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Le magazine des intérieurs urbains inspirants de 15 à 70 m²

51 m² magistralement mis en scène

Lever de rideaux rue Saint-Maur C'est au 4e étage d’un immeuble des années 1970, dans le Xe arrondissement, que Pauline Paradis a décidé de poser ses valises. De retour à Paris après cinq ans de vie à Hong Kong et de voyages en Asie, cette architecte d'intérieur, associée du studio Chayeb & Paradis, ne se laisse pas impressionner par l'ampleur des travaux. Aucun élément de l’existant n’était intéressant à conserver. Le duo d'architectes va donc se lancer dans une restructuration totale pour adapter l'espace aux goûts et besoins de Pauline.

Pauline aime recevoir, cuisiner, et ne passe que peu de temps dans sa chambre. Priorité est donc donnée à l'espace de vie, qui devra profiter des deux seules fenêtres, situées sur un même mur au bout du plan rectangulaire. Tout l'agencement est revu, hormis l'emplacement des W.-C. et les trois ouvertures du mur porteur traversant l'appartement dans sa largeur. Ces ouvertures permettent à la lumière naturelle d'éclairer l'entrée, la chambre et la salle d'eau, aveugles. “Les matins d’hiver, le soleil bas peut pénétrer jusque dans la douche, au fond de l’appartement”, se réjouit Pauline.

Côté fenêtres, la cloison qui séparait alors un salon et une chambre, étroite et tout en longueur, est abattue, créant un vaste espace lumineux de 35 m² dans lequel viennent s'intégrer la cuisine, le coin repas, le séjour et même un bureau.

La chambre prend place dans le petit espace autrefois dédié à la cuisine. “La grande ouverture entre la cuisine d’origine et le séjour nous a permis d'installer le coin nuit ici sans avoir à toucher au mur porteur, ce qui était un gros avantage, explique Pauline. Même si cette alcôve n'a pas de fenêtre à proprement parler, je peux profiter du point fort de l'appartement depuis mon lit ; les deux grandes fenêtres exposées sud-est, sans vis-à-vis, avec une vue dégagée sur le ciel, au-dessus des arbres ! Je ne regrette pas du tout ce choix d'une petite chambre semi-ouverte, facile à faire disparaître derrière l'épais rideau de velours."
Le couloir de l'entrée est élargi afin de pouvoir intégrer de nombreux placards, permettant de ne pas envahir la pièce de vie avec divers rangements. De l'autre côté du mur, la salle de douche perd en largeur mais gagne en longueur et en praticité.

Finalement, trois mois de travaux auront été nécessaires pour mener à bien toutes ces transformations. Mais le résultat vaut le coup d'œil ! Jugez-en par vous-mêmes…

Sarah Chayeb et Pauline Paradis, les deux associées (et amies !) de l’agence d’architecture d’intérieur et de design, Chayeb & Paradis.

L’entrée de l’immeuble, lumineuse et sobre. Les tons beiges des murs et du sol sont rehaussés par l’encadrement plus foncé de la porte d’entrée…

… et réchauffés par un parterre de plantes grasses qui semblent s’admirer dans le miroir !

Nous voici dans les lieux. Ici, l’entrée aux murs blancs immaculés, avec, à droite, les placards de rangement venus optimiser cette longue circulation. Les larges lames de parquet texturé dirigent irrésistiblement le regard vers la luminosité de la pièce de vie.

Cette pièce était autrefois divisée par une cloison. Elle retrouve aujourd’hui toute son ampleur et permet à Pauline d’accueillir ses amis dans un espace convivial et spacieux.

À droite, jeu de matières contrastées très graphique dans le coin cuisine, entre inox, meubles blancs et bois teinté dans un esprit loupe de noyer.

 

Suspension vintage par Claus Bonderup & Torsten Thorup, bouilloire japonaise Hario, presse-agrumes vintage Bugatti.

Afin de ne pas alourdir l’espace, une étagère toute simple survole la plus grande partie du plan de travail. Là, quelques souvenirs de voyage viennent égayer le blanc des murs.

La façade chaleureuse en bois teinté, discrètement rehaussée par des poignées argentées soigneusement choisies à la quincaillerie du boulevard Saint-Germain, cache le réfrigérateur-congélateur et une armoire de rangement.

Où que l’on se place, la magie graphique des choix de matières opère…

L’aspect massif de la grande table ancienne en Douglas, chinée, est twisté par le modernisme des chaises au design aérien et géométrique achetées à Hong Kong.

Près de la porte translucide en verre dépoli et bois teinté de la salle d’eau, un tenugui japonais. Utilisé autrefois comme serviette, bandana, parfois pour emballer un présent, ce carré de coton teint sert souvent aujourd’hui d’objet décoratif.

 

Sur la table, un mélange de tasses Serax, de verres dénichés en Palestine ou chinés sur Selency, et un autre en verre soufflé de la Maison Dar Dar, dans le XVIIIe, “trouvaille de mon associée et amie, Sarah“.

Dans la salle d’eau toute de carrelage kaki brillant vêtue, la lumière du jour crée des effets de matière variant au fil des heures. Au fond, une grande douche occupe toute la largeur de la pièce.

Miroirs et bois teinté pour le long plan vasque.

Derrière le rideau argenté, une petite buanderie est dissimulée.

Sur la bibliothèque en verre, aérienne, se mêlent livres d’archi et de cuisine, objets “rapportés de voyage, chinés ou hérités de mes grands-parents“, dans des styles et matières variés.

Les stores californiens permettent de filtrer la juste quantité de lumière suivant l’heure du jour.

Face à la fenêtre, ce fauteuil vert d’eau Ikea vintage marbré de rais de lumière et recouvert d’un tenugui est une invitation à la méditation !

Demi-tour vers le coin salon. La verticalité du radiateur blanc Hudson Reed au mur fait écho à celle des stores. Rien n’a été laissé au hasard…

 

Canapé Cinna vintage et “lampe du bureau de mon grand-père“.

La majorité du mobilier, comme ces fauteuils en tissu violet façon Arne Jacobsen, a été chiné en brocante, sur Selency ou Le Bon Coin, avec une prédilection pour les seventies.

Ce nichoir en haut du mur accueillerait-il un oiseau bien familier ? Non bien sûr, cette boîte abrite simplement le vidéo-projecteur !

Vue vers les trois ouvertures d’origine dans le mur porteur central de l’appartement. À gauche la salle d’eau, au centre le couloir d’entrée, et à droite la chambre. Les passages de portes, traités en bois teinté contrastant avec le blanc des murs, encadrent les pièces tels des représentations de scènes de vie.

Le coin bureau reprend la thématique des lignes épurées et du bois teinté, avec la touche “campagne” de la chaise paillée. “Sur la lampe en loupe d’orme de mon père, j’ai bricolé un abat-jour avec une feuille de bambou tressé achetée à Hong Kong. J’ai remporté l’applique Nobi de Fontana Arte aux enchères après l’avoir découverte dans la scénographie italienne d’un charmant musée de Lecce.

Cachée derrière de lourds rideaux de velours, la chambre peut être isolée ou s’ouvrir sur le séjour et laisser entrer la lumière.

Moquette soyeuse, velours moiré, jeté de lit façon léopard… un petit côté très théâtral pour cette alcôve, vous ne trouvez pas ?

La moquette kaki au sol remonte sur le mur et fait office de tête de lit. “Les appliques, chinées dans une brocante du Sud-Ouest lors d’un séjour à la Villa Magnan, me font penser à une suspension de Gaetano Sciolari.

Retour vers le couloir immaculé…

Baisser de rideau, le spectacle est fini ! Il est temps de quitter les lieux…

Les adresses « les yeux fermés » de Pauline :
 
Pour acheter en direct aux producteurs : Le Court Circuit et sa sélection de produits artisanaux savoureux. 205, rue Saint-Maur, 75011 Paris.
 
Pour me rappeler mon long séjour en Asie : Panda Panda, un restaurant proposant une cuisine hongkongaise traditionnelle, dont de délicieux wontons (raviolis)… et une longue terrasse où lézarder l’été. 21, rue Juliette Dodu, 75010 Paris.
 
Pour s’inspirer : le siège du PCF, œuvre de l’architecte brésilien Oscar Niemeyer. J’y ai piqué l’idée de la moquette au mur ! 2, place du Colonel-Fabien, 75019 Paris.

Photographies : Juan Jerez
Texte : Edwige Nicot

Réalisation : Chayeb & Paradis