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Les 70s revisitées dans 46 m² à Paris

L'appartement tout en lignes de Simon Trouver la perle rare dans la capitale n’est pas toujours chose aisée, surtout quand le travail laisse peu de temps pour faire des visites. Pour son premier achat, Simon a donc souhaité se faire accompagner d’un chasseur immobilier qui lui a déniché une véritable pépite ! Situé dans le 18ème, son lieu de prédilection pour pouvoir rayonner facilement à vélo dans la ville, l’appartement comporte les atouts de sa décennie de construction : les 70s. Une base épurée, des ouvertures généreuses sur l’extérieur… et bonus non négligeable, une terrasse !

Dès sa visite initiale, Simon se projette dans l’espace : l’implantation existante ne nécessite pas de changement drastique et certains éléments d’origine méritent simplement d’être conservés et mis en valeur. Pour autant, les pièces sont assez cloisonnées et la cuisine vert pomme couplée aux murs orangés laissent à désirer… Il décide donc de faire appel à l’architecte Agathe Marimbert dont il partage l’esthétique. Celle-ci entrevoit tout de suite le potentiel de ce bien situé au dernier étage.

« Il y avait beaucoup de lumière et de grandes baies vitrées. Le plus simple était de garder la configuration générale, contrainte par la position des arrivées et évacuations d’eau. On a malgré tout refaçonné pas mal l’espace parce qu’on a créé un vrai sas d’entrée, ouvert la cuisine complètement sur le séjour et sorti le toilette de la salle de bain ».

Simon apprécie les formes circulaires ; ce sera le point de départ de ce projet pensé par Agathe et son équipe : « l’idée n’était pas de se retrouver avec une sorte de pastiche méditerranéen dans un immeuble qui n’a rien à voir avec cette esthétique, mais de s’inspirer de formes géométriques assez simples », faisant écho à l’appartement et notamment à ses baies vitrées rectangulaires. Naîtront de ces réflexions le point phare de la rénovation : trois arches créées pour démarquer respectivement l’entrée, la cuisine et la salle d’eau, sans pour autant cloisonner ces fonctions. Cette ouverture des espaces était indispensable aux yeux de Simon : « Je donne est et ouest, donc la lumière peut traverser l’appartement, ce qui n’était pas vraiment visible auparavant. Le couloir menant à la chambre était très fermé. Maintenant tout est ouvert et hyper lumineux ».

En effet, l’appartement ne possède dorénavant plus que deux portes, l’une destinée à fermer les toilettes, et l’autre, vitrée, servant à isoler phoniquement la partie nuit. Côté matériaux, Agathe et Simon jouent la carte de la cohérence, en choisissant de sublimer certains éléments d’origine. « On a poncé une poutre constructive laissée apparente dans le couloir, et fait un rappel en coulant trois marches en béton qui permettent d’accéder au balcon. L’idée était d’utiliser des matériaux qui ont du sens avec l’histoire du lieu et l’époque de construction de l’immeuble », explique Agathe. Le choix du mobilier ne fait pas exception, avec des éléments contemporains côtoyant des pièces chinées par Simon.

Simon, l’habitant des lieux, dans sa cuisine devant un rangement vert d’eau. Choisie par ses soins, cette teinte dynamise indéniablement la pièce tout en préservant son aspect lumineux.

Grandes baies et dernier étage offrent une luminosité et une vue de premier choix !

Un sas d’entrée a été créé en vue d’offrir davantage d’intimité à la pièce de vie, ainsi qu’une multitude de rangements à l’esthétique épurée.

Bien qu’ouvertes sur le séjour, l’entrée et la cuisine sont démarquées visuellement par des arches faisant la singularité et le charme de l’appartement, clin d’oeil aux formes organiques de Jacques Couëlle, architecte phare des années 70s. “On les a traitées avec une tranche arrondie et pas en angle droit pour garder un caractère un peu massif”.

Des luminaires de La Quincaillerie Moderne aux formes rondes ponctuent l’ensemble du projet. Agathe a accompagné Simon dans ses choix pour obtenir une esthétique post-moderne rendant hommage à la période de construction de l’immeuble.

Le sol de la cuisine, un béton coulé, déborde jusqu’à la salle à manger pour créer comme un tapis sous la table, en miroir de l’arche.

On admire la table à manger E2 signée Adam Wieland, choisie avec une touche d’orange, complémentaire du vert de la cuisine dans un clin d’oeil aux anciennes couleurs de l’appartement dans une version plus “sobre”, et dont les pieds chromés s’associent naturellement à ceux des chaises Breuer.

La cuisine est un véritable condensé de formes géométriques avec sa hotte en inox et ses poignées de façades rondes creusées dans la masse. Appliquée sur toute la hauteur, la crédence dépasse sa fonction utilitaire pour devenir un élément de décor à part entière.

Dans le salon, l’iconique fauteuil Wassily offre une assise confortable devant une bibliothèque troglodyte animée de formes orthogonales.

Une lampe conçue par des amis de Simon de chez Jaune Fabrique ajoute une jolie touche décorative tout en faisant office d’enceinte connectée.

En face, des marches coulées en béton permettent d’accéder à la terrasse surélevée.

Elles font directement écho à la poutre constructive qui traverse tout l’appartement. “On avait envie de faire apparaître plus de béton constructif, on a donc poncé plusieurs zones mais nous n’étions pas forcément satisfaits du rendu. Finalement, on a laissé uniquement une poutre apparente dans le couloir”.

On aperçoit non loin un interrupteur en céramique réalisé par un autre ami designer de Simon, Stéven Coëffic. “J’en ai mis à deux endroits stratégiques : le salon et les toilettes, pour que les gens puissent les voir. Tout le monde les remarque, ça apporte une touche un peu rétro qui est sympa.

Stéven Coëffic a également réalisé pour l’occasion une poignée de porte ondulée qui est à l’origine d’une collection, comme un lointain hommage aux formes organiques des maisons-paysages des années 70s. Celle-ci orne la porte vitrée habillée d’un cadre en bouleau. La chose qu’on essaie vraiment de mettre en avant dans nos projets, c’est la circulation de la lumière. Ici, la lumière provenant de la chambre arrive jusque dans le salon, et vice versa”. Une jolie façon de révéler le caractère traversant de l’appartement !

Le parti a été pris de créer des toilettes indépendantes de la salle d’eau donnant directement sur le couloir. Plus besoin de faire passer les invités par la chambre !

On retrouve ici l’esthétique qui caractérise l’appartement : du blanc et de l’épure, propices à mettre en valeur certains matériaux comme le béton appliqué au sol, en clin d’œil à la cuisine.

Donnant directement sur la chambre, la salle d’eau est accessible depuis une nouvelle ouverture en arche.

La chambre étant dotée d’une fenêtre bandeau occupant quasiment toute sa largeur, la salle d’eau bénéficie ainsi d’une belle lumière indirecte ! Dans le prolongement, un coffrage réalisé en BA13 fait office de tête de lit.

C’est l’occasion de disposer ses objets de prédilection afin de donner un caractère personnel à cet écrin minimaliste.

On revient à la salle d’eau, le regard étant inévitablement attiré par sa mise en abyme. On retrouve aux murs le carrelage 10 x 10 aperçu dans la cuisine, appliqué cette fois avec un joint bleu pour créer un effet miroir avec le sol.

Pour des questions de coût, on a voulu concentrer le budget sur la création des arches avec leurs bords arrondis, le béton coulé dans la cuisine et les sanitaires. Le choix d’un carrelage blanc brillant très simple, à la fois pour la cuisine et la salle d’eau nous a permis de réduire le budget sur ces surfaces qui peuvent vite être assez onéreuses”.

Côté douche, on a profité d’un renfoncement pour créer une niche destinée à accueillir les produits d’hygiène. Ce carré parmi les carrés résume bien le fil conducteur du projet : des formes géométriques simples, directement inspirées de l’architecture existante !

Les adresses “les yeux fermés” de Simon
 
Pour ses tomates farcies savoureuses : le restau Colchide propose une cuisine de tradition géorgienne à déguster dans une ambiance chaleureuse, en admirant les oeuvres d’art exposées aux murs. 97 Rue des Poissonniers, 75018 Paris
 
Pour sa sélection de bières artisanales : le Supercoin, un bar à bières décontracté propose également de délicieux sandwichs à savourer sur la terrasse aux beaux jours. 17 Rue Boinod, 75018 Paris
 
Pour son raffinement et sa carte de vins : Pantobaguette, comptoir culinaire et musical, réalise notamment de fameux pintxos d’influence asiatique. 16 Rue Eugène Sue, 75018 Paris

Photographies : Juan Jerez
Texte : Héloïse Rousseau

Réalisation : Agathe Marimbert