Hélène, la propriétaire des lieux, qui porte un pull confectionné par son amie Margaux Depralon.
L’appartement de la cheffe Hélène Barré
La cuisine, ça a toujours été son truc, à Hélène. Au point qu’elle décide de s’y lancer à fond en entamant une reconversion à 30 ans. Mais à 30 ans on a aussi envie d’indépendance, sans vouloir forcément tout sacrifier à sa passion. C’est une question d’équilibre. Il faut croire que le destin accompagne les audacieux qui l’enfourchent.
En 2017, Hélène fait un héritage qui lui permet, en partie, d’acheter un petit appartement de 23 m² sous les toits dans le 20ème à Paris. Avec l’idée de bouleverser cette surface classique et d’augmenter significativement son volume en récupérant les combles. Un projet qui réserve nécessairement son lot de mauvaises comme de bonnes surprises. Elle le confie à Atelier GAAM avec qui elle forme un véritable tandem pendant les travaux.
Car elle a les idées très claires sur ce qu’elle veut. Une bonne recette est toujours l’affaire de bons ingrédients. D’abord un véritable espace nuit dans lequel on peut se tenir debout. Du moins au pied du lit. Avec un accès via un escalier et pas « une échelle de meunier brinquebalante ». Et puis une belle salle de bains. Et enfin (et surtout) une cuisine « digne de ce nom » ! Les cordonniers mal chaussés ne font pas partie de sa philosophie personnelle. Pour la déco, place aux racines, au terroir. Aux pièces de mobiliers récupérées dans d’anciennes maisons de famille. En hommage à l’héritage qu’elle assume totalement. On est toujours le produit de quelque chose. Le bon produit quand il y a beaucoup d’amour. Et les bons produits, c’est tout ce qu’elle aime, Hélène.
Résultat, impossible de croire que la surface de l’appartement n’excède pas les 23 m² annoncés tant les espaces et fonctions sont multiples. Son escalier central, sa chambre à l’étage ou encore sa décoration éclectique et personnelle renforcent cette impression que l’on ne se trouve pas dans un appartement en plein Paris mais bien dans une maison, à la fois moderne et authentique, entourée de verdure !
Dans l’entrée en longueur, une enfilade de faible profondeur sert de vide poche et de rangement pour les chaussures, afin de faire de cet espace de circulation un espace utile. Cet objectif d’optimisation se poursuit avec l’implantation d’une salle d’eau et d’une penderie sous l’escalier qui permet d’accéder à l’étage.
La salle de bains est comme une boite, placée sous la partie nuit, précise Hélène.
Dans la salle d’eau, une douche à l’italienne a été installée en fond de pièce pour offrir un cadre plus intimiste. Le parti est pris d’exploiter les murs alambiqués pour y créer une assise. Traités en mosaïque bleu nuit, on aurait presque l’impression d’être dans un hammam !
On a mis du temps à trouver la bonne couleur pour la mosaïque. Et à partir de cette teinte là, on a essayé de donner une ambiance spa, avec des angles et des ronds.
Zoom sur cette poutre d’origine, qui apporte de la texture et de l’authenticité à l’enveloppe contemporaine de la pièce. On a fait tomber un mur porteur mais sans être vraiment certains d’où se trouvait la poutre… Bonne surprise, sa position nous a permis d’installer l’escalier sans trop de problème… On remarque que ce mix and match transparaît jusque dans le choix de la déco : des pièces au design scandinave épuré sont combinées avec des éléments plus éclectiques, comme ce miroir classique ou ce buffet parisien, autant de présences familiales pour Hélène.
La cuisine se veut moderne, mais également chaleureuse avec son plan de travail en bois faisant écho au parquet et sa crédence en zelliges qui reflètent la lumière.
Moi je suis cuisinière donc je voulais une cuisine spacieuse. Les archis ont bien poussé les murs et voilà ! De cette cuisine, j’ai envoyé des banquets pour plus de 20 personnes !
Cette crédence est peut-être ton sur ton, pour autant elle ne manque pas de caractère ! Sa fabrication artisanale rompt avec l’aspect lisse des façades de la cuisine, tandis que l’émaillage des zelliges reflète la lumière diffusée par les fenêtres.
Cette assiette m’a été offerte par mon frère, elle vient de chez Well Nest.
On aime la manière dont l’escalier abritant de multiples rangements a été traité : un bâti en blanc pour plus de légèreté avec de fines marches en bois pour un rendu élégant.
Je suis cuisinière, mais j’aime aussi les livres ! Alors j’avais besoin d’une grande bibliothèque. Celle là est accessible depuis la chambre et l’escalier. Ce sont les ouvriers qui me l’ont faite.
Placée sous les toits, la chambre est meublée de manière minimaliste tout en faisant la part belle à des éléments décoratifs qui contribuent à créer une ambiance plus personnelle.
Pour moi, c’était vraiment important de pouvoir se tenir debout au pied du lit ! Ici, la hauteur est de 193 cm. Pour cela, le plancher des combles a été rabaissé.
Dans cette chambre nichée, la bibliothèque sert de séparation avec l’escalier mais aussi de chevet. Bien que confiné, cet espace est particulièrement lumineux grâce à l’insertion d’une fenêtre sur toute la largeur de la pièce. Son châssis noir devient décoratif, et est rappelé par une lampe de chevet dans le même ton.
La verrière aussi a été réalisée par les ouvriers du chantier. Seul le battant du milieu est mobile.
Photographies : Fabienne Delafraye
Texte : Héloïse Rousseau
Réalisation : Atelier GAAM