Un appartement familial de 60 m² pensé et réalisé par ses habitants
Bois, verrières et pièces design pour un espace unique. S’il y a bien une sensation qui caractérise l’appartement qu'ont refait Claire Escalon et Nicolas Lanno, architectes d’intérieur, designers et fondateurs de l’agence Premier Étage, c’est ce sentiment de voir "au travers".
Une idée de "sans limites" accompagne la découverte de cet appartement du quartier de Ménilmontant.
Le regard se pose et file à travers une profondeur de champ qui attise la curiosité et invite à aller voir plus loin. Autrefois le local d’une ancienne imprimerie, cet espace de vie pour quatre personnes est aujourd'hui un endroit à partager où une verrière centrale expose les chambres au salon et inversement. C’est culotté, mais c’est drôlement agréable à vivre.
À l’orée du salon, une chambre. Adossée à la cloison vitrée de la pièce principale, une tête de lit en batipin se dresse. Refuge parental qui gagne en intimité en déroulant des stores occultants. Le bois – le batipin -, les couleurs – des gris nuancés – filent d’une pièce à l’autre. Une pointe d’orange apparait, une couleur qui dans cet appartement, joue le fil d’ariane.
Architecte d’intérieur, mais également designer, Nicolas, le pendant masculin de ce duo, dessine et conçoit des micro-séries de mobilier. Ici un bout de canapé en liège, sur lequel vient prendre place la lampe Éclisse de chez Artemide.
Le duo d’architectes a pris le parti d’un mobilier sur mesure conçu en batipin. Cette matière vient aménager, ou plutôt “habiller comme un motif de papier peint”, dixit Claire, la plupart des espaces de rangement de l’appartement. On montre sans montrer. Dans cet espace ouvert, on a eu le souci de préserver quelques cachettes en multipliant les niches de rangement. Un bon exemple : cet étonnant support pour ustensiles de cuisine. Le tout, dans une sobriété proclamée.
D’un seul coup d’oeil, on embrasse tout l’espace. Pourtant quelques recoins demeurent. Sur un tabouret Pierre Chareau, une lampe, la Nesso de chez Artemide, qui ne joue en rien la dissimulation. Une nouvelle note d’orange qui poursuit l’intrigue.
L’espace cuisine/repas, spacieux et lumineux, est sans nul doute le point de convergence de cet espace de vie. Une autre essence de bois vient compléter l’usage du batipin : le chêne. On le retrouve sur les poignées de portes et le plan de travail. Au sommet de la pièce une suspension «structure» sortie tout droit de l’esprit de Nicolas Lanno.
Une carafe en terre cuite Eno de Normal Studio réchauffe la peinture taupe de la crédence par ce piquant ocre orangé et la courbure de l’effet plissé. L’élégance du pot à eau, mieux qu’une bouteille en plastique.
La règle de trois. Le premier est chiné, les deux autres sont signés Ionna Vautrin pour Moustache. Tout de blanc immaculé.
À l’image du reste des espaces, ici une nouvelle fois, la sobriété et la noblesse des matériaux priment. La cloison en batipin joue le recto/verso. Un plein en partie supérieure côté salon dissimule un espace de rangement côté salle de bain. Malin.
Un pilier, le pilier. Le seul marqueur de l’histoire des lieux, hérité de l’ancienne imprimerie, il a passé les années, labellisé 19e siècle.
Nouvelle pièce homemade, un fauteuil en batipin et son tissu de chez Kvadrat pour habiller l’assise et le dossier. Confort garanti.
Effet trompe l’oeil.
Un plan de travail de salle de bain qui joue le mimétisme avec la cuisine. L’ouverture supérieure communique directement avec le salon et confère à la pièce un niveau de luminosité XXL. En partie supérieure, les boîtes de rangement en carton recyclé de chez Merci jouent la surprise et la sobriété des matériaux. Ils en deviennent d’autant plus intéressants.
Coup de coeur.
L’esthétique de l’utilitaire ou la beauté des seaux de chez Raja. S’y cachent flacons de parfums, maquillage, pharmacie… À chacun sa boîte.
On retrouve dans la chambre des enfants les mêmes attributs qui font la singularité de cet espace de vie. Tant côté rangements, que lumières ou matériaux. Mais ce sont de toute évidence des ados qui occupent les lieux. Exit le coté sobre ou composé, ici c’est «pas touche» à mes affaires !
Un dressing qui se fait la malle. Dérobé au regard du visiteur; pour les usagers, le cintre reste à portée de main. Les chaussures quant à elles sont exposées à tous sur le banc à chaussures Valley de chez Nomess.
Orange traversant. Il est autant à l’intérieur que dans les parties communes. «Je n’avais même pas remarqué», note la propriétaire des lieux, le regard malicieux.
Photographies : Fabienne Delafraye
Texte : Emmanuelle Roule
Réalisation : Atelier Premier Étage, http://www.premieretage.com/