour le mental.
Et tu n’as pas l’impression de servir une sorte de spectacle pour gens friqués ?
Je n’en ai rien à faire. Parce qu’en fait s’il n’y avait pas ces gens aisés, qui achèterait ? « Qui achète un dessin ? », c’était ma grande question. Ou un vêtement. Qui va aux défilés ? Quand tu n’y connais rien, que t’es une enfant et que ta mère n’est pas spécialement une cliente Dior et compagnie, tu te demandes qui va aux défilés, qui achète ces robes. Quand j’ai commencé à faire des accessoires, j’ai fait des choses revendues dans des magasins à des prix inabordables en tant que jeune créatrice. La notion de valeur pour moi réside dans ce que je fais parce que j’aime ce que je fais. Et s’il y a des gens qui aiment ce que je fais et qui ont l’argent pour, tant mieux. Ce qui est marrant avec mes dessins, c’est que j’ai intéressé certaines personnes qui n’avaient jamais acheté de l’art et qui m’ont acheté des choses. Qui m’ont acheté une chemise et l’ont encadrée ! Même si je leur ai dit que c’était plutôt fait pour être porté ! Je trouve ça mignon. Je trouve ça chouette. Je ne cracherai jamais sur la Fashion Week ou les collectionneurs. Il y a tout type de collectionneur. Les milliardaires bien sûr. Mais il y a des collectionneurs qui n’ont rien. Je ne vais pas rentrer dans les détails, mais par exemple, il y a une personne qui collectionne mes pièces, qui n’est pas argentée, mais qui tient, fait des crédits, qui me donne des nouvelles, me demande de mettre des pièces de côté, qui me paye en plusieurs fois. Ça fait deux ans qu’on travaille comme ça. L’art, c’est lié au désir.
Est-ce que tu cours après les prix, les trucs un peu académiques, la reconnaissance ?
Tu cours après des trains dans lesquels je ne suis pas ! [rires] Là, j’ai dû remplir une fiche pour faire une conférence dans une grande école à l’étranger. Ils me demandaient mes diplômes. Or je n’ai pas de diplômes. Pour moi le diplôme que j’ai eu c’est l’ANDAM en 2001 [NDLR, Association nationale pour le développement des arts de la mode]. Ça a été un moment où on m’a dit : « Ok, tu as une valeur. Ce que tu fais, ça le fait. » C’est quand même des gens de chez LVMH et compagnie. Aujourd’hui, ça a encore plus de poids. Mais tu m’aurais dit « tu vas avoir un agent, tu vas aller au Japon », avec lequel j’ai développé un rapport hyper fort depuis, je ne l’aurais pas imaginé. Pour moi avoir ce prix, c’était un peu comme avoir le bac. C’est ce que j’ai écrit dans la fiche. Que j’avais arrêté l’école à 15 ans. Que j’ai fait une préparation aux Beaux-Arts (Académie Grandes Terres), une petite école de mode (Fleuri Delaporte), mais que j’ai commencé à travailler à 16 ans. J’ai aussi eu le prix de la jeune création de la Ville de Paris. Les études, c’était pas mon truc mais j’étais passionnée par ce que je faisais. Donc ces prix, c’est venu labelliser quelque chose que je faisais toute seule. Et en France, les labels, c’est important. Ce n’est pas parce que tu arrêtes l’école que tu n’as pas un goût pour le savoir. Je passais ma vie à la bibliothèque. Mon problème, c’était l’autorité.
C’est vrai que le système scolaire français est très vertical.
Scolaire. Vraiment scolaire. Il y a une façon de faire. Et moi quand on me dit non, je dis oui.
Tu adores Paris, or quand tu regardes son architecture, tout est au cordeau. Il n’y a pas une ligne qui dépasse, il y a un rythme, une autorité dans l’architecture. Ça déteint sur le style des habitants qui ont cette élégance structurée et discrète qui type l’élégance parisienne. Toi, tu détonnes dans le paysage.
C’est sûr que moi, j’aime la modernité. C’est peut-être pour ça qu’une ville comme Berlin, avec son histoire compliquée et chaotique, ça me parle aussi. Je l’ai découverte juste après la chute du Mur, où tout était prétexte à faire la fête avec trois bouts de ficelle. Bref, à Paris, oui, il y a un côté nickel, très Catherine Deneuve, mais pour ce que j’en sais, elle est très sympa et drôle. Et Paris est très sympa et drôle aussi. Paris regorge de lieux moins chaotiques que Berlin mais somptueux dans lesquels tu peux exposer, faire la fête ou un workshop, que sais-je. Ce n’est pas fermé comme on peut le croire. De l’extérieur, il y a cette enveloppe majestueuse qui intimide peut-être, mais on peut s’insérer dans ses rides de vieille dame et Dieu sait qu’il y en a ! Je ne me suis jamais sentie rejetée par Paris malgré les articles sur moi du début : « Qui a peur de Vava Dudu ? »… Même des potes m’ont dit que je leur faisais peur au début… Je n’en ai pas joué, je n’ai jamais compris à quel moment je pouvais faire peur. Mes parents se sont embrassés pour la première fois sur les marches de Montmartre. Ils s’y sont dit oui. Je suis parisienne.
Peux-tu nous parler de l’appartement dans lequel tu as mis ta touche à Venise ?
Je ne connaissais pas Venise. J’ai d’abord rencontré Marc dans une soirée et il m’a parlé de son projet d’acquérir un appartement à Venise. J’ai découvert le lieu lors d’un premier voyage. Marc avait cette volonté d’en faire un petit bijou. Il m’a demandé de le conseiller. Je lui ai présenté Federico, un ami architecte, pour travailler en duo avec l’architecte mandaté par la municipalité de Venise. Ils ont travaillé ensemble et de temps à autre, je venais acquiescer, donner quelques indications sur les coloris, les sols… Et puis, j’ai fait le linge de maison, des coussins, le wall painting et surtout le dessin de la cuisine Totem. C’était une idée de Federico parce que l’espace dévolu à la cuisine était tout petit. Donc il a imaginé une sculpture décorative pour le séjour qui allait contenir toute la cuisine. Tu ne peux pas le louper. Et comme c’est en plexiglas coloré, ça prend diverses tournures selon les mouvements de la lumière du matin, du soir…
C’était la première fois que tu faisais un projet de déco intérieure ?
D’appartement, ouais. On m’a demandé plusieurs fois de faire des wall paintings. J’en ai fait un devant chez moi à Montmartre pour le tournage d’une équipe d’Arte qui venait m’interviewer. Je leur ai dit que j’avais fait un petit dessin. Finalement, ça recouvrait tout un mur de ma copro. J’aime bien dessiner en grand en fait. Comme ce que j’ai fait pour mon expo au Palais de Tokyo cette année. À Berlin, il y a eu un restaurant, un bar, quelques lieux publics. On me demande de plus en plus des wall paintings pour des maisons.
Ceux de Venise sont très beaux, en peinture dorée.
Oui, ils dialoguent avec les rideaux de portes en pièces de cuir. On voulait d’abord faire des rideaux en perles pour continuer sur l’idée de la lumière. Avec des perles de Murano. Ou alors un peu comme il y a aux Antilles, en plastique multicolore. Et tout d’un coup, on s’est dit : « Pourquoi pas en cuir ? » J’ai donc trouvé une grande peau que j’ai découpée moi-même. Et j’ai peint les panneaux.
On pourrait appeler ça Dudu Maison. C’est pas Pierre Frey, mais Dudu Maison.
[rires] On aurait pu aussi faire des meubles. Tu vois, ces chaises, c’est moi qui les ai dessinées pour mon premier showroom. J’avais aussi dessiné une table et des paravents pour présenter mes bijoux tissés en perles.
Tu es pas mal dans la récup. Tu aimes bien capter l’histoire d’objets qui ont déjà vécu ?
Les deux. J’ai toujours aimé le côté récup, moins par souci de ne pas gâcher, mais parce que, quand j’ai commencé les collections avec Fabrice Lorrain, mon associé au tournant des années 90-2000, on allait chez Emmaüs, et à l’époque tu trouvais que du Margiela, des grandes griffes en seconde main archi-intéressantes pour refaire des choses, et très peu de créateurs faisaient ça. On ne parlait pas d’upcycling. J’aime aussi bien partir de rien, d’une matière vierge, d’un objet neuf sans valeur pour en faire quelque chose qui, d’un coup, acquiert une valeur créative ou artistique. Je ne suis pas dans le passé. J’ai peur de m’ennuyer.
Léontine : On ne s’ennuie pas Vava, t’en fais pas.
Vava : [rires]

Photographies : Chloé Bruhat
Texte : Jean Desportes