Derrière une belle façade du XVIIIème siècle, une élégante cage d’escalier nous invite à monter… au dernier étage !
L'appartement sous les toits de Capucine et Louis.
Régulièrement, les prix du m² dans les grandes villes font la une des journaux. Au risque de décourager ceux qui se lancent dans la vie active de pouvoir s’y faire une place. Pourtant, avec de la jugeote et beaucoup d’huile de coude, tout reste possible. L’appartement familial que nous allons visiter en est la parfaite illustration. Spacieux et bien situé, il accueille aujourd’hui Capucine, Louis et leurs deux enfants.
Mais son histoire commence en Afrique du Sud. À la fin de ses études, Louis décroche un job de manager de projet informatique pour la banque et les assurances à Johannesburg. La destination plaît à Capucine et ils s’y installent. Cependant, après un an et quelques voyages dans la zone australe, Capucine, décoratrice de formation, ne parvient pas à trouver de travail. Il est temps de rentrer. Avec ses économies, Louis peut emprunter, mais pas de quoi viser Paris. Trop difficile quand on part de zéro.
Ils atterrissent à Marseille avec une idée précise en tête. C’est Capucine qui l’a soufflée : acheter quelques petits appartements qui restent sur le carreau, les retaper de fond en comble et les louer. Ce sont les débuts conjugués de la vogue marseillaise et des locations de courte durée. Ils s’en sentent capable car ils aident le frère de Capucine à retaper sa maison en Vendée tous les étés. Louis se chargera des travaux et Capucine de la déco. Leur business plan ficelé, ils convainquent un banquier de les suivre. Ils se lancent et appellent le frère de Capucine dès qu’ils tombent sur une difficulté. Le métier rentre : ils découvrent comment purger un appartement, abattre des cloisons, couler une dalle, appliquer les couches d’impression, gérer les approvisionnement, etc… Après un an de travail acharné, ils mettent 3 appartements en location et emménagent dans un quatrième.
Un an passe et Capucine a du mal à trouver du travail. Elle se dit qu’elle aura plus d’opportunités à Paris. Ils vendent leur appartement à Marseille et sont en mesure d’acheter un petit appartement rue Amelot, dans le 11ème. Biscornu et délaissé. Mais comme toujours, Capucine a l’œil et cerne le potentiel. Ils mettent à profit leurs compétences en rénovation, le décloisonnent, récupèrent les combles et le transforment en un charmant cocon. Pour deux. Quand pointe un premier enfant, il faut à nouveau bouger. Mais ils adorent le quartier. Ils trouvent le même type d’appartement du côté de la mairie du Xème. Décloisonnement, réfection à neuf, et emménagement. L’appartement est une réussite. Il est même publié dans Sloft. Quand arrive le deuxième enfant, il faut encore pousser les murs !
Et voici qu’ils arrivent dans l’appartement que nous visitons aujourd’hui. Situé à la frontière du 10ème et du 9ème arrondissement, juste à côté de l'église Saint-Vincent-de-Paul. Autant dire qu’il y avait du travail. Imaginez : un appartement fait de chambres de service mises bout à bout dans les années 70 et qui n’avait pas bougé depuis. Mais Louis et Capucine n’en sont plus à leur coup d’essai. A tel point que Louis en a fait son métier. Après l’informatique, il cherchait quelque chose de plus concret. Fort de son apprentissage sur le tas, il a fondé Costaud Rénovation, une entreprise générale 2.0 partenaire de Sloft Projets ! Bienvenue chez Capucine et Louis, les pros de la réno, avec une touche de déco !
Finalement, nous avons pris l’ascenseur, histoire de ne pas arriver en sueur ! Nous voici dans l’entrée-cuisine. Capucine et Louis ont pris le parti de séparer la cuisine du séjour pour des raisons esthétiques. Ce qui ne l’empêche pas d’être jolie, intégrée dans ce grand cube bleu qui concentre toutes les arrivées d’eau et les évacuations de l’appartement. De l’autre côté se trouve donc la salle de bain. Mais patience !
Le séjour dans son ensemble, avec au fond, la salle à manger dans le prolongement de la cuisine. À droite, au fond, on aperçoit le cube bleu dans sa profondeur avec la porte qui conduit aux WC et ensuite à la salle de bain. On découvre une ambiance chaleureuse entre poutres et vieux parquet faisant la part belle aux pièces de mobilier vintage.
La table de la salle à manger dans la longueur entourée d’une belle collection de chaises dépareillées. On dirait presque une table de chantier. Ce qui irait très bien aux deux propriétaires ! Il s’agit en fait du modèle iconique de la marque Tolix dans sa version très vintage chinée aux Puces. Au fond, au dessus de l’armoire, un généreux bouquet de fleurs séchées, dont Capucine s’est faite une spécialiste avec sa marque de décoration Mandarine & Capucine.
On retrouve le goût du vintage des occupants avec la vasque insérée dans un ancien bureau d’écolier et le miroir de barbier accroché au mur de gauche. La mosaïque de tesselles rondes nous évoque les années 70 et notamment le revêtement de certaines stations de RER ! L’ensemble est contrebalancé par le grand miroir rond très actuel.
Le salon dans toute sa longueur. La batterie de Velux dans la mansarde de gauche nous évoque immanquablement les sabords d’un vieux galion. Les poutres et le plancher font le reste. Il semble flotter au dessus de Paris, renfermant toutes les pièces chinées par ses propriétaires comme un trésor. Au plafond, comme des écoutilles, de grandes baies vitrées ajoutées par Capucine et Louis lors des travaux. Elles s’ouvrent et se ferment à volonté grâce à un appareillage électrique. Il a fallu bloquer la rue et l’intervention d’un camion grue pour les installer. La lumière, ça n’a pas de prix.
Derrière le célèbre Pumpkin de Pierre Paulin, une composition abstraite et onirique sous le ciel de Paris avec un tabouret Rose Tam Tam de chez Pols Potten et un tabouret Colonna de chez Kartell.
Au fond du salon, à l’orée du couloir, une étonnante composition prend place dans cette armoire grillagée. Elle nous entraîne dans quelque jungle reculée. Où s’aventureront les enfants sur leur bolide, dans une ambiance qui nous rappelle les films de Philippe de Broca. On remarque le parquet criblé de petites tâches noires. Ce sont les traces de rouille laissées par les clous qui ont maintenu pendant des décennies linoléums ou moquettes. L’effet texturé est très intéressant. On comprend pourquoi les propriétaires l’ont gardé.
Le couloir desservant les 3 chambres. Plus la 4ème, la chambre secrète. Vous allez voir. Le papier-peint qui l’habille vient de chez Mandarine & Capucine.
Photographies : Fabienne Delafraye, www.fabiennedelafraye.com
Texte : Jean Desportes
Réalisation : Costaud Rénovation