Pièces étriquées, matériaux « pauvres » caractéristiques des années 1970 et cloisons en surnombre : l’endroit n’invite pas spécialement au rêve lorsque Paola et son mari le visitent. « J’étais enceinte, nous étions très attachés au 18e arrondissement où nous vivions déjà, nous avions besoin de davantage d’espace… L’appartement nécessitait certes d’être entièrement rénové mais nous avons d’emblée été séduits par son exposition plein sud, sa luminosité incroyable et, surtout, les bonnes ondes qui s’en dégageaient. »
« J’aime l’idée d’un mobilier
unique, indissociable des
lieux dans lequel il s’inscrit.»
Affaire de circonstances autant que de passion : la transformation radicale de ce qui va devenir leur nouveau foyer sera confiée à l’architecte Jonathan Stene Burger, de l’agence Stene Alexopoulos Architecture. « On avait déjà rénové ensemble mon précédent appartement, c’est aussi un ami. J’aime beaucoup sa façon de travailler le béton et son sens du design », s’enthousiasme notre interlocutrice. Carte blanche lui sera donc donnée, « l’objectif premier étant d’optimiser au maximum cet espace compact pour accueillir une famille de quatre personnes », poursuit-elle.
De cet ensemble typique de son époque (long couloir, pièces compartimentées), l’architecte va faire un projet unique. Après la révision complète du plan et la transformation des volumes, il va surtout s’employer à dégager les éléments structurels d’origine, jusque-là masqués par le plâtre et la peinture, pour reconstituer l’ADN de l’endroit – réinvention autant que travail d’archéologie. Murs diaphanes, béton ciré au sol ou coulé brut en bloc sublimeront après réfection cette profession de foi brutaliste, habilement adoucie par des matériaux raffinés et un mobilier comme en apesanteur… Soit le mariage en blanc du profane et du sacré.
L’occasion pour le couple également de s’offrir une série de pièces uniques : l’imposante table à manger et ses voluptueuses courbes organiques, les étagères suspendues en acier qui distinguent le couloir du salon, l’enfilade de cuisine aux allures de monolithe suspendu se fondent dans le projet… Paola se souvient : « Nous préférions faire faire notre mobilier plutôt que de l’acheter en magasin. Mais surtout, ces meubles sont des coups de cœur quotidiens qui renforcent encore l’identité de l’appartement. »
« La fonctionnalité n’est
jamais sacrifiée au profit
d’une esthétique. »
Le chêne miel et la douceur du velours se mêlent harmonieusement à la texture brute des matériaux primaires. Aux murs, des appliques discrètes rappellent les volumes flottants… Tour de force, et subtile partition qui illustre à la perfection l’adage selon lequel les contraires sont faits pour s’attirer.


