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Passer de deux à trois chambres dans un 60 m² à Paris

Un appartement optimisé pour la vie de famille C’est bien connu : dans les séries télévisées, les cercles de parents qui attendent leur progéniture devant l’école constituent un excellent terreau d’intrigues. C’est là que tout se passe, de l’organisation du goûter d’anniversaire du petit Charly à l’enquête sur l’étrange disparition de la voisine. Dans la vraie vie, c’est aussi parfois le cas. Autrefois directrice artistique dans une grande agence de communication parisienne, Ingrid Prudhomme, devenue architecte d’intérieur après une formation à l’École Boulle, décroche ainsi en 2020 son « premier gros projet de rénovation d’appartement » grâce à une autre maman. Mère de deux enfants, elle est à la recherche d’un bien dans le 18e arrondissement où couler des jours heureux avec sa petite tribu. Alors qu’elle déniche un quatre-pièces qui pourrait faire l’affaire, elle sollicite l’avis d’Ingrid. « Il cochait à peu près toutes les cases », se souvient la conceptrice. « Lumineux, il avait déjà beaucoup de cachet, puisque situé au cinquième étage d’un immeuble du tout début du XXe siècle. » Si sa future cliente a néanmoins des doutes, c’est parce que le soixante mètres carrés ne compte que deux chambres, qui plus est disposées en enfilade. Créer une troisième pièce de nuit est-il envisageable ?

« J’ai pensé que cela était possible, car la cuisine, indépendante, pouvait selon moi être transformée », raconte l’architecte d’intérieur. En la déplaçant dans la salle à manger, elle parvient à libérer une surface de plus de 8 mètres carrés. Largement de quoi accueillir une troisième chambre, pour peu que l’on ait le sens du sur-mesure ! Si les autres pièces de nuit conservent leur implantation, Ingrid Prudhomme leur offre néanmoins deux entrées distinctes et crée même un dressing, grâce à l’ajout d’un nouveau couloir de circulation. De part et d’autre de l’appartement, quelques interventions ciblées et réfléchies optimisent encore l’espace. En témoignent par exemple l’aménagement d’une véritable entrée avec verrière pour laisser passer la lumière ou encore l’intégration des toilettes dans la salle de bains afin d’économiser un peu de place. Ce, en mobilisant une palette de couleurs et matériaux resserrée pour respecter l’esthétique minimaliste chère à la maîtresse des lieux. « J’ai eu beaucoup de chance qu’elle me fasse confiance ! », s’enthousiasme Ingrid. Sa cliente avait manifestement raison de le faire.

L’architecte d’intérieur Ingrid Prudhomme, fondatrice du Studio Blanche.

Vue des parties communes de l’immeuble datant de 1910. La cliente habite au 5e étage.

L’on pénétrait autrefois dans l’appartement par un long couloir sombre. Ingrid Prudhomme l’a remplacé par une véritable entrée, démarquée par une verrière en « verre flûte ». La cheminée, qui se trouvait auparavant dans la salle à manger, a été déposée pour pouvoir aménager la cuisine. Si elle n’est plus fonctionnelle depuis qu’elle a été remontée dans le salon, l’architecte d’intérieur a poussé le souci du détail jusqu’à ajouter des plaques de marbre au sol pour faire croire le contraire.

Derrière la verrière de gauche se trouvaient autrefois un placard ainsi qu’une cloison. Ils ont été déposés pour offrir un accès indépendant à la chambre de la fille de la propriétaire, aménagée en lieu et place de l’ancienne cuisine. Dans le salon, une table basse de chez RS Barcelona.

Focus sur la console USM et sur les étagères sur-mesure intégrées sous la verrière.

Dans le séjour très lumineux, Ingrid Prudhomme a dessiné une bibliothèque réalisée sur mesure en medium peint. Sa cliente, férue de lecture, peut ainsi dévorer autant de livres qu’elle le souhaite confortablement installée dans son fauteuil Pacha signé Pierre Paulin.

Ingrid Prudhomme a collaboré avec un staffeur-ornemaniste. Celui-ci a rénové les moulures dans le salon et ajouté une rosace ex-nihilo dans la salle à manger. Ici, la suspension est signée WO & WÉ.

Demi-tour et vue sur le canapé.

La cuisine, désormais ouverte, a été déplacée dans la salle à manger. De manière à estomper sa présence, l’architecte d’intérieur a choisi de réemployer le vocabulaire du salon en intégrant des rayonnages de bibliothèque.

Dans la salle à manger, équipée d’une table de chez BoConcept, la conceptrice a convaincu sa cliente de créer une banquette sur mesure pour gagner un peu de place. Très discrète, elle se laisse à peine deviner.

Au fond de l’appartement, Ingrid Prudhomme a érigé une cloison percée d’une verrière en verre flûte. Un moyen de dissimuler le nouveau dressing mais aussi de ménager un couloir de circulation pour accéder à la seconde chambre d’enfant ainsi qu’à la salle de bains.

Direction la chambre parentale.

Pour répondre au cahier des charges, la chambre de la propriétaire est volontairement réduite. Une concession pour Ingrid, qui confie « essayer d’éviter autant que possible de coller un lit à une fenêtre » en règle générale. Le papier peint provient de chez Édito et les appliques de chez Northern, modèle Birdy.

L’appartement se situe au 5e étage d’un immeuble situé à quelques pas du théâtre des Béliers Parisiens, dans le 18e arrondissement de Paris.

Focus sur la tête de lit et le papier-peint.

Dans le couloir à droite, la salle de bains.

« La salle de bains compte parmi les pièces que je préfère travailler, car elle autorise davantage de créativité », raconte Ingrid Prudhomme. Ici, elle s’amuse avec des carreaux de ciment dénichés chez Popham Design et du mobilier fabriqué sur mesure en placage chêne.

De manière à offrir aux enfants des chambres équipées de bureaux et de nombreux rangements, Ingrid imagine pour chacune des lits-mezzanines. « Mes propres enfants, qui sont dans la même classe que ceux de ma cliente, sont hyper jaloux : ils ne comprennent pas pourquoi ils n’ont pas la même chose à la maison », s’amuse l’architecte d’intérieur.

Photographies : Fabienne Delafraye
Texte : Mathieu Fumex

Réalisation : Ingrid Prudhomme du Studio Blanche, https://www.instagram.com/studioblanche.paris/

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