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Le magazine des intérieurs urbains inspirants de 15 à 70 m²

Tonalités contrastées dans 60 m² à Paris

Un appartement comme un tableau. Les clients, un jeune couple de 30 ans tous deux, étaient à la recherche d’un premier bien à acheter ensemble. Les critères ? Une orientation sud, pas de vis-à-vis, un balcon et la possibilité d’avoir une seconde chambre. Pour trouver leur futur nid, ils ne sont pas passés par une agence immobilière mais par… un architecte. « Ils m’ont contacté car ils ont vu la réalisation d’un appartement à Montmartre dont je me suis occupé et ils voulaient que l’on travaille ensemble, explique Thibaut Picard, l’architecte en charge du projet. Ils n’avaient pas encore trouvé d’appartement et m’ont expliqué ce qu’ils cherchaient. Heureuse coïncidence, il se trouve que j’étais en contact avec un agent immobilier qui allait mettre en vente un appartement dans le 19e arrondissement, rue de Belleville, en plein dans le secteur que mes clients recherchaient ». Et c’est le match ! Niché dans les étages élevés d’un immeuble des années 30, l’appartement propose sur 60 m² deux balcons, une orientation plein sud sans vis-à-vis, une belle luminosité et sept espaces reliés par un couloir traversant. « C’était un bien assez particulier car plusieurs appartements avaient été réunis pour en former un seul. On avait donc d’un côté une enfilade de petites pièces et de l’autre, un long couloir qui desservait tous ces espaces », précise l’architecte. Mais c’est justement cette particularité qui a plu aux futurs propriétaires. « Ils aimaient bien l’idée d’avoir une surface tout en longueur, qui leur faisait penser à une longère normande ». L’architecte a alors retravaillé les volumes afin d’adapter les lieux à un mode de vie plus contemporain en créant 4 pièces (une pièce à vivre, une suite parentale, une salle de bain et un bureau) et a pris le parti d’en accentuer l’horizontalité et les perspectives.

Les nouveaux espaces arborent une palette de couleurs franches : rouge corail dans le séjour, gris bleuté dans le couloir, nude dans le bureau, bleu intense dans la chambre parentale et ocre soutenu dans la salle de bain. « L’appartement étant orienté sud, la lumière rentre pleinement. C’était intéressant de travailler sur des couleurs pouvant changer et évoluer en fonction de la luminosité », commente Thibaut Picard. Comme un tableau qui s’animerait et évoluerait au fil des heures de la journée… Les différentes teintes dialoguent entre elles et subliment au passage le choix du MDF vernis mat pour l’ensemble du mobilier sur-mesure agencé dans l’appartement, comme un fil conducteur. On le retrouve de la cuisine, où il constitue les façades, à la suite parentale, où il porte le lit sous forme d’estrade, jusqu’à la salle de bain, où il habille le dressing.

On vous emmène faire un tour ?

L’architecte Thibaut Picard.

On commence la visite par la pièce de vie, plongée dans un univers corail…

Côté séjour, le mobilier participe au travail sur l’horizontalité avec la création d’une banquette sur-mesure qui vient casser la verticalité des murs. « On a travaillé avec la designer Sophie Masson sur une palette de couleurs proche de celle des murs afin que le mobilier s’intègre et se fonde le plus possible dans l’architecture », explique Thibaut Picard.

Au fond, le conduit de cheminée représentait une contrainte technique que l’architecte a réussi à intégrer. Il a imaginé dans sa continuité une niche permettant d’exposer des objets derrière la banquette, éclairés par des spots LEDs dissimulés par le bandeau en bois au plafond.

 

Au mur, un tableau du grand-père du client, Jérôme Harinkouck, qui vient contraster avec l’univers corail.

On se retourne pour retrouver l’espace salle à manger, signifié par la table intégrée qui peut se dédoubler afin d’accueillir plusieurs convives. Côté assises, le couple a opté pour une touche de bleu, s’inscrivant là encore en contraste. « Les éléments colorés mettent en valeur l’architecture, et vice-versa », souligne l’architecte. 

 

La table est élégamment éclairée par une  suspension Anders Pehrson pour Atelje Lyktan.

On se rapproche pour mieux profiter de la cuisine avec ses façades sur-mesure en MDF qui dissimulent vaisselle et électroménager.

 

L’îlot et la crédence sont quant à eux recouverts d’inox apportant « de la profondeur grâce au jeu avec la lumière. »

Pour continuer la visite, on se dirige vers le fameux couloir tout en longueur qui laisse deviner une succession de pièces… 

Changement de palette chromatique ! L’architecte a opté ici pour un gris bleuté, variant en fonction de la luminosité. Le couloir a été travaillé comme un élément de transition et de perspective entre le salon et la chambre que l’on aperçoit au fond. Au mur, des appliques Ikea datant des années 1980 dénichées dans une brocante de la capitale.

Premier arrêt dans le couloir : le bureau / chambre d’amis. « Les clients souhaitaient un plan évolutif avec la possibilité de créer une deuxième chambre ».  En attendant, la pièce sert principalement de bureau. Le plan de travail a été conçu là encore en MDF. Il est comme suspendu et accentue les lignes horizontales de l’appartement. Aux murs, l’architecte a cette fois choisi une teinte nude pour réchauffer l’espace. Et en guise de porte, un rideau « très aérien, comme un paravent » vient cloisonner si besoin. « On ne voulait pas rajouter encore une porte au couloir. »

 

Et quid de l’arche ? « Cela permettait de casser le côté rigide du couloir. Mais c’est surtout un clin d’œil. Les clients ont habité auparavant dans un appartement avec une série d’arches ! »

 

Deuxième arrêt : la suite parentale, plongée cette fois dans un bleu intense. « On a également peint le plafond car on ne voulait pas que le blanc du plafond vienne interagir avec le bleu des murs » ajoute Thibaut Picard.

 

Dans la chambre, l’idée de l’horizontalité est renforcée par l’estrade conçue en MDF sur laquelle on vient juste poser un matelas. Avec en dessous, un beau volume de rangement.

Sur le côté du lit, on remarque une originalité… Une vitre sans teint qui vient refléter le couloir et la perspective du salon. « C’était une demande du client, cela exacerbe encore plus l’effet de longueur du couloir ».

Derrière la chambre, on découvre la salle de bain aux teintes plus chaudes, avec une jolie faïence ocre. 

Le meuble vasque bleu vient jouer les contrastes. Il est éclairé par une applique murale Motoko Ishii.

 

Dans le reflet du miroir, on devine le dressing avec ses grandes portes en MDF, complétant ainsi la suite parentale.  

Photographies : Didier Delmas
Texte : Julie Giuliano

Réalisation : Thibaut Picard