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Le magazine des intérieurs urbains inspirants de 15 à 70 m²

La boutique Maison Gabriel

Une loge de théâtre où l'homme élégant se met en scène. Si l'on se fie à la description que l'on trouve sur son site internet, Maison Gabriel est un vestiaire où se côtoient le sur-mesure et le prêt-à-porter. Mais en réalité, c'est bien plus que cela. Maison Gabriel c'est d'abord un patron, l'élégant, étonnant et charismatique Cyril, dont nous faisons un portrait en fin d'article. C'est ensuite une ambiance inimitable, un espace feutré et un peu excentrique où l'agencement et la décoration du contenant sont aussi importants que le contenu.

Le cadre est posé et il correspond parfaitement à ce que l'on peut trouver dans cet endroit particulier. Des vêtements pour homme, prêt à porter de marques anglaises, italiennes ou françaises, de la mesure et des accessoires. Un vestiaire complet pour l'élégant, l'averti ou le profane.

Si Cyril a un oeil pour le tombé d'épaule de la veste, l'ouverture du col de chemise ou la hauteur du revers du pantalon, il en a un autre pour la décoration. Le moins que l'on puisse dire c'est qu'il a mis les deux au service de sa boutique. Ici, pas de meubles standards ou de portants génériques. Tout est chiné, dépareillé, détourné de sa fonction initiale ou tout simplement fabriqué par le maître des lieux. Maison Gabriel, c'est donc une expérience pour les hommes élégants, sensibles aux atmosphères qui parlent de style.

A votre tour d'y entrer pour jeter un oeil. Et d'en sortir en faisant travailler vos bras !

Cyril vous accueille avec son bras droit et fidèle acolyte Romain chez Maison Gabriel au 26 rue du Mont Thabor, 75001 Paris

 
Devanture de la boutique

C’est au 26 de la rue du Mont Thabor, derrière une jolie devanture d’époque, que se niche la Maison Gabriel.

Master

L’espace est organisé en deux lieux. Au premier plan, autour de la grande table centrale sur laquelle sont posés quelques coupons de tissus et le mètre du tailleur, les vêtements. Au fond, après les poutrelles métalliques style Eiffel, l’espace scène : c’est là que se font les essayages !

Le fauteuil jaune

Le canapé capitonné jaune, chiné avec l’aide de undouzeavril, contribue à l’ambiance « boudoir » du lieu. C’est là que patiente confortablement les accompagnateurs du client quand il fait ses essayages derrière le rideau. La veste suspendue au triptyque en bois réalisé par Martin Blanchard est taillée dans un tissu d’ameublement. Le détournement, c’est chic !

Le miroir

Un fauteuil crapaud en velours vert également chiné avec l’aide de undouzeavril. Au mur, une tête de taureau en paille détournée de sa fonction purement décorative et qui accueille désormais une écharpe et un chapeau.

Le grand portant

L’éclairage des grands portants est assuré par une série de suspensions fabriquées par Cyril. Une grosse ampoule, une douille cuivrée et un joli fil électrique blanc.

Le petit portant

Idée déco : le portant simplement suspendu par deux ficelles. Efficace et parfaitement raccord avec l’ambiance boisée de la boutique avec sa charpente métallique repeinte en vert forêt, typique de l’immeuble fin 19ème qui l’abrite.

Les cravates
La chaise en bois

Une atmosphère presque back to school  avec la cravate club, le porte manteau d’écolier et la chaise en bois. L’homme élégant soigne sa mise dès la petite section !

Les parapluies

Accessoire de saison, les parapluies de la maison italiennes Francesco Maglia.

Le chapeau

L’élégance surannée d’un chapeau du faiseur américain Nick Fouquet, nonchalamment posé sur une chaise qui a bien vécue !

La silhouette

La silhouette de l’hiver choisie par Cyril : Une veste croisée de chez De Petrillo, avec une cravate et une pochette de chez Drake’s et une chemise Maison Gabriel.

Le portrait de Cyril - Maison Gabriel
Interview de Cyril, le fondateur de Maison Gabriel :
 
Sloft Magazine : Peux-tu nous parler de ton parcours ?
Cyril : J’ai commencé par du théâtre, très jeune, juste après la troisième. D’abord dans un cours privé, le Studio 34 et ensuite au Conservatoire d’Arts Dramatiques de Paris. Et jusqu’à 22 ans, j’ai couru les castings, enchaîné les petits rôles et fait de la figuration. Un jour l’armée s’est rappelée à mon bon souvenir et je suis parti faire mon service militaire au Service Cinématographique des Armées à Ivry sur Seine. C’est après l’armée que les choses se sont un peu accélérées. J’étais vendeur à la femme chez Agnès B quand j’ai appris que la marque Côté Bastide cherchait quelqu’un pour tenir leur future boutique parisienne d’antiquité. J’ai été pris et j’ai commencé ma vie d’antiquaire. D’abord salarié chez Côté Bastide puis à mon compte avec un associé. C’est comme cela que j’ai découvert le bois, les meubles, le design… Un jour tout cela s’est arrêté, nous avons du rendre les locaux que l’on occupait, alors je suis parti voyager. Tout un périple autour du monde pendant plusieurs mois. Notamment en Inde où je me suis occupé de toute la décoration d’un ancien palais de Maharadjah reconverti en hôtel ! Et enfin le retour à Paris. Le hasard a fait qu’alors que j’achetais une bague de fiançailles rue du Mont Thabor j’ai vu que la boutique Eglé Bespoke cherchait un vendeur. J’avais besoin d’un job – et de stabilité 🙂 – j’ai sauté sur l’occasion ! J’ai passé 4 ans dans cette boutique pour homme qui faisait un peu de prêt à porter et beaucoup de mesure. J’ai appris le métier et j’ai développé mon oeil. Un jour les propriétaires ont voulu vendre alors j’ai sauté sur l’occasion, et me voilà !
 
Sloft Magazine : D’où vient le nom « Maison Gabriel ?
Cyril : Après le rachat, je n’avais pas du tout l’intention de rebaptiser la boutique. Le nom était connu et c’était très bien comme cela. C’est un dégât des eaux qui m’a convaincu ! Le sol de la boutique était à l’époque recouvert d’une épaisse moquette noire. Après la petite inondation, on a soulevé cette moquette et on a découvert le magnifique parquet en bois qui se trouvait dessous. Ce parquet donnait une toute autre dimension à l’espace. Je me suis dit qu’il était temps de changer, de faire évoluer cet endroit. S’en sont suivis des centaines de brainstorming qui bien entendu n’ont rien donné. Et un jour le prénom Gabriel s’est imposé tout seul, comme ça. Gabriel(le) Chanel, Gaby d’Alain Bashung, l’ange Gabriel… Que des bonnes ondes !
 
Sloft Magazine : La décoration et l’agencement sont un des éléments importants de ta boutique, comment les as tu pensés ?
Cyril : L’espace Maison Gabriel est pensé comme un boudoir. L’ambiance est intimiste, feutrée mais accueillante et un peu foutraque. Et puis j’y ai imprimé ma personne. J’ai été comédien, antiquaire, décorateur ! Ca se voit je pense. Les meubles sont pour la plupart chinés et ont été détournés de leur destination première. La grande table au centre par exemple est une table de drapier, il y a des chaises d’écoliers ou un fauteuil crapaud dont la place serait plutôt dans un salon Second Empire ! Les murs sont tendus de tissus d’ameublement notamment de chez Pierre Frey qui vient d’ailleurs faire ses costumes ici. Nos clients font leurs essayages au fond de la boutique sur un espace pensé un peu comme une scène de théâtre avec un grand rideau qui tombe du plafond. Ils suspendent leurs vêtements sur un triptyque en bois clair réalisé par le designer Martin Blanchard.
 
Sloft Magazine : Quelle est ta liste de Noël ?
Cyril : Une veste croisée de la maison napolitaine De Petrillo, une cravate tricotée et une pochette en soie aux motifs colorés de chez le faiseur anglais Drake’s, une chemise de chez Maison Gabriel et pour la pluie – ou l’allure ! – un parapluie Francesco Maglia !
 
 

Photographies : Fabienne Delafraye
Texte : Grégoire