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Le magazine des intérieurs urbains inspirants de 15 à 70 m²

Un appartement-galerie de 70 m² à Pigalle

Art moderne et contemporain + mobilier design dans un écrin haussmannien Après 4 mois de recherches et 50 appartements visités, Paul et Paul-Louis n'osaient plus espérer dénicher cette pépite ! Sa configuration est idéale pour leur projet : entrée directe dans la pièce de vie principale ; cuisine ouverte sur le salon, parfaite pour recevoir les clients ; rangée de spots adaptée à l'éclairage de tableaux ; murs blancs pour mettre en valeur ces derniers ; beau parquet point de Hongrie, moulures, pour une ambiance très parisienne… Ne leur restait plus qu'à accrocher les cimaises pour exposer leurs œuvres à loisir.

Car cet appartement ne sera pas seulement leur lieu de vie. Passionnés d'art et de design, les deux jeunes amis (23 ans !) ont commencé, trois ans plus tôt, une collection éclectique d'œuvres picturales et de mobilier. "Au bout d'un moment, on a éprouvé l'envie de se séparer de certaines pièces pour en racheter d'autres, plus importantes, d'artistes qui nous plaisent davantage aujourd'hui. Nous est alors venue l'idée d'un appartement-galerie."

Ils souhaitent ainsi proposer au collectionneur une alternative à la galerie traditionnelle, un peu froide, où l'on regarde, pose ses questions, achète éventuellement et repart. "Ici on le reçoit pour un apéro, un repas, et on échange sur nos passions communes, nos centres d'intérêt, notre goût pour l'art et le design. Nous ne demandons pas forcément ce qu'il recherche lorsqu'il nous contacte, et lui ne sait pas exactement ce qu'il va trouver puisque notre collection est renouvelée à peu près toutes les deux semaines !"

La Pulp Galerie est donc ouverte au public (sur rendez-vous uniquement) en janvier 2022. Elle est pensée comme un appartement de collectionneur et Paul et Paul-Louis n'hésitent pas à avoir des murs surchargés de tableaux et beaucoup trop de meubles pour l'espace. Chaque nouvelle pièce étant sélectionnée à l'unité, au coup de cœur, ils se débrouillent ensuite pour les faire toutes cohabiter. "Mais comme on respecte une époque (années 60 à 90), l'esprit est assez cohérent et finalement, tout se marie bien !"

En mettant le mobilier en scène et en vivant avec, ils montrent à leurs clients que, même onéreux, ces meubles sont faits pour être utilisés au quotidien. Tout est donc à vendre ici, vaisselle, lit, œuvres et mobilier. Pour découvrir leurs derniers coups de cœur, vous pouvez jeter un œil sur www.instagram.com/pulpgalerie ou sur pulpgalerie.com.

Et sans attendre, nous vous mettons dans la peau d'une ou d'un collectionneur pour une visite privée de la Pulp Galerie. L'occasion de rafraîchir ou compléter vos connaissances en art et design. ATTENTION : les coups de coeur ne préviennent pas !

Paul-Louis Betto et Paul Ménacer-Poussin, fondateurs de la Pulp Galerie.

L’esprit haussmannien est déjà présent sur la succession de façades en pierre, de très belle facture, avec leurs corbeaux, frontons sculptés, moulures d’encadrement…

Dans le hall d’entrée, les représentations de chardons, très Art nouveau, se marient parfaitement au bleu profond des menuiseries.

Dès l’ouverture de la porte de l’appartement, le ton est donné. Nous sommes accueillis par le fauteuil zébré Obliqua de Mario Botta (1983), dont l’assise a la particularité de s’enfoncer uniquement si l’on s’assoit dessus. Le plus grand tableau est de l’artiste australien Jordy Kerwick, “que nous aimons beaucoup et qui est de plus en plus recherché”.

Malgré les apparences, les chaises Seconda 602 de Mario Botta, en tôle perforée et dossier cylindrique en polyuréthane expansé, sont ultra-confortables. Au mur, à gauche, des miroirs de Mithé Espelt, “artiste des années 60 que l’on défend beaucoup, qui travaille très bien la céramique, les émaux et l’or, très présent ici”. Au centre, un dessin préparatoire de Paul Jouve pour une version illustrée du Livre de la jungle, de Kipling

Ce magnifique tapis a été fabriqué à 8 exemplaires seulement d’après un dessin du sculpteur français Antoniucci Volti, “Le Couple”.

Le lampadaire Shogun de Mario Botta, très graphique, permet de jouer à l’infini avec l’intensité de la lumière grâce à ses 2 abat-jour orientables en tôle perforée.

Non, cet imposant poêle en faïence originaire d’Europe centrale n’est pas à vendre ! Sa niche haute, derrière les portes dorées, servait autrefois de réchaud.

Lignes graphiques en noir et blanc pour ces céramiques d’Ettore Sottsass.

Le salon vu depuis la cuisine. Les murs blancs et la rangée de spots d’origine semblaient destinés à mettre en valeur toutes les œuvres qui viennent désormais s’y montrer.

D’inspiration organique, l’impressionnant canapé Terrazza d’Ubald Klug (1974) atteint le statut d’icône glamour suite à un shooting avec Mick Jagger ! Son éditeur, le suisse De Sede, avait la particularité de ne travailler qu’avec les cuirs les plus nobles.

La table basse aux allures d’ovni, œuvre du designer japonais Yasuhiro Shito, date de 1998. Hyper bien pensée, avec son pied en bois recouvert d’une feuille d’aluminium brossé, elle se marie parfaitement avec le mobilier autour, pourtant plus vieux de trente ans.

Au mur, à gauche, de l’art brut avec cette œuvre de Dan Miller, autiste d’une soixantaine d’années qui ne s’exprime qu’à travers sa peinture, découvert par le Creative Growth à Oakland.

Derrière l’iconique fauteuil Soriana du couple de designers italiens Afra et Tobia Scarpa, une lampe du groupe Memphis en céramique émaillée, qui, fait assez exceptionnel, est signée et numérotée à la main. En tableau, un projet de tapisserie par Jean Souverbie, un des plus grands artistes français des années 30 à 60.

Le designer de cette superbe étagère en inox des années 70 n’a pas été formellement identifié à ce jour… Au mur, à droite, une œuvre de Charles Lapicque (années 50), et au centre, de Pablo Tomek, artiste français contemporain.

Le graphisme en noir et blanc de la cuisine d’origine se marie parfaitement à l’ambiance du salon qui lui fait face. Le tout acidulé par le jaune du broc de la région de Keramis, en Belgique, et le service La Boule. Tableau de la jeune artiste londonienne Holly Brandrick.

Le mur de briques Nevada, très années 60-70, permet de profiter de la lumière de la salle de bains. La surprenante Boule de Villeroy & Boch (1970) propose un service de 19 pièces pour 4 personnes, en faïence émaillée. Les rhums arrangés concoctés par Paul, sont à consommer avec modération, bien sûr…

Installé dans une niche du couloir, le bureau avec son fauteuil Miss Dorn de Philippe Starck (1982). Posée sur le cahier rose, une sculpture en béton patiné “Caresse” de Francesco Passaniti. Cet artiste travaille uniquement le béton et a réalisé notamment le bureau d’Emmanuel Macron à l’Élysée. Miroirs de Mithé Espelt.

Petit détour par la chambre, puisque tout, ici aussi, est à vendre ! En fibre de verre laquée, créé par Marc Held pour Prisunic (1971), avec chevets et lampes intégrés, le lit double peut se diviser en deux lits simples. Lampadaire Guzzini, iconique des années 70.

Clin d’œil à ces mêmes années 70, symbole de libération des mœurs, une affiche du film de Woody Allen, “Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe…” Hasard ou souci du détail, les teintes chaudes du corps de femme font écho au coloris du linge de lit…

Le classicisme de la cheminée en pierre est fortement bousculé par le tableau très pop d’Enfant Précoce, “Club Flamingo” (2017). Les tables gigognes aux allures de faucheux (ses deux consœurs sont dans le salon…), de Gaetano Pesce, faites à la main, sont toutes uniques. Le lampadaire Megaron de Gianfranco Frattini, totémique, a la particularité de n’éclairer que vers le haut.

Dans la salle de bains très zen, une échelle limnimétrique. Pour éviter les débordements de baignoire ?

Les adresses les yeux fermés de Paul et Paul-Louis :
 
Le bouclard : Pour son excellente cuisine traditionnelle française, dans un esprit bon vivant, et pour Jacqueline, adorable, qui ne manque jamais de nous faire goûter son calvados. 1 rue Cavallotti, Paris 18e.
 
59 vins : Une des plus petites caves de Paris mais Romain (qui doit avoir à peu près notre âge !) y trouve toujours la bonne sélection, quel que soit notre budget. 22 rue de Moscou, Paris 8e.
 
Castorama : Que ce soit pour donner une nouvelle jeunesse à nos trouvailles design ou pour entretenir notre appartement… ils ont tout ! 1 rue Caulaincourt, Paris 18e.

Photographies : Fabienne Delafraye
Texte : Edwige Nicot

Réalisation : Paul-Louis Betto et Paul Ménacer-Poussin