Orange, azur, rouge, vert sapin… On peut dire que Julien et Louis aiment les teintes chatoyantes. Et pour cause : dans leur 55 mètres carrés à quelques pas de la porte de Clignancourt, ces deux trentenaires ont relevé le défi de recréer un intérieur des années 1970-1980 – une époque où l’on aimait les couleurs !
Quand Julien et Louis se décident à acheter, en 2023, ils habitent ensemble à Lamarck, un quartier aisé. Louis est chirurgien-dentiste et Julien dirige la revue Griffé, qui raconte l’histoire de la mode à travers des maisons emblématiques, comme Margiela, Mugler, Kenzo… Le couple sait alors ce qu’il désire : lumière, espace, simplicité. « C’était hors de question d’habiter dans de l’haussmannien, explique Julien. Nous voulions sortir du bon goût parisien un peu ennuyeux. »
À la recherche d’un bien des années 1970-1980, Julien et Louis ne se doutent pas qu’ils trouveront leur nouveau foyer dès la deuxième visite. Et par hasard : « Nous étions au café, se rappelle Julien, nous avions trois heures à tuer entre deux appartements. J’ai vu une agence de l’autre côté de la rue, j’ai poussé la porte et nous sommes partis faire la visite au pied levé. »
Situé dans un quartier plus mixte et populaire, l’immeuble date de 1971 : un plan carré, six étages, de larges fenêtres, aucune perte d’espace, du pur standing seventies. L’appartement occupe un angle au quatrième étage. Tout est encore dans son jus, car il n’y a eu qu’une seule propriétaire. Il faut prévoir des travaux, mais le couple se projette déjà dans ce deux-pièces baigné de lumière et sans vis-à-vis – un point fort à Paris !
En entrant, Julien est frappé par un détail esthétique : les carreaux orangés qui décorent la cuisine. « Tout est parti de cette crédence d’époque, raconte-t-il. Elle vient du Portugal. J’en suis tombé littéralement amoureux pendant la visite. C’est à partir d’elle que le reste de l’appartement a été conçu. »
Ce sera donc ambiance Méditerranée des années 1970 pour la cuisine : plan de travail en bois, tommettes orange au sol, placards vert sapin avec maillage en osier, peinture terracotta pour les murs. « Je voulais quelque chose de tranché, dit Julien. Soit on aime, soit on n’aime pas. Mais pas de demi-mesure ! »
Pareil pour la salle d’eau : le couple est parti du lavabo pour créer un espace douche à l’italienne, séparé par un mur en briques de verre. Au sol, il a gardé les minuscules tommettes d’origine, aux tons vert-gris. Et au mur, un carrelage blanc mat signé Mutina complète le tableau.
Le salon, quant à lui, explose de couleurs : « Je me suis placé en opposition au minimalisme japonais et au style scandinave », précise Julien. Il y a d’abord la couleur
du bois : au sol en chêne répondent la table et les chaises, la commode, mais surtout la grande bibliothèque, qui occupe tout un pan de mur. Conçue sur mesure, elle abrite une splendide collection de revues de mode, ainsi qu’une télévision, camouflée sous deux plaques de métal.
Il y a ensuite les teintes chaudes des objets. Lampes, vases, chaises et tabourets, bibelots… Tous ont été chinés au gré des brocantes et des vide-greniers. Mais le clou du spectacle, ce sont sans doute les photographies : disséminées dans l’appartement, elles montrent ici un convoi funéraire en noir et blanc, là une famille japonaise, ou encore des images de fête à Paris, dans les années 1970, toujours. « Je collectionne les photos anciennes et les diapositives anonymes, indique Julien. J’ai 8 000 pièces environ. » De quoi faire rêver les nombreux amis que Julien et Louis aiment inviter à dîner.