Alexis aime beaucoup le mot « curateur ». Il déplore d’ailleurs qu’il n’ait pas la même force en français qu’en anglais. « Il y a bien “curateur de musée”, mais bon… » Le terme correspond parfaitement au travail que le quadragénaire a réalisé pour ce lieu à mi-chemin entre l’appartement et la galerie d’art, chinant ça et là des pièces de designers ou d’architectes parfois rares, en faisant valoir sa fine expertise.
« Les hôtes de
l’appartement viennent, à
95 %, de l’étranger. »
Cet ancien directeur de création dans la publicité, qui a autant œuvré dans l’univers de l’industrie que celui de la mode, a toujours voué une passion au mobilier des années 1980. « Parce que, durant les années 1970, tout se ressemblait et que, à partir des années 1990, un basculement s’est opéré côté qualité, à cause de la mondialisation… » Lors de ses déplacements professionnels, il prêtait chaque fois attention aux petits détails dans les hôtels, pouvant contempler longuement un interrupteur, un assemblage de matériaux… « J’étais aussi fasciné, parfois, d’y trouver des pièces presque muséales, que l’on croisait d’ordinaire dans des galeries. »
Durant la crise sanitaire du Covid, lui vient l’idée de changer d’activité. Il se met à concevoir des lieux modulables louables, regroupés sous la bannière Haute Renommée Gallery, qui peuvent aussi bien faire office d’appartement, d’espace de coworking, de salle de réunion ou de showroom. « Cet ensemble de lieux forme ce que j’appelle un “hôtel éclaté”, dont les chambres seraient réparties un peu partout en France… »
À chaque fois, le maître d’ouvrage fait valoir une exigence de qualité impressionnante pour les matériaux. Témoins, ceux utilisés pour donner une nouvelle vie à cet appartement empilant trois niveaux de 25 mètres carrés, à deux pas du canal Saint-Martin, et qui fut jadis l’espace d’exposition des bronzes d’une célèbre famille de fondeurs. « Je ne voulais surtout pas de Placoplatre, élément non durable par excellence. Pas seulement au sens écologique du terme, mais aussi au sens purement pragmatique, en termes de durabilité dans le temps. Je préfère les matériaux bruts tels que la céramique, le métal ou le bois, utilisés ici. Comme pour l’alimentation, je pense que ce qui n’est pas transformé est meilleur ! »
« Ici, vous pouvez passer la
soirée à bouquiner installé
sur une chaise de collection
assez rare. »
La monochromie de blanc, de gris, de chrome, permet, par sa neutralité, de laisser les pièces de décoration s’exprimer. Les lignes droites des carreaux de céramique font songer à une feuille de papier quadrillée. « Je ne les ai pas seulement utilisées pour accentuer la verticalité, étirer l’espace… Vous allez me prendre pour un fou mais elles forment une trame sur laquelle on peut aligner stratégiquement les trésors de l’appartement. » Curateur un jour, curateur toujours !


