Ils courent les rues, les enfants, dans les photos de Robert Doisneau. Agiles, complices, débrouillards, débordants de vie, ils escaladent des fontaines, font le poirier sur les murs, partent acheter tout seuls du lait ou une baguette de pain. Ils sont chez eux dans la cité et incarnent une enfance joyeuse et libre. Des scènes que l’on n’imagine plus aujourd’hui. Alors comment faire pour que, de nouveau, la ville s’adapte aux plus petits, et donc, par ricochet, à tous ? Et pourquoi est-ce si important ?
« Pour mesurer la place des enfants dans l’espace public, il y a un indicateur intéressant », estime la responsable de mission Anne-Dominique Israel, qui travaille sur les villes à hauteur d’enfant pour le réseau des Ceméa [Centres d’entraînement aux méthodes d’éducation active, N.D.L.R.].« C’est l’âge à partir duquel ils sont autorisés à faire des trajets tout seuls, comme aller à la boulangerie ou à l’école. Cette “mobilité indépendante”, comme on l’appelle, est essentielle pour l’épanouissement des enfants. » Une analyse partagée par le chercheur en psychologie Francesco Tonucci. Dans son essai La Ville des enfants, il souligne que « sortir de chez soi, parcourir les rues tout seul, se repérer dans son environnement, est une dimension importante du développement à la fois social et cognitif de l’enfant ». Le chercheur italien préconise 6 ans comme âge à partir duquel un enfant devrait aller seul à l’école, mais les chiffres rapportés par l’Unicef dans une étude publiée en 2021 en sont loin : dans les villes de plus de 100 000 habitants, seuls 3 % des enfants de primaire vont à l’école de façon autonome.
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