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Salut Pantin ! 65 m² en double hauteur

L'appartement comme une maison d'Hugo et Hortense « Avant, on était dans le 11e, à Philippe- Auguste, dans un appart sympa de 40 m2 avec balcon filant, mais plein nord. On avait envie de plus grand et d’acheter. On allait de temps en temps se balader le long du canal de l’Ourcq. Mais on cherchait plutôt dans Paris, dans le quart nord-est, 19e, 20e. Et puis assez vite on s’est rendu compte que la surface qu’on cherchait n’était pas compatible avec notre budget. On s’est un peu éloignés, en première couronne. On n’était pas fermé. Et cet appart, c’est la première visite qu’on a faite. Et on a flashé. »

Voilà comment on décale légèrement son centre de gravité pour s’amarrer fermement à ce territoire, le Grand Paris, qui n’en finit pas de s’étendre et de repousser ses frontières. « Au début je flippais un peu, explique Hugo. On a une vie dynamique à Paris, nos bars… J’avais peur d’avoir la flemme de sortir le soir. Mais le métro est juste là. Et finalement, je fais beaucoup de vélo. Ça me rajoute 5 minutes de trajet, pas plus. Et question qualité de vie, je n’ai rien à dire. C’est pareil. »

Hugo travaille dans le 2e et il continue à fréquenter ses endroits préférés à Gambetta ou République. Le changement serait plutôt à chercher du côté de ses amis qui, après avoir découvert Pantin à travers son appartement, commencent aussi à s’installer dans les environs. Leur centre de gravité commun se déplace peu à peu vers la première couronne !

« On est à Pantin, côté Quatre Chemins, à la frontière d’Aubervilliers. On est à 600 mètres du périph, au-dessus du parc de la Villette. C’est un quartier en mutation, très mixte, il y a des tours de logement social, une mosquée comorienne, une église, des lofts… Des immeubles des années 30 avec de la modénature en brique, d’autres des années 70, des hangars industriels… C’est une architecture de faubourgs mais qui a une qualité. Des bars cool commencent à ouvrir, il y a la Cité Fertile… Du côté des ateliers Hermès, le quartier a bougé il y a plutôt 10 ans, avec pas mal de commerces coopératifs, de marchés. Bien sûr il y a un côté gentrification, mais douce, ça se fait petit à petit, ça apporte de la diversité. Quatre Chemins, dès que tu y arrives, c’est une autre ville. Ça traîne, ça vend des clopes… J’ai grandi rue Ramey dans le 18e. Je ne faisais pas gaffe. Mes parents disent que ça ressemble au Barbès des années 90. Mais dès que tu t’éloignes un peu, il y a le nouveau Pantin. »

Hugo MAFFRE, architecte et co-fondateur de l’agence Parages.

Dans l’entrée, au pied de la cage d’escalier de cet immeuble typique de l’architecture faubourienne du début du XXe siècle, le vélo d’Hugo.

Une fois la porte d’entrée fermée, on profite des quelques patères fixées dans le mur de briques pour un vestiaire plein de vie. Ici on est directement dans la cuisine.

La cuisine dans la longueur, avec au sol les tomettes d’origine qui s’accordent très bien avec l’ambiance à la fois authentique et contemporaine de l’appartement.

Juste au-dessus des étagères, les suspensions fabriquées maison sont composées d’un abat-jour en béton blanc coulé, d’un câble blanc et d’une potence en acier soudé laissé brut.

Depuis la cuisine, nous découvrons un vaste volume baigné de lumière. « Cet appart était sur un niveau, avec des combles desservis par une échelle. On a tout de suite imaginé une double hauteur, un truc un peu cool, hyper ouvert. »

Depuis la salle à manger, la vue vers le salon.

Dans le salon qui tranche avec la pièce de vie, l’appareillage décoratif typiquement parisien, tout comme le mur de couleur, confèrent à la pièce une atmosphère chaleureuse et douillette. L’étagère faite maison est composée de tiges filetées en acier et de planches de chêne massif.

Dans l’angle, un superbe fauteuil Barcelona par Mies Van der Rohe dialogue avec un lampadaire anonyme des années 70 récupéré.

Incontestablement la pièce maîtresse de l’appartement : l’escalier-bibliothèque-bureau. Les artisans ont monté l’escalier à cinq. Il pèse 400 kg, fiché dans le mur à la cheville chimique. Un grand limon en acier fait toute la longueur. Pour faire les marches, ils ont soudé des tubes d’acier qui sont ensuite pris en sandwich entre trois couches de contreplaqué.

« On a mis un peu de temps à dessiner l’escalier-bibliothèque-bureau avec Hortense. Garde-corps ou pas ? Comment fixer les marches sans voir les fixations ? C’était une histoire de dessin mais aussi de travail structurel pour l’entreprise en charge de sa réalisation. On s’est pas mal pris la tête ! »

La vue vers le palier avec l’arrivée de l’escalier où se prolonge la bibliothèque toute hauteur du séjour.

« Pour le haut, on a fait un grand espace. On a mis la circulation dans l’axe de la faîtière. Comme ça, on peut traverser en marchant debout, ce qui est bien. »

Face à l’escalier, le bureau et au fond de l’espace, la chambre. Toutes les cloisons qui bouchent les rampants habituellement ont été enlevées. « En termes de sensation visuelle, c’est énorme. On n’a pas du tout l’impression d’être cloisonné. »

« Avec son lit bas, la chambre procure une impression de confort décontracté. On a exploité tous les rampants pour y caler rangements, lit ou bureau, tout ce qui ne nécessite pas de se tenir debout. »

Le chevet sous une poutre de charpente. En l’espèce, une chaise d’écolier ! À droite, un coffrage sert d’étagère.

Juste à gauche du lit, une étonnante lampe-table de chevet faite maison équipée d’un abat-jour en béton coulé. Au fond, la salle de bains et d’autres rangements. On retrouve le Batipin pour les portes.

Derrière la porte, la salle de bains se dévoile avec sa robe élégante et graphique de carreaux vert d’eau 5 x 5 de chez CE.SI., gamme Edera. Ils sont complétés d’un carrelage en sections rectangulaires d’un vert plus dense.

La baignoire sous la pente du toit, avec son élégante robinetterie noire.

« Et voici Merlu, le chat de la maison ! »

Les adresses « les yeux fermés » d’Hugo et Hortense :
 
Pour manger un (bon) morceau : Auberkitchen, 20 rue Lécuyer — 93300 Aubervilliers
 
Pour s’évader dans un lieu inspirant hors du temps : La Cité Fertile, 14 avenue Édouard-Vaillant — 93500 Pantin
 
Pour acheter une bonne bouteille : Aux vins vivants, 80 avenue du Général-Leclerc — 93500 Pantin

Photographies : Fabienne Delafraye
Texte : Jean Desportes

Réalisation : Parages Architectes