Imaginez une jeune femme, de dos, les cheveux au vent. Depuis un ponton qui donne sur une rivière, elle envoie des miettes de pain à une famille de cygnes. Derrière elle, on aperçoit un chalet blanc adorable, semblable à un cottage anglais. L’image semble tirée d’un tableau impressionniste, pourtant cette scène a bien eu lieu sous nos yeux, pendant notre reportage au chalet Olivet : une petite maison atypique située à quelques minutes de la ville d’Orléans. La jeune femme du ponton s’appelle Alice Moireau, elle est copropriétaire du lieu avec son frère. Les maisons ont toutes une histoire, mais la leur est particulièrement incroyable : le chalet a été construit en 1862 pour être présenté, plus de vingt-cinq ans plus tard, à l’Exposition universelle de Paris !
« Il faut imaginer cette
petite bâtisse, qui semble
extraite d’un dessin animé
de Walt Disney, à quelques
mètres de la tour Eiffel, en
1889. »
Fierté de la délégation suisse, elle devait illustrer les compétences du pays en matière de décoration et de construction en bois. Le chalet a ensuite connu un drôle de destin : il a été démonté, puis remonté à plus de
100 kilomètres de Paris, dans le Loiret ! L’habitation s’est fondue dans son nouveau paysage : un jardin bucolique envahi par les palmiers, la menthe et la verveine citronnée. Et très vite, son charme a opéré.
Au début du xxe siècle, « le lieu était très prisé des artistes et intellectuels », explique Alice Moireau. Et quelques décennies plus tard, l’attirance des créatifs pour le lieu s’est confirmée : la mère d’Alice, peintre de profession, a acheté la maison à deux étages pour en faire son atelier. Aujourd’hui, Alice a perdu sa maman mais son amour pour le chalet est intact. Elle a décidé d’en faire un lieu de vie, loué une partie de l’année à des vacanciers. La décoration permet « de jouer avec le dedans-dehors, et de rappeler les couleurs du jardin », explique-t-elle entre deux gorgées de tisane à la verveine. Pour le reste, le chalet est très blanc. Seuls de petits objets, chinés par Alice au fil des années, viennent perturber la couleur immaculée.
Ici tout est travaillé. Depuis le porte-savon jusqu’à la chaise longue en bambou qui orne la chambre du premier étage, la jeune entrepreneure a pensé chaque détail, et réfléchi aux contraintes de son habitation pour mieux les contourner.
Pour l’instant, elle ne passe que quelques week-ends par an dans son chalet, mais la jeune femme envisage, un jour, d’y habiter à nouveau, peut-être avec un enfant. La maison est un espace qui garde la mémoire du temps. Pour ce qui est de son chalet, Alice l’affirme avec conviction : « Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour gagner assez ma vie, et le garder. »


