Nina Chardin de My Green Cocoon nous explique comment conjuguer écologie, esthétique et technicité.
Lors d’une rénovation, le choix des revêtements muraux, de sol ou encore de plan de travail n'est pas qu'une affaire d'esthétisme. Si l'on n'y prend pas garde, ces matériaux peuvent avoir des conséquences tant écologiques que sanitaires. En effet, ces derniers peuvent émettre des Composés Organiques Volatils (COV), parmi lesquels du formaldéhyde cancérogène, et ce pendant des années après leur pose. Par ailleurs, au moment de choisir des revêtements, on oublie parfois qu’au-delà de leur aspect, ils ont un rôle à jouer dans notre ressenti de confort intérieur, tant thermique, qu’acoustique. Pour peu qu’on se sente mal dans notre chez-nous nouvellement rénové, nous aurons envie d’en changer rapidement. Bonjour le gaspillage. De même, s’ils sont sélectionnés inadaptés à l’usage, ils s'abîmeront plus rapidement, alors qu’il est préférable de garder nos revêtements actuels le plus longtemps possible.
Qu’il s’agisse de matériaux issus du réemploi, de matériaux actuels produits de façon plus durable, de matériaux traditionnels remis au goût du jour, ou de néo-matériaux qui recyclent nos déchets, nous disposons désormais d’une multitude de solutions écologiques et saines pour nos intérieurs qui comportent, de surcroît, des atouts techniques intéressants.
Si les antiquaires de matériaux existent depuis longtemps, le recours à des matériaux modernes issus du réemploi se démocratise. Certains acteurs s’emploient à déconstruire plutôt que démolir et proposent à la vente, parfois pour des sommes modiques, des revêtements de sol, de mur, des portes, des lavabos… Le tout est audité au préalable et vendu assuré. L’autre avantage, c’est l’aspect sain du réemploi : un maximum de COV auront déjà été rejetés.
Au sein des matériaux actuels, certains prennent le chemin d’une fabrication plus écologique. Quelques exemples :
- On trouve des parquets massifs composés de bois régionaux issus de forêts gérées durablement, transformés localement et protégés avec des produits naturels
- Côté peinture, en plus d’être fabriquées en France, certaines sont désormais biosourcées et sans Composés Organiques Volatils (COV) ou presque (attention à celles qui se disent dépolluantes)
- Les papier-peints renouent avec un support intissé sur lequel on imprime avec des encres à l’eau sans solvants
- On crée du béton ciré sans ciment et sans émanations toxiques
À noter qu’une fabrication plus écologique rend les matériaux plus sains pour l’air de nos intérieurs, et donc pour notre santé. Par contre, l’inverse n’est pas toujours vraie.
Longtemps catégorisés de ringards, d’autres se modernisent pour revenir sur le devant de la scène avec des finitions modernes et des imitations bluffantes (parquet, carreaux de ciment, carrelage…). Parmi lesquels :
- Les revêtements en liège, qui constituent une ressource abondante au Portugal et dont l’extraction est respectueuse de l’arbre. Ils sont quant à eux isolant thermique, acoustique et vibratoire, et résistant à l’eau
- Longtemps boudé, le linoléum dont la composition est naturelle, fait également son grand retour avec des couleurs modernes. S’il est idéal dans les lieux de passage comme un couloir, par contre, celui-ci n’aime pas l’eau (à éviter en cuisine, salle de bain, wc)
Certains
matériaux ancestraux font leur grand retour. En quête de local et de bon sens, leur vernacularité et leurs atouts techniques s’imposent naturellement. De surcroît, leur esthétisme brut renoue peu à peu avec les codes actuels. Quelques exemples :
- Les enduits terre sont composés de ressources régionales et bénéficient de propriétés contribuant au confort thermique. Parmi lesquelles : hygrothermie (régule l’humidité ambiante), bonne inertie thermique (contribue à l’isolation thermique), acoustique (absorbe et atténue le bruit)
- Les tomettes en terre-cuite non émaillée reviennent également au goût du jour. Qu’on les dégote issues du réemploi ou qu’on les achète fabriquées en France avec de l’argile locale, elles partagent des propriétés similaires aux enduits terre
Enfin de nombreux
néo-matériaux à l’esthétique actuelle ne cessent de nous surprendre. Pour la plupart, ils recyclent localement des ressources destinées au rebut. Face à la montagne de déchets plastiques, plusieurs marques de panneaux de plastique recyclé ont vu le jour en France comme
Le Pavé ou l'
Atelier Rehab. Certains recyclent des chutes de bois comme
Foresso en Angleterre. D’autres proposent une alternative au carrelage en recyclant des sédiments marins bretons comme
Gwilen ou de la porcelaine, du verre… comme
Wasterial. Quand
pierreplume s’emploie à recycler du textile en panneau acoustique
À savoir :
- Une rénovation menée avec la volonté d’utiliser des matériaux écologiques doit nécessairement essayer de conserver les matériaux existants en leur donnant une seconde vie (un parquet poncé et huilé, un carrelage dont on change les joints, …)
- Pour identifier ces matériaux éco-responsables parmi ceux qui ne le sont pas, il faut s’informer pour savoir ce qui se cache derrière les labels, questionner les fabricants… Le greenwashing (c’est quand une marque utilise des arguments prétendument verts pour nous faire croire qu’elle est éco-responsable alors qu’elle ne l’est pas) est très présent
- Il y a des matériaux plus respectueux de la planète que d’autres (par exemple, un bois a moins d’impact qu’un métal, un bois local est plus écolo qu’un bois exotique). Mais c’est aussi ce qu’on en fait qui rend son utilisation durable ou non (par exemple utiliser un revêtement de sol inadapté à l’usage qui se détériorerait rapidement, ou en quantité plus importante que nécessaire…)
- Il existe de nombreuses façons de remplacer un matériau non écologique ou non pertinent techniquement par une solution à l’esthétique similaire tout en étant plus durable et plus adaptée.
Passage en revue de réalisations inspirantes :