D’une ancestrale demeure victorienne avec terrasse, faire un sanctuaire bucolique. Quand Theo Games Petrohilos acquiert, en 2017, le rez-de-jardin d’une poussiéreuse bâtisse nichée dans le quartier bigarré de Kentish Town, au nord de Londres, l’architecte, designer et illustrateur s’est déjà distingué dans de nombreux domaines. Scénographie à grande échelle, design urbain, installations immersives… : les réalisations d’Unknown Works, firme qu’il a cofondée, l’ont vu maintes fois récompensé. Est-ce cette constante effervescence intellectuelle qui lui vaut d’envisager son chez-lui d’abord comme un lieu de retraite et de méditation ?
« Le moindre recoin de ce
projet m’a amené à repenser
ma vie de tous les jours. »
Symbiose placée sous le signe d’un minimalisme élégant, le foyer du trentenaire mêle audace et radicalité assumée – deux marques de fabrique qui signent ses créations. À l’origine, comme toutes les constructions de son époque, la vieille maison pâtit, sous le lino qui s’effrite et les dalles de faux marbre, de sa forme tout en longueur. L’absence d’éclairage direct et de ventilation naturelle du rez-de-jardin en fait un lieu étouffant, déconnecté (un comble !) de son environnement extérieur.
Mission première : remanier l’implantation en L pour en faire un summum de connexions et de fluidité. Certains murs seront abattus, d’autres poussés, la distribution entièrement revue — table rase faite du passé qui permettra à un nouveau plan, ludique et modulable, de s’imposer. L’utilisation extensive de panneaux de verre métamorphosera l’habitat : « Quelles que soient les conditions météo, les pièces donnent l’impression d’être immenses, souligne Theo. La lumière s’y infiltre jusqu’en fin de journée. Les plantes qui y abondent renforcent encore le sentiment de quiétude. » Versatilité : le terme acquiert ici de nouvelles lettres de noblesse pour devenir synonyme de luxe, calme et volupté. Le mobilier amovible rythme encore l’espace autant qu’il l’articule, au fil des heures du jour, et des besoins de son propriétaire – lequel adore recevoir.
Désormais, l’intérieur se fait extérieur et vice versa : l’extension du bâti ouvre sur un luxuriant jardin. L’étroitesse de la construction d’origine est également contredite par une cour intérieure autour de laquelle se déploient chambre et pièces de vie… Sa seule présence permet de redynamiser l’ensemble et de repenser ses fonctions, parfois de manière inattendue.
« Chaque texture, chaque
matériau a été choisi pour
agrandir l’espace. »
« Qualifier ce lieu d’oasis n’a rien d’usurpé, conclut Theo. La vie se fait ici à l’abri de la vue et du bruit de la foule… à quelques encablures, seulement, du centre de la capitale. »


