Un lieu de vie, de travail et d’exposition, le tout dans 40 m²
L'appart-atelier de l'artiste Pia Chevalier.
L'artiste Pia Chevalier se définit elle-même comme une "designer-artisan" et l'appartement qu'elle partage avec son compagnon, producteur de cinéma, en est le meilleur témoignage ! Quand ils acquièrent cette surface de 40 m², tout est à refaire. Une aubaine pour cette artiste, aussi à l'aise avec les tubes d'acier et les tissus qu'elle travaille pour ses réalisations qu'avec les carreaux de ciment ou la colle à carrelage. Avec l'aide de ses parents, maîtres de la maison d'hôte Le 35 Mai, et de son compagnon, elle repense l'espace, le rénove, le meuble et le décore !
Sur le papier, ce n'était pas gagné : un (très) long couloir, un bloc WC inamovible, et des murs en béton armé hérités de l'ancienne clinique dentaire qu'abritait cet immeuble des années 30. Heureusement, Pia n'est pas du genre à perdre trop de temps en conjectures ; ici pas de plans, "on fait en avançant" et le résultat est étonnant. Un appartement artiste : tout à la fois espace de vie et de création, showroom mais aussi salle de projection (cinéma oblige). On l'a appelé la Home Factory !
Bonne visite !
Ici, même les cages d’escalier sont design !
Le couloir a été pensé comme une pièce à part entière. Dressing dans les placards et stockage dans les coffres au plafond.
Une table double emploi construite par Pia : elle lui sert d’établi pour travailler ses œuvres et de table à repas pour servir ses créations culinaires !
Un vase en céramique, deux vases en acier galvanisé, et une tringle en cuivre fixée sur des platines en laiton pour accrocher torchons et autres ustensiles de cuisine. Le tout pensé et fabriqué par la maîtresse de maison.
Ultime touche métallique : les cornières en laiton utilisées comme poignées de porte.
La vue vers la salle de bain.
Une touche d’Ardèche en plein Paris : les carreaux de ciment ont été récupérés dans la maison familiale, Le 35 mai.
30 cases, de quoi loger des livres, des vinyls, des pièces de l’artiste, des objets design et un rétroprojecteur ! Et l’unique meuble acheté de cet appartement : le canapé.
Le triptyque de bougeoirs dessiné par Pia pour Maison Intègre.
Le balcon parisien : espace mini mais plaisir maxi !
Les plantes aussi sont mises à l’honneur ici.
Deux petites peintures de l’artiste Victoire Decavele sous une aération d’origine en laiton.
L’accès à la chambre se fait par un petit sas qui se révèle derrière une porte coulissante.
Le lit est ancré au milieu des deux chevets faits sur mesure qui servent aussi bien de bancs d’exposition que de tables de nuit !
Toutes les œuvres ont leur place ici !
Et voici Pia qui nous a ouvert les portes de son appartement – atelier !
Interview de Pia Chevalier
Sloft Magazine : Quel est ton parcours ?
Pia : J’ai toujours voulu “faire” des choses; cuisiner, dessiner, ou fabriquer de petits objets… J’ai grandi en Ardèche et après mon bac, je suis allée faire une mise à niveau à Marseille. Une bonne transition entre mon petit village d’origine et Paris que j’ai rejoint ensuite pour passer un diplôme de Décor et Traitement de Surfaces à l’École Boulle. Après cela, je suis partie perfectionner ma technique de la laque trois mois à Kyoto puis un an à Montréal pour faire du design industriel. Après ces deux expériences à l’étranger je suis retournée à l’École Boulle pour y valider un master en Design Produit en juin 2017.
Les choses se sont enchaînées rapidement et dès le mois de septembre je me suis mise à mon compte avec mes premières créations, notamment les soliflores.
Sloft Magazine : Tu as touché un peu à tout pendant tes études, comment te définis-tu aujourd’hui ?
Pia : J’ai une démarche un peu particulière… Je réfléchis assez peu à ce que je vais développer et je ne dessine presque pas. L’inspiration vient avec la matière que j’ai sous les doigts ou entre mes outils. C’est comme cela que mes objets prennent vie, en travaillant le métal, la cire, la terre ou la pierre. Ils sont à la frontière entre l’oeuvre d’art ou de design et l’objet “utile”. Donc je dirais que je suis “designer-artisan” ! C’est toujours difficile de se “définir”, mais je trouve que la combinaison des deux termes me correspond assez bien et ne m’enferme pas dans une catégorie… Je fais aussi bien des tables en métal, que des vases, des bijoux et même peut-être bientôt quelques vêtements !
Sloft Magazine : Comment organises-tu ton travail ?
Pia : J’organise mon travail entre trois lieux. J’ai la chance d’avoir un grand atelier en Ardèche avec beaucoup de place et qui se trouve à côté de mon fournisseur de métal. C’est là que je prépare les différents éléments de mes pièces, je les découpe, les usine, les soude… L’assemblage se déroule ensuite chez moi à Paris où j’ai tous les outils nécessaires au montage. Le reste de mon temps je le passe au Tech Shop Leroy Merlin d’Ivry sur Seine. J’y trouve des machines que je n’ai pas, comme des imprimantes 3D ou des découpes laser. Cela me permet de faire mes recherches et de découvrir de nouvelles techniques.
Sloft Magazine : ce n’est pas compliqué de travailler dans le lieu où l’on habite, en couple ?
Pia : Tout est une question d’organisation ! Et de rangement dans mon cas… Je suis fétichiste des objets, j’en ai un stock impressionnant ! Et j’ai également tous mes outils… Il était donc absolument nécessaire de trouver des solutions pour pouvoir tout ranger. Le couloir de l’entrée est en grande partie dédié à cela avec les coffres au plafond et les grands placards.
Par ailleurs, j’ai fabriqué moi-même la grande table dans le séjour, elle est sur roulettes, ce qui me permet de la placer toujours à la lumière. Donc avec tous les rangements que l’on a créés et cet établi sur mesure, j’ai tout à portée de main ! Ce qui me permet de me mettre au travail en quelques minutes, suffisamment pour qu’il y ait une vraie coupure entre les deux univers et juste assez pour apprécier le fait de rester chez moi.