Esprit pop et solaire dans 48 m² à Paris
L’appartement vintage d’Isabelle Soler. Isabelle Soler est originaire de Béziers mais si vous lui posez la question, elle vous répondra qu’elle est désormais plus parisienne que biterroise. Arrivée à Paris il y a 30 ans, j’y ai passé le plus clair de mon temps. Ancienne journaliste, elle a notamment collaboré pendant 20 ans avec un média francophone, TV5 Monde, où elle a enchaîné actualités, reportages à l’étranger, avant de devenir rédactrice en chef. J’ai beaucoup évolué et j’ai eu l’occasion de me réinventer plusieurs fois au cours de cette expérience. Mais quand un plan de départ volontaire s’est présenté, Isabelle n’a pas hésité. Je voulais une dernière aventure professionnelle, différente. Elle se lance alors dans le parcours de la reconversion. À force de rénover mes propres biens et de voir que ce que je faisais pouvait plaire autour de moi, je me suis dit que j’allais essayer d’en faire un métier. 10 mois plus tard, en juin 2021, la voilà diplômée en Architecture d’Intérieur. Maintenant le grand bain m’attend !
Mais Isabelle n’en est pas à son coup d’essai en matière d’architecture d’intérieur… En guise de terrain de jeu, elle a pu faire ses armes sur ses propres appartements. Son premier, un charmant 55 m² au 1er étage du côté d'Arts et Métiers mais qui s’est avéré trop sombre à la longue. Comprenant qu’elle ne s'habituerait jamais au manque de lumière, elle s'est mise en quête d’un nouvel appartement… en dernier étage cette fois-ci ! Ce qui nous amène à celui que nous allons visiter, acquis il y a environ 4 ans, au 6e étage d’un immeuble Place de la Bastille. Je me souviens, l’annonce est sortie un 1er janvier. J’ai appelé le 2 janvier et la personne me dit qu’en fait l’annonce avait été publiée par erreur, trop tôt. J’étais donc la première à le visiter ! Une aubaine. Une fois sur place, je constate qu’il y a beaucoup à faire mais il est très clair, très lumineux et à deux pas du père de mon fils. Et surtout, j’ai vu les fenêtres qui donnaient sur le Port de l’Arsenal, le Génie de la Bastille… C’est le coup de cœur. L’agent immobilier propose en prime de racheter les combles et un bout du couloir, permettant de créer une mezzanine pour y loger la chambre d’Isabelle. Banco ! Je voulais justement retrouver un bien à refaire, à rénover. J’ai d’abord fait appel à une amie architecte mais finalement cela ne me convenait pas. J’avais déjà une idée en tête de ce à quoi pourrait ressembler l’appartement et j’ai donc fini par dessiner moi-même les plans et j’ai ramené de la modernité, de l’esthétique.
Parmi les partis pris d’Isabelle, celui de créer une boite blanche, du mur au plafond, pour renforcer la sensation d’espace. Une sorte d’écrin où l’œil n’est arrêté par aucun obstacle au niveau de la structure. Pour dynamiser le tout, elle apporte des touches de couleur, plus pop, avec ici des galettes rouges, là un fauteuil Paulin jaune… Des pépites chinées pour la plupart ou trouvées dans la rue. Ça fait très longtemps que je chine. Je suis assez obsessionnelle des époques qui vont des années 50 à 70. Une addiction qui se ressent très rapidement quand on pénètre chez elle… Vous nous suivez ?
L’appartement réunit plusieurs anciennes chambres de service, on y accède par le 6ème et dernier étage, sans ascenseur ! Ça maintient en forme !
À l’entrée, une enfilade scandinave et son miroir nous permettent de vider nos poches. Chandelier Sostrene Grene.
Juste après, la cuisine. L’ancienne entrée faisait 10 m², or c’est une superficie qu’il faut absolument exploiter. Le prix du m² étant ce qu’il est à Paris, on ne peut plus se permettre d’avoir une pièce de 10 m² qui serve juste d’entrée. Je me suis dit que j’allais y mettre la cuisine, une cuisine élégante, avec un espace pour le petit-déjeuner. Isabelle et Joseph, son fils, se retrouvent ainsi le matin sur la table en verre shopée chez Sklum, toute en transparence.
Au mur, des étagères pour y déposer les objets de décoration que l’on souhaite avoir à portée d’oeil.
La cuisine, toute en long, intègre rangements et électroménager. Les modules de cuisine Pronorm viennent d’un cuisiniste allemand.
Au sol, dans (presque) tout l’appartement, un béton ciré dans les tons blancs, pour parfaire l’idée de la boîte blanche.
On se dirige vers l’ouverture au fond de la cuisine qui mène vers le salon.
On remarque immédiatement les trois fenêtres et la lumière qui en émane. La pièce est ensoleillée du matin au soir grâce aux nombreuses fenêtres. Mon perchoir est un privilège qui se mérite : 6 étages sans ascenseur !
La table à manger arrondie est entourée de chaises Eames vintage. Les coques sont d’origine, je les ai trouvées un jour en allant en bord de mer. Une personne vidait sa cave et les avait mises sur le trottoir pour la benne. Elles n’avaient plus les pieds mais je les ai quand même récupérées ! Puis j’ai réussi à retrouver des pieds La Fonda à Gand, ce sont les pieds d’origine de ces chaises.
Pour le reste du mobilier, un canapé années 70 chiné par Isabelle et fraîchement rehoussé avec le tissu Nobilis bouclette écru. A côté, le fauteuil Mushroom Pierre Paulin et une table basse en fibre de verre Marc Berthier. On comprend ici l’idée de l’écrin, pour accueillir les trouvailles vintage de la propriétaire.
Sophie, le chat, semble avoir trouvé sa place tout près du fauteuil, sur le tapis Simested Ikea, vintage lui aussi bien sûr !
Installé depuis le canapé, on profite de l’atout charme de l’appartement : une vue imprenable sur la place de la Bastille. C’est ce qui m’a fait acheter ! Être plein ciel, c’est quelque chose que je n’avais jamais vécu. À gauche, la colonne de Juillet et le Génie de la Bastille. À droite, l’opéra Bastille.
Pendant le confinement, je disais en rigolant que j’étais la confinée la plus bronzée de Paris car la fenêtre donnant sur l’opéra se trouve à l’est. Tous les matins, je prenais le soleil de 8h à 14h30. Et le soir, une fois éclairé, l’opéra devient un réceptacle de lumière. C’est très joli à voir.
Une fois l’effet de la vue passé, nous nous tournons dos aux fenêtres pour découvrir de nouvelles trouvailles d’Isabelle : deux appliques chinées dans le style de la maison Florart.
Et en-dessous, une enfilade design scandinave en teck avec ses portes tambour. C’est un modèle assez rare, à portes articulées.
Direction la chambre de Joseph. Ici, le fils d’Isabelle a su affirmer ses choix. Il ne voulait pas entendre parler de béton ciré, on a donc mis du parquet ! À l’entrée, une banquette trouvée dans la rue. C’est un petit meuble scandinave que j’ai ramené sur mon vélo. Je l’ai reverni et j’ai fait des coussins.
On trouve également un bureau chiné, le modèle Platone par Giancarlo Piretti, installé près de la fenêtre pour profiter de la lumière naturelle.
Quelques pas plus loin, la salle de bain, avec baignoire. Ce n’est pas négligeable d’avoir une grande fenêtre. J’ai mis un store banne pour donner un petit côté italien que j’aime bien. C’est une pièce agréable, on peut prendre un bain la fenêtre ouverte.
Vous pensiez en avoir fini avec les marches ? Encore un petit effort pour accéder à la chambre de la propriétaire… L’occasion d’admirer cet escalier en fonte façon Talon chiné et remonté de Lyon en pièces détachées.
Et nous voici dans les combles, entièrement rénovés. Comme dans tous les combles parisiens, il n’y avait aucune isolation ! Il a fallu tout isoler avec de la laine de roche. J’ai aussi eu l’autorisation de la copro pour recréer un 2e velux, ce qui en fait une pièce très agréable à vivre. C’est mon couchage plein ciel, où j’aime me monter un café à déguster au lit les jours off !
Les adresses “les yeux fermés” d’Isabelle :
Pour une bonne bouteille : Les Caprices de l’Instant avec Mathilde et Marie, mes fournisseures de bulles et vins. De bon conseil et boutique ouverte tard pour les apéros impromptus, 12 rue Jacques Cœur, 75004 Paris
Pour les provisions de la semaine : le marché du dimanche (et du jeudi) de Bastille. On y va pour l’ambiance, le poisson frais, les fleurs… Bref, l’incontournable du week-end. Y aller tôt de préférence, boulevard Richard-Lenoir, 75011 Paris
Pour une terrasse : la délicieuse placette tranquille de Chez Janou, l’institution du quartier Verlomme, 2 rue Roger Verlomme, 75003 Paris
Pour un bon cassoulet : mon péché mignon de l’hiver, chez l’Oulette, 38 rue des Tournelles, 75004 Paris
Pour une pause agréable : le petit café de Lomi sur la minuscule terrasse au soleil chez Yellow Tucan, 20 rue des Tournelles, 75004 Paris
Photographies : Fabienne Delafraye
Texte : Julie
Réalisation : Isabelle Soler et Atelier H4