« J’ai acquis ce bien en 2019 ; jusque-là, l’immeuble tout entier était réservé à la location. Ses pièces étaient difformes, séparées par un couloir central, le tout daté dans son agencement comme sa matérialité : les équipements avaient fait leur temps, le carrelage blanc ne transmettait aucune émotion… », égrène Luc Pfister, fondateur du cabinet d’architecture qui porte son nom. Une liste de défauts longue comme le bras, qui ne décourage pas pour autant le trentenaire à l’heure de son premier achat immobilier…
Car le bien, situé au premier étage d’une petite copropriété datant des années 1930, dissimule de nombreux atouts : une double orientation qui le rend très lumineux, un balcon qui donne sur une vue dégagée… Mais, aussi et surtout, de simples cloisons qui peuvent toutes être abattues. « En les faisant tomber, j’obtenais une feuille blanche », confirme Luc. Beaucoup d’huile de coude, de nombreux allers-retours à la déchetterie : débarrassé de ses nombreuses scories – faux plafonds inégaux, vilaine toile de verre aux murs… –, l’ensemble révèle son potentiel inavoué. Si ses splendides moulures, trop abîmées, ne peuvent être conservées, le parquet d’origine (planqué sous une épaisse chape de béton dans la cuisine et la salle de bains) est finalement sauvé.
Repartir de zéro, pour mieux épouser le mode de vie de ses habitants, à la manière d’un vêtement au tombé parfait : tel est le cahier des charges que Luc s’impose. « Mon conjoint est steward pour des compagnies aériennes, explique-t-il, son planning très variable, ses horaires constamment décalés. Il était essentiel de tenir compte de cette différence majeure entre nos deux modes de vie, malgré la surface restreinte de l’appartement. » Après avoir isolé acoustiquement les plafonds, l’architecte dessine un module noir central qui va donner le tempo des lieux. Le quatre-pièces d’alors est refondu en deux, la chambre déplacée dans l’ancienne cuisine, la pièce de vie conséquemment agrandie. La salle de bains gagne elle aussi légèrement en volume, en empiétant sur l’ancien espace de circulation supprimé. « Cette nouvelle implantation a permis de souligner les belles perspectives sur l’extérieur, dès la porte d’entrée. Par intérêt personnel et dans un souci de maîtrise des coûts, je me suis chargé, avec l’aide de mes proches, de la majorité des travaux. »
« Et si le vrai luxe, c’était l’espace ? », scandait dans les années 1990 une célèbre publicité automobile. Trente ans plus tard, sa réponse implicite mérite d’être reformulée. Car en 2025, le luxe, c’est avant tout de vivre en totale liberté, dégagé de toute contrainte, la vie qu’on s’est choisie. L’appartement de Luc le prouve : même lorsqu’on dispose d’un budget limité, cet idéal reste à portée de main.





























