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Quand le sport s’impose en ville

Résilience, adaptabilité et… âpres négociations
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Ce dossier est issu de Sloft Édition 06

 

Quand on s’imagine pratiquer une activité physique, a fortiori dans un objectif de santé, viennent immédiatement des images de grand air, de footing en forêt ou en bord de mer.

Rarement l’idée d’aller faire son entraînement en plein centre-ville… En effet, à cause du coût du mètre carré, le sport institutionnalisé, dans les grandes métropoles, est le plus souvent relégué aux confins des cités. Mais c’est sous-estimer le besoin viscéral de mouvement du corps humain : car même s’il n’est pas toujours le bienvenu, le sport réussit toujours à s’immiscer dans la vie citadine. Une victoire possible grâce à trois maîtres-mots : résilience, adaptabilité et parfois aussi, il faut le dire, âpres négociations.
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LES STADES, DU CŒUR DES VILLES À LEUR PÉRIPHÉRIE

 

Rome, fin du Ier siècle après J.-C. En plein cœur de la cité, sur les ruines du Champ de Mars détruit par un incendie, l’empereur Domitien fait construire un stade immense, d’une capacité de 30 000 places et à la façade imposante, qu’il souhaite consacrer aux compétitions athlétiques grecques telles que la course, le saut ou le lancer de disque. Une décision politique que, comme le souligne l’architecte Dimitri Roussel (lire aussi notre entretien ci-après), l’on n’imagine plus aujourd’hui. « Dans l’Antiquité, le sport avait une place centrale dans les villes. Le Colisée, les thermes de Caracalla… Aujourd’hui, ces grands équipements publics en sont sortis, il n’y a qu’à voir le Stade de France ! » observe le fondateur de l’agence Dream. Un constat malheureusement valable à la fois pour le sport spectacle et pour la pratique institutionnalisée du sport telle qu’elle est organisée depuis les années 1960. Retour plus de soixante ans en arrière, car, à l’origine de la politique sportive en France, il y a d’abord un échec cuisant. Jeux olympiques de Londres, 1958 : les athlètes français ne rapportent que cinq médailles, dont aucune en or, provoquant l’ire du général de Gaulle. « [La France] doit aussi rayonner par ses sportifs », sermonne-t-il alors. C’est le début d’un vaste programme de démocratisation du sport, dont la figure de proue est le gymnase multisport. De 1961 à 1975, 4 000 gymnases, 1 500 piscines et 8 000 terrains de sport sont bâtis, le plus souvent en périphérie des villes, à cause de la pression financière. Pourtant, « le sport a une grande résilience, et s’invite dans la ville malgré elle, par la petite porte », pointe Dimitri Roussel. Un constat partagé par le sociologue Thomas Riffaud : « On sous-estime le nombre de personnes qui font du sport dans l’espace public, car les gens ne fréquentent pas que les équipements. Pour des raisons de praticité, de non-conformité des équipements, ou encore, en ce qui concerne le public féminin, parce que ces équipements sont monopolisés par les hommes, beaucoup de sportifs et sportives préfèrent s’exercer dans la rue. »

 

« Le sport a une

grande résilience

et s’invite dans

la ville malgré elle,

par la petite porte. »

 

Photographie : La nef du CENTQUATRE-PARIS © Quentin CHEVRIER