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Le magazine des intérieurs urbains inspirants de 15 à 70 m²

Un air de médina sous les toits, 70 m² à Paris Xe

Un patio tel un diamant serti au cœur de l'appartement "Nous avons trouvé cet appartement grâce à une alerte mise sur Leboncoin. L'annonce a provoqué tellement d'appels qu'elle a été retirée au bout de quelques heures ! Les anciens propriétaires, avec lesquels nous sommes restés en lien, étaient très attachés à ce lieu et souhaitaient le vendre à quelqu'un qui en prendrait soin. Ils ont apprécié le fait que, dans notre offre, nous ne nous soyons pas contentés d'inscrire un prix, mais que nous ayons expliqué comment nous sentions que nous allions être bien ici." Et c'est ainsi que Léopold et Alba raflent la mise et se retrouvent propriétaires. Un coup de maître pour ce premier achat, car c'était exactement ce qu'ils cherchaient : atypique, des poutres apparentes, lumineux, dans un quartier vivant… "On ne s'attendait pas à trouver une telle pépite dans cet immeuble !"

L'appartement avait déjà été refait avec beaucoup de goût par les propriétaires précédents et ne nécessitait pas de rénovation lourde. Léopold et Alba souhaitent modifier la cuisine et surtout le "jardin d'hiver", pour pouvoir l'utiliser toute l'année. Pour cela, ils font appel à l'architecte d'intérieur Aurore de Charette. Dans la cuisine, mais également dans le patio, un béton ciré couleur sable, chaleureux, remplace le damier noir et blanc qui a été gardé dans la salle de bains. "Ici, le travail s'est fait sur la matérialité, explique Aurore : plan de travail, étagères et meubles hauts blancs apportent de la lumière, tout comme le superbe terrazzo de la crédence, sur laquelle on retrouve les touches de couleurs méditerranéennes, bleu, terracotta… distillées dans tout l'appartement. Les placards hauts et étagères, réalisés sur mesure en suivant la pente du toit, ont été ajoutés.”

La pièce maîtresse, le patio, est celle sur laquelle ils ont le plus travaillé. La verrière était déjà en place mais l'espace n'était pas mis en valeur. Ils transforment ce volume central en une sorte de salon marocain, avec de grandes banquettes et une bibliothèque maçonnées sur mesure à la chaux. La niche est agrandie et colorée façon terre cuite. Le même béton ciré que dans la cuisine est appliqué au sol. C'est désormais tout à la fois un lieu de repos et de rencontre, où l'on oublie facilement que l'on est en plein Paris !

Pour le reste de l'appartement, ils font juste quelques petits ajustements et installent leur décoration. Car, grands voyageurs, Léopold et Alba aiment rapporter des objets chinés lors de leurs pérégrinations : Maroc, Inde, Mongolie… L'exercice, délicat, consiste alors à ne pas surcharger les volumes restreints par l'important espace sous pente et la faible hauteur sous plafond. "Il fallait des petites astuces pour créer des limites visuelles sans encombrer, explique l'architecte. Ainsi, l'espace allant de la cuisine à la salle à manger est séquencé par la poutre laissée brute entre cuisine et salon, puis par la différence de niveau entre salon et salle à manger, et aussi par l'orientation des poutres, qui change à chaque zone."

Finalement, "il règne une bonne énergie ici, constate Léopold. C'est un endroit où on aime bien passer du temps, inviter des amis”. Allons donc découvrir cette pépite !

Léopold Fulconis, heureux propriétaire des lieux.

Ce n’est qu’après avoir grimpé ces quelques marches que l’on découvre l’appartement. Ici la lumière s’impose, réfléchie par le nouveau plan de travail immaculé de la cuisine. La suspension en verre (sa jumelle orne le patio) a été chinée chez Borgo delle Tovaglie, une boutique-resto italienne du XIe.

L’appartement étant assez bas de plafond, seule une poutre a été gardée naturelle et vernie, toutes les autres sont peintes en blanc pour ne pas charger l’espace. Le radiateur à ailettes Varela Design s’affiche comme une sculpture totémique et a toujours beaucoup de succès auprès des visiteurs !

Direction le toit. Car oui, il y a même un accès au toit ! Comme dans l’escalier de l’entrée, le blanc des murs contraste avec le bois brut des marches encadrées de noir. Le totem tribal a été acheté aux enchères à Drouot, le portrait rapporté d’Istanbul.

La terrasse fait le tour de la verrière du patio (que vous allez découvrir bientôt, patience…). “Ici, on peut admirer les toits de Paris et profiter de superbes couchers de soleil. On espère obtenir l’accord de la copropriété pour pouvoir l’aménager…”

Retour à l’intérieur. Sous l’escalier menant à la terrasse, des placards permettent de ranger l’aspirateur, les valises… Les cloisons en verre du bureau sont soulignées du même noir graphique que l’on retrouve dans tout l’appartement (garde-corps, cadres, sol…). Comme celles de la chambre, elles permettent à la lumière de circuler librement.

Dans le bureau, le canapé Pumpkin de Pierre Paulin (ligne Roset), dans sa chaleureuse version “velours orangé”, invite plutôt à… la paresse ! “Les tables basses Riviera de chez Maison Sarah Lavoine viennent de notre ancien appartement.”

Le canapé, les fauteuils et les coussins du salon ont été dénichés chez Maison Intègre, qui propose de superbes créations mettant en avant le savoir-faire d’artisans du Burkina Faso. “On essaie d’investir une fois par an dans une belle pièce, pour au final avoir une ambiance personnelle et de qualité.”

Le même espace vu depuis la salle à manger. À droite sur le mur, une mosaïque de photos argentiques perso en noir et blanc. Une passion pour Léopold, qui a décidé d’en faire son métier : il vient d’ouvrir une galerie et crée des “box” de découverte contenant un appareil argentique révisé et nettoyé, une pellicule, une lanière et un livret (@the.analog.club / www.theanalogclub.co. Lancement le 21 novembre).

Attention à la marche ! Les adultes sont invités à baisser la tête pour accéder au fameux patio. L’ouverture est ponctuée par de vieilles poutres en bois brut, poncées et vernies, qui mettent en valeur l’espace ainsi encadré.

Pour le bain de lumière et la vue sur le ciel en toute saison, c’est ici ! Pas d’inquiétude, les deux “yeux” qui semblent nous observer ne sont que des chauffages d’appoint. Trois ouvertures permettent à tout l’appartement de profiter de la généreuse luminosité de la verrière.

Livres, souvenirs de vacances… tout ici invite au farniente. Le blanc de la bibliothèque maçonnée à la chaux, ponctué du bleu des objets de déco, évoque les couleurs méditerranéennes de la maison de famille de Léopold, en Grèce.

Le tableau en tissu de Laurence Leenaert (LNRCE), designeuse belge installée à Marrakech, a perdu un peu de ses couleurs mais gardé sa fraîcheur graphique. “J’ai cassé le plateau inférieur de notre table Zorro (Note Design Studio, chinée sur Smallable). On a fait tailler un miroir pour remplacer le bout manquant.” Et voilà une pièce désormais unique !

Retour dans le salon d’intérieur. “On aime bien l’idée d’avoir pleins d’endroits où se poser dans l’appartement”. La table basse en rotin, chinée, présente un aplat original en mosaïque. Vase Love Handles d’Anissa Kermiche. Tapis rapporté du Maroc.

La vue d’ensemble sur la salle à manger, le petit salon-bibliothèque et la chambre, au fond, permet d’apprécier la luminosité apportée par les fenêtres de toit et celle donnant sur la niche ocre du patio. Au premier plan à gauche, “une des vieilles enceintes AR3 de mon grand-père, en bois. Elles sont très belles et produisent un excellent son !”

Les lignes très graphiques du tapis, rapporté d’Inde par les parents de Léopold, s’accordent à merveille avec celles des pieds de la table et de la bibliothèque. Repeinte en blanc sur l’extérieur, avec sa base gardée noire, celle-ci s’installe dans la continuité du meuble de la chambre.

Bar, bibliothèque, terrarium… C’est un joyeux bazar sur ces étagères !” s’amuse Léopold.

La forme très structurée du dressing, avec ses angles sinueux et ses trous en guise de poignées, se transforme en tête de lit en suivant la pente du toit. Son graphisme fort a été accentué par le choix des appliques tossB 25° (Inedit Lighting).

Vue vers la salle de bains depuis la chambre. Une commode faite sur mesure a été ajoutée pour un peu plus d’espace de rangement. Le tissu patchwork du couvre-lit a été rapporté d’Inde.

La salle de bains était en bon état et n’a pas été modifiée. Le meuble vintage scandinave a fait craquer Léopold, il a demandé aux anciens propriétaires de le laisser ! L’idée à piquer : la paroi de douche, cintrée de noir, qui fait office de miroir au-dessus du lavabo.

L’architecte d’intérieur, Aurore de Charette. “Une amie, dont c’était le premier projet, mais sûrement pas le dernier ! Nous avons été très satisfaits de notre collaboration.”

Les adresses les yeux fermés de Leopold :
 
Jesusparadis : Pour les cocktails et tapas sud-américains dégustés en extérieur, dans la courette. 4, passage du marché, 75010 Paris
 
Sur mer : Ici c’est poissons et fruits de mer : intime, simple et bon ! 53, rue de Lancry, 75010 Paris
 
Chez Prune : Un petit bistro de quartier sympa avec terrasse, près du canal. 36, rue Beaurepaire, 75010 Paris
 

Photographies : Valerio Geraci
Texte : Edwige Nicot

Réalisation : Aurore de Charette