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L’escalier multifonction, bien plus qu’une circulation

Comment faire rimer esthétique et fonctionnalité
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Ils cumulent les bénéfices du beau et de l’optimal, concentrés en quelques marches. Ils ne se contentent plus d’être fonctionnels : les escaliers se font aussi statutaires. Trop longtemps négligés, les escaliers ont récemment vu leur cote de popularité grimper en flèche. À mi-chemin entre manifeste design et statement piece, ils permettent de voir haut et grand, boostent et redéfinissent les volumes dans lesquels ils s’inscrivent sans fausse modestie… Généreux, ils intègrent aussi leur lot de solutions astucieuses et pratiques : aujourd'hui, on y range, classe, ou dissimule.

 

Si leur démocratisation a permis de démultiplier les surfaces habitables et de prôner l’élévation, leur sous-face se fait fort d’intégrer chauffe-eau, dressing, bibliothèque… et de résoudre dans le même temps une équation complexe : celle du gain de place dans les espaces compacts. Pour l'architecte Quentin Leclère, cette (r)évolution, également sociologique, ne tient pas du hasard : « La pression immobilière de ces dix dernières années a généré un regain d’intérêt pour cet élément structurel, explique-t-il. Le moindre mètre carré coûtant une fortune, plus personne ne peut se permettre de gaspiller de la surface. On va au contraire essayer de la rationaliser par tous les moyens, voire de l’agrandir – ne serait-ce que visuellement. D’où la mise en valeur de l’escalier dans bon nombre de micro-espaces urbains. »

 

Ainsi, l’escalier devient synonyme de gain de place en hauteur : combles aménageables, belle hauteur sous plafond pour une mezzanine ou récupération d’une chambre de service, rien ne se fait sans lui. La volée de marches privative, concomitante avec l’envolée des prix, s’impose désormais avec panache. Colorée, décomplexée, hardie, elle ne se fond plus dans le décor mais « pimpe » au contraire son environnement, jusqu’à devenir emblème de notre époque… Intégration dans nos foyers également facilitée par l’évolution des matériaux et des prouesses techniques. « On a peu de mètres carrés, mais on a des idées » : adapté à notre ère et à ses contraintes, le célèbre slogan né pendant la crise pétrolière des années 1970 trouve ici une nouvelle résonance.

 

Quelques conseils pour le faire vôtre :

  • Attribuez-lui les fonctions adaptées : si l’escalier d'aujourd'hui multiplie les fonctionnalités, il convient néanmoins de « cadrer » son rôle. Privilégiez un grand dressing, une bibliothèque suffisamment large ou un espace buanderie caché à un combo malheureux et hétéroclite qui ne génèrerait que frustration finalement.

  • Investissez dans des matériaux de qualité : plaqué chêne, bois massif, peinture haut de gamme ou béton coulé sur place sont à envisager avec soin, voire à discuter avec un pro du design intérieur. Gardez en tête qu’à l’inverse d’un meuble, qu’on peut facilement remplacer, l’escalier est un élément conçu pour durer dans le temps… et qui apportera même une potentielle plus-value à votre bien immobilier.

  • Soignez les finitions : cette pièce sculpturale ne tolère ni raccords hasardeux, ni câbles électriques apparents, ni portes bancales. Mieux vaut éviter l’effet bricolage. Un design au cordeau permettra au module de se fondre dans son cadre et le rendra forcément chic.

  • Accordez une attention particulière à ses aménagements intérieurs : éclairages, interrupteurs, circuits d’eau judicieusement placés et atteignables sont aussi les garants d’un ouvrage beau et sûr.

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L’avis de l’architecte : Lume Architectes

(de gauche à droite : Guillaume, Quentin et Julie)

 

Un escalier peut-il supporter tous les aménagements ?

 

Oui, sans problème. Son emmarchement permet de lui adjoindre nombre de fonctionnalités. Les Japonais, spécialistes des micro-maisons et pour qui la rationalisation de l’espace est essentielle, lui associent quantité d’usages : bureau, assise, rangement… Notre conseil, c’est de rester modeste dans cette exploitation, de ne pas le surcharger. Quand c’est le cas, il devient trop envahissant, trop « lourd ».

 

Quelles sont les précautions à prendre quand on décide de lui adjoindre un lave-linge, une cave à vin, un réfrigérateur… ?

 

Il faut tenir compte de la place nécessaire pour qu’on puisse les intégrer et les retirer facilement, mais aussi vérifier que l’espace dans lequel ils s’inscrivent est suffisamment ventilé, afin que l’air circule et éviter ainsi tout problème d’humidité. La cave à vin, c’est un aménagement malin qui combine esthétique et pratique ! Le motif répétitif des bouteilles, souvent éclairées par l’arrière, donne quelque chose de très beau visuellement.

 

Un garde-corps est-il nécessaire ?

 

Dans un logement privé, le propriétaire occupant peut décider de s’en affranchir. Mais ça peut être un risque

– il faut le garder en tête. Si on fait appel à un architecte, il a, en tant que professionnel, le droit de refuser de concevoir un escalier non conforme à la réglementation… Dans le cas contraire, en cas d’accident, sa responsabilité pourrait être engagée.

 

Faut-il impérativement faire appel à un architecte et à un ingénieur structure pour l’aménagement d’un escalier chez soi ?

 

La théorie le demande. Et nous le recommandons ! L’architecte va positionner judicieusement l’ensemble, proposer un dessin unique et adapté au logement, rationaliser ses dimensions, y associer des usages. Le bureau d’études structure va vérifier la capacité de la structure existante à accueillir un tel ouvrage, dimensionner et placer les renforts nécessaires à sa mise en œuvre. Dans un immeuble, l’obtention de l’accord de la copropriété est nécessaire avant d’engager ce type de travaux – et cela se fait le plus souvent à l’appui d’une étude d’un architecte et d’un ingénieur. Quels que soient les acteurs à qui on confie la conception et l’exécution du projet, il faut s’assurer qu’ils sont couverts par une garantie décennale. Y compris l’entreprise en charge des travaux.

 

Quels éléments faut-il garder en tête quand on envisage de faire installer un escalier multifonction ?

 

Les dimensions des marches, à faire calculer par un professionnel, pour que la foulée soit confortable. Il n’y a pas de matériaux contre-indiqués pour sa réalisation. Tout dépend du budget dont on dispose… Il faut simplement s’assurer que ceux qu’on utilise soient suffisamment résistants pour supporter le poids d’une personne sur un nombre de trajets et d’années importants. Nous apprécions beaucoup le bois et le métal qui permettent de nombreux aménagements. Enfin, il faut tenir compte de sa géométrie : un escalier à volées droites, ou en demi-volées avec palier intermédiaire, va permettre d’intégrer plus simplement des fonctions qu’un escalier hélicoïdal, qui a l’avantage d’occuper beaucoup moins de place au sol mais propose moins de possibilités en termes d’intégration d’autres usages. Un escalier, à la base, c’est un paradoxe ! Le gain de place qu’il permet passe d’abord par la perte que constitue son encombrement. Il faut l’accepter… Réduire trop sa taille, c’est perdre en confort d’utilisation et fonctionnalités.

 

L’environnement dans lequel l’escalier s’inscrit est donc essentiel ?

 

Oui. Car au-delà de ses fonctions associées, un escalier permet d’agrandir visuellement un espace – c’est aussi le cas du projet VRN [à découvrir plus bas]. On a l’impression que la pièce dans laquelle il est enchâssé fait 5 mètres carrés de plus, le vis-à-vis proche le semble beaucoup moins : le vide qu’il constitue dégage la vue. Dans ce cas précis, son autre fonctionnalité, c’est d’agrandir le champ entre les deux étages du duplex, de laisser passer la lumière… Comme une fenêtre supplémentaire !