PARIS PEUT MIEUX FAIRE
Pour accueillir les Jeux paralympiques, Paris a dû se mettre au travail. En 2022, une étude menée par le site money.co.uk sur l’accessibilité dans les vingt villes les plus visitées au monde plaçait la capitale en septième position, derrière Dublin, Amsterdam ou New York. En cause : son réseau de transports, notamment ferré, largement inadapté. Une seule ligne de métro, la 14, est entièrement accessible aux personnes en situation de handicap moteur; et bien que l’ensemble des lignes soit accessible aux personnes avec un handicap mental, auditif ou cognitif, rares sont celles qui s’y aventurent. Grâce à l’organisation des Jeux paralympiques, la ville a accéléré l’accessibilité du réseau de bus et de tramway, désormais en capacité d’accueillir tous les publics. « Quand la rampe du bus fonctionne, ce qui n’est pas toujours le cas », soupire Agathe Barrois, atteinte d’une maladie génétique qui l’oblige à rester dans un lourd fauteuil électrique. Pour chaque déplacement, l’étudiante à l’École normale supérieure a appris à s’armer de patience. La rapidité du métro est un rêve lointain. Il faut éviter les heures de pointe où son fauteuil n’a pas sa place, sans compter les incivilités quotidiennes. « Il m’est déjà arrivé d’avoir un inconnu sur les genoux ! », se souvient-elle encore. Si les transports en commun ne sont pas accessibles, il en est de même pour les commerces de proximité et certains bâtiments municipaux, comme les écoles. Le moindre déplacement se transforme vite en parcours du combattant où l’improvisation n’a pas sa place. « Tout doit être programmé, vous n’avez droit à aucune spontanéité », regrette Nicolas Mérille, conseiller national au sein de l’association APF France Handicap. L’accueil des Jeux paralympiques a néanmoins permis certains aménagements durables, reconnaît-il, comme « la flotte de 1 000 taxis accessibles et la construction de 3 000 logements dans le village olympique, qui seront intégrés au parc social et privé ». Autre chantier accéléré par la présence des Jeux à Paris, la création de dix-sept quartiers « d’accessibilité augmentée », permettant à toute personne, quelle que soit sa situation, de se déplacer facilement et d’avoir accès aux services municipaux de son quartier. Encore peu connu des habitants, ce projet va bénéficier aux 7 % de la population francilienne en situation de handicap. Mais pour les douze millions de personnes handicapées réparties sur le reste du territoire, il faudra sans doute encore attendre, alors même que l’État s’apprête à fêter cinquante ans d’action publique sur le sujet en janvier 2025.
Photographie : Paris 2024 / Isabelle Harsin




























