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Sonia Poli, l’illustration en liberté

Des visuels pour faire rêver. Sonia Poli suit sa voix intérieure. Toujours. Elle roule d’abord sa bosse entre l’Angleterre et la France pour se former aux techniques de la communication visuelle. Parce que ça l’intéresse. Et aussi l’illustration. Parce que ça lui plaît. Ensuite, elle fait ses armes dans le monde de la communication. Pour être autonome. Mais il y a comme un manque. Qui prend de plus en plus de place. Celui d’une pratique plus concrète et 100% artistique. Alors Sonia quitte la com’. Et s’installe aux ateliers Jouret à Roubaix. Un collectif d’artistes rassemblé dans une ancienne friche textile. Ça la stimule. Elle s’y sent bien. 

Sonia part souvent d’une idée, d’une réflexion, d’un mot et puis ensuite elle travaille à réaliser un visuel qui la fasse rêver. Pour y arriver, elle peut passer beaucoup de temps à réfléchir à son exécution, sa composition. Elle ne fait pas de dessins préparatoires, elle n’a pas de carnet de recherches. Quand elle se lance dans la réalisation, elle sait exactement ce qu’elle va faire et comment. Ce n’est plus l’heure des questions et des expérimentations, tout est dans sa tête. Et si ça ne fonctionne pas du premier coup, alors elle passe à autre chose. Ce n’était peut-être pas une bonne idée. Peut-être y reviendra-t-elle plus tard. Dans quelques jours, dans quelques mois, ou pas. Selon ce que lui dira sa voix intérieure. 

Découvrez 2 réalisations de Sonia Poli
La fresque « Le parc s’anime », quartier du Pile, Roubaix   Cette fresque murale s’étend sur plusieurs habitations abandonnées du quartier du Pile à Roubaix. C’est un quartier d’ouvriers, comme il y en a beaucoup ici, qui fait l’objet d’un réaménagement du territoire afin d’alléger sa densité. Ainsi, la fresque annonce la construction d’un parc, imaginé et pensé en collaboration avec les habitants lors d’ateliers de travail. D’où cette opulence de végétation très colorée. Le parc se veut être un lieu de rencontre, de jeu et de culture. La fresque est donc amenée à disparaître, car les maisons en question vont être détruites pour laisser place au parc. Année de réalisation : 2017 Client : La Fabrique des quartiers
Série de linogravures pour la Galerie L’illu – Lille J’ai réalisé une série de linogravures pour la galerie L’illu à Lille, qui illustre des mots de la langue des signes. Je voulais mettre en scène des mots simples, qui parlent à tout le monde, comme « bonjour » ou « amour ». Cette série est le premier projet concret réalisé dans cette technique, la première fois que j’utilisais une presse. J’ai mis deux jours pour faire 5 tirages satisfaisants ! Je suis vraiment contente du résultat, et surtout, c’est une étape importante dans ma vie artistique et professionnelle. Année de réalisation : 2018 Client : La Galerie L’illu
SONIA POLI PORTRAIT COULEUR

L’illustratrice Sonia Poli

L’interview compacte 
 
Sloft Magazine : quel a été le déclic pour te lancer ?
Il n’y a pas vraiment de surprise dans mon parcours, je fais les choses selon mes envies, sans trop me poser de questions. Je voulais être graphiste, j’ai fait des études de graphisme. J’aimais l’illustration, je me suis spécialisée dans ce domaine. En 2013, je travaillais dans un petit studio de communication à Lille, je m’y plaisais beaucoup, mais j’avais le sentiment de passer à côté de quelque chose, je voulais faire plus d’illustration, sortir mon nez de l’ordinateur et revenir à des techniques traditionnelles. Alors, je me suis mise à mon compte. Aujourd’hui, je ne fais quasiment plus de graphisme, sauf si les projets me plaisent vraiment. Je me consacre entièrement à la gravure sur linoléum et sur gomme, en explorant un peu plus cette technique à chaque nouveau projet. J’ai l’impression que c’est sans fin, j’adore.
 
Sloft Magazine : quelle est ta singularité ?
Ce qui m’anime, c’est de raconter une histoire. J’aime quand il y a un sens, une projection, un sentiment d’évasion. J’ai envie qu’on se sente bien quand on regarde mon travail, détendu.
 
Sloft Magazine : quelle serait ton habitation idéale ?
J’ai toujours eu le sentiment que je pouvais être bien partout.
 
L’auto question de Sonia Poli : es-tu devenue la femme que tu rêvais d’être ? 
Enfant, même plus tard à l’adolescence, je voulais voyager et être indépendante. J’ai un peu voyagé, pas trop, mais j’ai encore le temps d’en voir plus si je le souhaite, et je suis indépendante. Donc j’y suis presque, je suis sur la bonne voie !
Le CV
 
Sonia Poli 
Après mon BTS en communications visuelles, j’ai fait une année en Erasmus à Birmingham, en Angleterre. J’ai tellement aimé vivre là-bas que j’y suis restée 5 ans ! J’adore cette langue, elle est très imagée, malléable et inventive. J’ai fait un Master illustrations de livres pour enfants à Cambridge. À moins d’une heure de Londres, j’y allais souvent pour voir des expos, me balader, découvrir les différents quartiers…
 
Quand je suis rentrée en France, j’ai proposé des projets à des éditeurs jeunesse, mais je n’ai pas eu de retour, alors je suis revenue à mes premières amours et ai trouvé un boulot de graphiste dans une boîte de com. J’y ai fait beaucoup d’événementiel, c’était très sympa. J’ai fait mon expérience dans des petites structures, ce qui m’a permis d’être autonome et versatile. Aujourd’hui, je suis installée aux Ateliers Jouret, à Roubaix, c’est un collectif d’une quarantaine d’artistes. Ce lieu est très riche. Côtoyer des peintres et des sculpteurs au quotidien est une vraie source d’inspiration et de renouvellement.

Photographies : Sonia Poli
Texte : Jacques